Le 28 juillet, devant les patrons du Medef, Emmanuel Macron lâchait à propos de la Gauche : « Elle a pu croire à un moment que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. C’était des fausses idées ». Applaudi par son auditoire, le ministre de l’Économie a aussitôt été critiqué dans son parti (même s’il n’en a plus la carte depuis 2009) pour avoir « remis en cause les 35 heures ». Ce dont se défend Emmanuel Macron, qui, semblait-il, évoquait le « rapport de la Gauche au travail ».
Pendant ce temps, de l’autre côté au Nord de la Garonne, les militants du PS devisaient sur l’avenir de leur parti. Le mot d’ordre, « Agir en commun », flottait au dessus des estrades de l’université d’été de La Rochelle comme pour conjurer les dissensions toujours présentes entre frondeurs et réformateurs.
Réformer, oui, mais avec l’esprit d’équipe
Certains essaient pourtant de voir plus loin. « L’action de François Hollande va se faire sentir dans les prochains mois sur le plan social et économique. Les sondages sont meilleurs », soutient Sébastien Fauconnet, conseiller fédéral charentais. « L’heure est maintenant à se forger notre vision pour 2017 ».
Mais quelle vision ? Les questions sociales en suspens qui ont rythmé les débats socialistes naguère ne sont plus d’actualité. Le débat des migrants ou le travail contre les discriminations sont bien moindres en cette seconde moitié du quinquennat de François Hollande. S’il reste un consensus formé autour de la COP21, sujet qui dominera la fin d’année, les regards à gauche se tournent principalement vers l’orientation économique du gouvernement.
Et quand on parle d’économie, la « petite phrase » d’Emmanuel Macron a beau agacer les ténors du PS, celle-ci révèle un tournant libéral qui s’est voulu concret avec la loi portant son nom. « Les petites phrases font mal à la vie publique », a rappelé Manuel Valls, recadrant aussitôt son ministre. Car pour autant, les « fausses idées » évoquées par le locataire de Bercy rappellent une autre envolée du Premier ministre en février. « Les Français attendent que le gouvernement agisse et ne perde pas de temps dans des débats stériles », lançait-il alors pour défendre la loi Macron.
Auprès des Français, la popularité du ministre ne cesse de croître. « Lors de son entrée dans notre panel en août dernier, 42 % des Français ne le connaissaient pas. Depuis, Emmanuel Macron a gagné une trentaine de points de notoriété qui se sont plutôt répercutés sur les bonnes opinions », explique Frédéric Dabi, directeur à l’Ifop. Un score rare pour un homme politique de gauche et un atout précieux pour François Hollande. « Son énergie, sa volonté, sa créativité, sa capacité à sortir des sentiers battus font de lui un élément d’innovation dans le gouvernement », indique le député PS Olivier Faure.
Les dissensions du parti ne semblent pas perturber l’exécutif
Dans un climat de division, la campagne des régionales de décembre s’annonce difficile pour le parti à la rose, qui prévoit d’ores et déjà un raz de marée bleu. Faut-il voir dans la politique actuelle une stratégie de François Hollande ? D’après Jean Petaux, directeur de recherche à Sciences Po Bordeaux, le lien entre François Hollande et le parti qu’il représente est plus que ténu.
La raison : l’exercice du pouvoir en France ne peut s’assimiler à une logique de parti, pour prendre les intérêts du pays en première considération. C’est ce qui a expliqué le virage ouvertement social-démocrate du PS et le début de la fronde des conservateurs attachés aux valeurs partisanes.
Les relations d’interdépendances au sein du PS sont donc un jeu subtil. Manuel Valls avait besoin du soutien de l’appareil politique du PS pour s’imposer sur la scène publique et mener à bien sa politique de réforme. S’il veut poursuivre la reconquête de son électorat, le parti à la rose a besoin des bons résultats économiques, et donc des retombées de la loi Macron. Aujourd’hui, au PS, l’exercice politique navigue loin des débats partisans.
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