Les chiffres de l’emploi aux États-Unis ont été lourdement pénalisés par les grèves et les ouragans en octobre, ce qui pourrait peser sur le camp démocrate à quatre jours d’une élection présidentielle particulièrement serrée, malgré un taux de chômage resté stable à 4,1%.
En octobre, 12.000 emplois seulement ont été créés, le plus faible nombre depuis décembre 2020, a annoncé vendredi par le département du Travail. C’est bien moins qu’attendu puisque les analystes tablaient sur 110.000, selon le consensus de Market Watch. Ces chiffres particulièrement faibles sont publiés à quatre jours d’un duel particulièrement tendu et serré entre Kamala Harris et Donald Trump.
Le camp républicain a pointé du doigt un rapport sur l’emploi qui est « une catastrophe et révèle définitivement à quel point Kamala Harris a brisé notre économie », a réagi dans un communiqué Karoline Leavitt, attachée de presse de la campagne de Donald Trump. « Les familles de travailleurs sont escroquées par le programme économique de Harris-Biden. Kamala a brisé l’économie. Le président Trump va régler ce problème », a-t-elle ajouté.
L’emploi salarié perturbé
L’emploi, cependant, a largement souffert le mois dernier de l’effet cumulé des deux ouragans Hélène et Milton fin septembre et début octobre, qui ont provoqué d’importants dégâts et plus de 200 décès aux États-Unis, et de plusieurs fronts de grèves.
Le président Joe Biden a lui assuré dans un communiqué que « la croissance de l’emploi devrait rebondir en novembre à mesure que nos efforts de reprise et de reconstruction se poursuivent après les ouragans ». Le camp démocrate peine à convaincre les électeurs de leurs bons résultats en matière d’économie, ceux-ci étant occultés par plusieurs années d’inflation et de taux d’intérêts élevés.
Même le rêve américain d’acquérir un pavillon est aujourd’hui hors de portée pour de nombreuses jeunes familles. « Il est probable que les estimations de l’emploi salarié dans certains secteurs aient été perturbées par les ouragans », détaille le département du Travail dans son communiqué.
Aubrey Anderson, PDG de l’entreprise de loisirs fluviaux Zen Tubing, en Caroline du Nord, a expliqué à l’AFP que les très importants dégâts causés par l’ouragan Hélène à son commerce la contraindront sans doute à rester fermé en 2025. Elle ne devrait donc embaucher au printemps et à l’été prochains, que la moitié des 100 personnes qu’elle recrute habituellement à cette période.
En outre, « l’emploi a diminué dans le secteur manufacturier en raison des grèves », précise le ministère. La principale touche l’avionneur Boeing depuis le 13 septembre. Le mouvement pourrait s’achever la semaine prochaine, le syndicat soutenant l’offre améliorée de la direction, avant un vote lundi. Grévistes, mais aussi personnes au chômage technique, sont comptabilisées aux États-Unis comme étant sans emploi.
« Attendre le prochain rapport »
Les créations d’emplois d’août et septembre ont par ailleurs été révisées à la baisse, d’un total de 112.000 emplois finalement non créés. « Il faudra attendre le prochain rapport avant de conclure quoi que ce soit sur un changement radical de l’économie », avertissent Carl Weinberg et Rubeela Farooqi, chefs économistes pour High Frequency Economics.
Ces chiffres montrent aussi « un marché du travail toujours en croissance mais qui ralentit, et où la croissance est de plus en plus étroitement concentrée », relève Julia Pollak, cheffe économiste pour le site d’annonces d’emploi ZipRecruiter.
Lydia Boussour, cheffe économiste pour EY, n’anticipe cependant pas de repli du marché du travail à court terme, « à en juger par le nombre de licenciements encore historiquement bas et par la gestion plus stratégique de la main d’œuvre par les entreprises ». Les chiffres de l’emploi seront également scrutés à la loupe par la banque centrale américaine, la Fed, qui jongle avec les taux pour faire baisser l’inflation sans provoquer de flambée du chômage.
Elle se réunit mercredi et jeudi, au lendemain de l’élection, et pourrait annoncer une nouvelle baisse de ses taux d’un quart de point de pourcentage. « Il y a des raisons de croire que le marché du travail rebondira à mesure que les coûts d’emprunt diminueront et que les entreprises investiront plus facilement », selon Julia Pollak. Mais « pas partout en même temps », prévient-elle : « Les secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme la finance et la technologie, pourraient en ressentir le coup de pouce en premier. »
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