Les électeurs de la République turque de Chypre-Nord (RTCN) votaient dimanche lors de législatives anticipées, au terme d’une campagne dominée par la crise économique qui frappe cette république autoproclamée reconnue uniquement par Ankara.
« Les gens dépriment car le coût de la vie est trop élevé. J’espère que ceux qui seront élus œuvreront efficacement au parlement pour le bien du peuple », a déclaré à l’AFP Dervis Dizliklioglu, retraité de 72 ans, un des 204.000 électeurs appelés aux urnes sur ce territoire sous perfusion turque qui occupe le tiers nord de l’île méditerranéenne.
L’inflation ayant dépassé 46% sur un an
La chute de la livre turque, qui a vu sa valeur fondre de 44% face au dollar en 2021, s’est traduite en RTCN par une spectaculaire flambée des prix, l’inflation ayant dépassé 46% sur un an en décembre.
Les Chypriotes-turcs ont jusqu’à 18H00 (16H00 GMT) pour élire 50 députés au scrutin proportionnel. Des résultats provisoires sont attendus au plus tard lundi.
« La campagne électorale n’a pas suscité autant d’énergie et d’enthousiasme que lors des précédentes élections à Chypre-Nord, les citoyens étant surtout préoccupés par leur santé, leur sécurité et leurs conditions de vie », ont jugé les politologues Ahmet Sözen et Devrim Sahin dans une note publiée par le groupe de réflexion italien ISPI.
Les Chypriotes-turcs vivent au Nord
Lors de la présidentielle de 2020 en RTCN remportée de peu par le nationaliste Ersin Tatar, proche allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, face au sortant Mustafa Akinci, partisan d’une réunification de l’île sous la forme d’un Etat fédéral, M. Erdogan avait été accusé d’ingérence.
Pour le scrutin de dimanche, « la Turquie n’aura pas besoin de jouer un rôle actif pour changer le cours de cette élection », jugent les deux politologues.
Selon des sondages, le Parti de l’unité nationale (UBP, droite nationaliste), favorable à une solution à deux Etats, devrait conserver son rang de première force politique au Parlement de Chypre-Nord, où elle occupe 21 sièges, devant le Parti turc républicain (CTP, gauche), favorable à un règlement avec les Chypriotes-grecs.
Le débat sur la résolution du conflit chypriote n’a pas émergé lors de la campagne, mais une partie des forces de gauche partisanes d’une solution fédérale ont appelé à boycotter le scrutin, le parti de Chypre unifié (BKP) estimant notamment que « rien ne changera » tant que la communauté chypriote-turque ne sera pas « libérée du joug d’Ankara ».
Les Chypriotes-grecs vivent au Sud
Depuis l’invasion du nord de Chypre par l’armée turque en 1974 en réaction à un coup d’Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher l’île méditerranéenne à la Grèce, la République de Chypre, membre de l’UE depuis 2004, est divisée en deux. Le gouvernement chypriote n’exerce son autorité que sur la partie sud de l’île, habitée en majorité par des Chypriotes-grecs.
La partie nord, où vivent principalement des Chypriotes-turcs et colons turcs, a été autoproclamée République turque de Chypre-Nord en 1983, et ses autorités ne sont reconnues que par Ankara.
Les négociations sur un règlement du conflit sont au point mort depuis 2017. En avril 2021, une tentative de relance des pourparlers organisée par l’ONU, qui contrôle une zone tampon entre les deux parties de l’île, s’est soldée par un échec.
En 2004, un plan de l’ONU destiné à réunifier l’île avait été soumis à référendum. Approuvé à près de 65% par les Chypriotes-turcs, l’accord avait été rejeté à plus de 75% par les Chypriotes-grecs au Sud.
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