OPINIONS

Les agriculteurs néerlandais protestent contre des politiques qui les mèneront à la faillite et entraîneront des pénuries alimentaires mondiales

juillet 11, 2022 20:35, Last Updated: juillet 12, 2022 21:16
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Les agriculteurs néerlandais protestent contre de nouvelles politiques environnementales qui, selon eux, les obligeront à tuer leur bétail et les mèneront à la faillite. Certains assurent que ces politiques feront également grimper le prix des denrées à la consommation et contribueront à une crise alimentaire mondiale.

La nouvelle politique néerlandaise découle d’une décision de justice de 2019 selon laquelle la pollution par l’azote aux Pays‑Bas « devra être réduite de 70 à 80% ».

Mais comme le rapporte Dutch News :

« La stratégie du gouvernement visant à adopter une approche régionale de la question entraînera des problèmes majeurs dans certaines parties de Gelderland et de Noord‑Brabant, où l’élevage est concentré et où un certain nombre d’habitats vulnérables sont gravement touchés. »

« Pour respecter les nouvelles règles, la quantité d’élevage devra être réduite de manière drastique, ce qui signifie que certains agriculteurs seront obligés de vendre et de cesser leurs activités. »

Selon un récent article de la journaliste Kim Iversen, « les agriculteurs des zones les plus réglementées seront globalement mis en faillite ».

Selon elle, les agriculteurs qui n’accepteront pas « volontairement » la proposition du gouvernement pourront voir leurs terres saisies purement et simplement.

« Avec le dernier cycle de renforcement des réglementations, le gouvernement néerlandais a annoncé d’autres accords de rachat de plusieurs milliards de dollars, mais a également déclaré qu’il expropriera les terres des agriculteurs qui ne s’y conformeront pas. Ils prendront leurs terres. »

Mme Iversen cite Henk Staghouwer, le ministre néerlandais de l’Agriculture, de la nature et de la qualité alimentaire : « Dans cette approche, tous les agriculteurs n’ont pas forcément d’avenir. »

M. Staghouwer a proposé d’entamer des négociations avec les agriculteurs, précise Kim Iversen, « mais uniquement à condition que les participants condamnent les manifestations » en réaction aux nouvelles politiques.

Mais, les protestations ne se sont pas calmées.

Les agriculteurs protestataires ont pulvérisé du fumier sur une mairie locale et déversé un camion de fumier devant le domicile de la ministre néerlandaise de la Nature et de l’Azote. Certains agriculteurs ont même amené leurs vaches pour manifester devant le Parlement néerlandais.

D’autres ont immobilisés des routes et des autoroutes, provoquant des « embouteillages importants », et ont bloqué certaines parties de la frontière germano‑néerlandaise, aidés de transporteurs routiers, de dockers et de pêcheurs.

En réaction, la police a tiré du gaz lacrymogène sur les agriculteurs qui manifestaient et des chars de l’armée ont été déployés pour lever les barrages.

À l’instar de ce qui s’est passé au Canada lors du convoi des camionneurs au début de l’année, le gouvernement néerlandais a également fait appel à des sociétés de dépannage pour retirer les tracteurs, mais selon Kim Iversen, « elles ont refusé de s’impliquer ».

Entre‑temps, les médias néerlandais ont décrit les manifestations comme « extrémistes » et l’œuvre d’ « activistes », selon Kim Iversen, ce qui a conduit les agriculteurs à bloquer également les sièges des médias.

Au milieu des protestations, le parti politique BoerBurgerBeweging (BBB), soit le Mouvement agriculteur-citoyen, du centre droit, a grimpé en flèche pour atteindre la deuxième place dans le cœur des néerlandais, selon un récent sondage. Ce parti, qui détient aujourd’hui un seul siège au Parlement néerlandais, porterait sa part à 11 sièges si les élections avaient lieu aujourd’hui, a précisé Kim Iversen.

Environ un tiers des 50.000 exploitations agricoles néerlandaises amenées à « disparaître » d’ici 2030

Les mesures prises par le gouvernement néerlandais attirent l’attention du monde entier, y compris celle de la Nouvelle‑Zélande, où le gouvernement a préparé un rapport sur l’évolution de la situation aux Pays‑Bas.

Le rapport décrit les politiques du gouvernement néerlandais comme faisant partie de « son plan tant attendu pour s’attaquer à la ‘crise de l’azote’ du pays », ajoutant que « le plan audacieux se concentre sur l’industrie agricole des Pays‑Bas, appelant à une réduction des émissions à grande échelle dans tout le pays ».

Le rapport fait référence à la ministre néerlandaise de la Nature et de l’Azote, ayant déclaré s’attendre « à ce qu’environ un tiers des 50.000 exploitations agricoles néerlandaises ‘disparaissent’ d’ici 2030 », dans le cadre de ce que certains experts décrivent comme « la plus grande réforme du secteur agricole néerlandais de l’histoire ».

Selon le rapport du gouvernement néo‑zélandais, ces exploitations devraient « disparaître » grâce aux rachats « volontaires » susmentionnés de la part du gouvernement, en s’appuyant sur un « Fonds pour l’azote de 25 milliards d’euros destiné à aider les agriculteurs à quitter (volontairement) leur exploitation, à la délocaliser ou à en réduire la taille et à la rendre plus respectueuse de la nature ».

Le rapport néo‑zélandais a détaillé la « compensation » qui sera accordée aux agriculteurs choisissant « volontairement » de réduire leurs activités :

‑ « Les producteurs laitiers qui veulent être rachetés doivent réduire leurs stocks de bétail de 95% et renoncer définitivement à leur droit d’augmenter les stocks à l’avenir ;

‑ « Pour les élevages de porcs, de poulets et de dindes, ce pourcentage est de 80% 
;

« Les subventions que les agriculteurs reçoivent comprennent une compensation pour la perte des droits de production et pour la perte de valeur de l’entreprise. 270 millions d’euros sont réservés à la compensation pour les produits laitiers, 115 millions à la compensation liée aux poulets et aux dindes, et 115 millions à la compensation liée aux porcs. »

Le lien entre Bill Gates et le ministre néerlandais de l’agriculture pourrait‑il avoir un rapport avec la nouvelle politique de l’azote ?

Dans un récent épisode du RFK Jr. The Defender Podcast, le chercheur agricole, permaculturaliste et auteur Christian Westbrook – également connu sous le nom de « Ice Age Farmer (fermier de l’âge de glace) » – a déclaré que la Fondation Rockefeller et la Fondation-Bill-&-Melinda-Gates ont longtemps promu une pseudo‑révolution verte, basée sur l’idée que les animaux et les plantes étaient « sales et dangereux ».

M. Westbrook a prévenu que les narratifs conçus pour séduire les « consommateurs verts » dissimulent des intentions néfastes de la part de l’élite mondiale qui, en réalité, est en train de lancer une « prise de contrôle abusive » du système alimentaire mondial.

La commentatrice néerlandaise Eva Vlaardingerbroek a récemment soulevé des questions sur la politique néerlandaise de réduction d’azote et sur un lien possible avec la Fondation Bill‑et‑Melinda‑Gates.

Eva Vlaardingerbroek a tweeté :

« Le ministre néerlandais qui a promu la loi sur l’azote pour donner au gouvernement le pouvoir d’exproprier les terres de nos agriculteurs a un frère qui possède le supermarché en ligne @picnic. Et devinez qui a investi 600 millions de dollars dans cette entreprise ? Bill « fake meat » Gates. Voilà à quoi ressemble la corruption. »

Dans son tweet, Mme Vlaardingerbroek a fait référence à cette déclaration de Gates :

« Je pense vraiment que tous les pays riches devraient passer à du bœuf 100% synthétique. »

« Au final, cette prime verte est suffisamment raisonnable pour que nous parvenions en quelque sorte changer le [comportement des] gens ou utiliser la réglementation pour modifier totalement la demande. »

L’investissement de 600 millions de dollars de Gates dans le supermarché en ligne Picnic aurait pour but d’ « accélérer son expansion en France et en Allemagne. Il sera notamment question d’investir dans des robots permettant à ces centres de fonctionner, des véhicules électriques et une équipe de développeurs software. »

« De plus, l’entreprise veut créer l’environnement qui permettra de satisfaire la demande croissante – et ce, de manière la plus durable. »

On a récemment découvert que M. Staghouwer, le ministre néerlandais de l’Agriculture, s’est penché sur la « viabilité » d’une taxe sur la consommation de viande.

Et, selon Kim Iversen, « depuis 2017, la population porcine [aux Pays‑Bas] a diminué parce que le gouvernement a payé les agriculteurs pour qu’ils ferment leurs entreprises ».

En 2019, une organisation connue sous le nom de CGIAR [Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale] a reçu un financement initial de 79 millions de dollars, assorti de 310 millions de dollars sur trois ans, de la part d’une coalition dirigée par Bill Gates et composée de la Banque mondiale, de la Commission européenne, des Pays‑Bas, de l’Allemagne, de la Suède, de la Suisse et du Royaume‑Uni.

Le CGIAR, avec ce financement, a l’intention de faire « des investissements contribuant au travail dans la sélection des cultures, les systèmes de semences, l’équité entre les genres, le bétail, la nutrition et les pratiques ». Bien que ces investissements se concentrent sur les pays en développement, la présence du gouvernement néerlandais dans cette initiative ne passe pas inaperçue.

Ce ne sont pas les agriculteurs qui ont créé le problème de l’azote, mais l’industrie chimique

Dans son article sur les agriculteurs néerlandais, Mme Iversen assure que personne ne soutient le refus de s’attaquer au changement climatique. Il s’agit davantage de savoir comment équilibrer ce besoin avec la nécessité de répondre à la crise alimentaire urgente d’aujourd’hui, mais aussi de déterminer qui en paye le prix.

« Le climat et l’environnement sont des questions extrêmement importantes et nous devrions toujours nous efforcer de prendre soin notre planète », convient Mme Iversen. « Mais lorsque les gens ne peuvent pas se rendre au travail ou mettre à manger sur la table, on est en droit de se demander si on s’y prend bien. »

Et si la plupart des discours actuels sur le changement climatique sont axés sur la réduction des émissions de carbone, « les émissions d’azote semblent être la prochaine cible ».

Elle ajoute :

« L’azote, qui est un nutriment essentiel pour les plantes, est également un polluant. Les engrais qui s’écoulent des champs peuvent se retrouver dans les lacs et les zones côtières et tuer la vie marine. »

« L’ammoniac en suspension dans l’air provenant d’éléments comme les centrales électriques et les moteurs contribue au smog et à d’autres problèmes environnementaux, mais dans les régions centrées sur l’agriculture comme les Pays‑Bas, il provient principalement du bétail, de l’urine et du fumier. »

« Pour réduire les émissions d’azote, il faudrait réduire le bétail », poursuit Kim Iversen, car « de nombreux agriculteurs utilisent le fumier comme engrais. »

Mais selon l’universitaire et militante écologiste Vandana Shiva, docteur en philosophie des sciences, « le problème de l’azote dans l’agriculture est un problème créé par les engrais azotés synthétiques fabriqués à partir de combustibles fossiles », qui « contribuent à la pollution atmosphérique et au changement climatique ».

Vandana Shiva a déclaré pour le site Web d’informations et d’opinions de Children’s Health Defense, The Defender que la production d’engrais synthétiques est très énergivore :

« Un kilogramme d’engrais azoté nécessite l’équivalent énergétique de deux litres de diesel. »

« L’énergie utilisée pour la fabrication des engrais équivalait à 191 milliards de litres de diesel en 2000 et devrait atteindre 277 milliards de litres en 2030. »

Si le problème de la pollution par l’azote doit être abordé, a déclaré Vandana Shiva, elle a vivement critiqué la « réaction non scientifique, injuste et antidémocratique » du gouvernement néerlandais, qui fait porter le chapeau aux agriculteurs.

« Les agriculteurs n’ont pas créé le problème de l’azote. Le problème est créé par l’industrie chimique. »

Vandana Shiva a ajouté :

« Selon le principe du ‘pollueur‑payeur’, l’industrie chimique doit payer pour la pollution. Les agriculteurs sont les consommateurs d’engrais, pas les fabricants. Ils sont victimes d’un système d’agriculture industrielle à forte intensité chimique. »

« La planète et les gens ont besoin de plus d’agriculteurs, pas de moins. »

Au lieu de cela, selon Mme Shiva :

« La réponse scientifique et adéquate au problème de l’azote est [de] passer d’une agriculture chimique alimentée par des combustibles fossiles à une agriculture écologique biodiversifiée, à une agriculture régénératrice. Il faut aussi de créer des stratégies de transition pour que les agriculteurs passent à l’agriculture écologique, qui régénère l’azote du sol tout en permettant pour les agriculteurs de prendre de la distance avec les produits chimiques nocifs et coûteux. »

« Une alimentation sans produits chimiques est bonne pour la santé de la planète et celle des gens. »

Sans aborder directement la situation aux Pays‑Bas, Oxfam, dans un communiqué de presse du 6 juillet, a également critiqué les tentatives de lutte contre la pollution ciblant principalement les agriculteurs.

Selon le communiqué de presse :

« Les gouvernements doivent cesser de faire des promesses vides ou de créer davantage de processus bureaucratiques. »

« Au lieu de cela, ils doivent investir dans les petits producteurs alimentaires et les travailleurs de l’agroalimentaire. Ils doivent réorienter notre système agricole et alimentaire mondial pour mieux servir la santé des gens, notre planète et nos économies. »

C’est le problème avec les politiques du gouvernement néerlandais, selon Kim Iversen, qui semblent destinées à favoriser les grandes entreprises agroalimentaires au détriment des petits agriculteurs.

« L’évolution vers un style d’agriculture plus sophistiqué… sera alors contrôlée par quelques grandes entreprises et mettra tous les petits agriculteurs sur la paille. C’est ce contre quoi s’élèvent les Néerlandais. »

Ce qui arrive aux fermes néerlandaises « nous affecte tous »

Ce qui se passe aux Pays‑Bas, en termes de production alimentaire, aura probablement des répercussions mondiales, en raison de la taille du secteur agricole du pays, selon Mme Iversen, qui déclare : « Ce qui arrive à leurs fermes nous affecte tous. »

Après les États‑Unis, les Pays‑Bas sont le plus grand pays exportateur de produits agricoles au monde, selon le gouvernement néerlandais : « Le secteur agricole néerlandais exporte quelque 65 milliards d’euros [66,1 milliards de dollars] de produits agricoles par an. Cela représente 17,5% du total des exportations néerlandaises. »

« Les prix des engrais artificiels sont montés en flèche ces derniers temps », déplore Mme Iversen. « Avec l’impossibilité d’utiliser du fumier, les prix [des aliments] ne vont faire qu’augmenter encore plus. »

Elle ajoute :

« Certaines exploitations agricoles [néerlandaises] vont faire faillite… simplement parce qu’elles ne sont pas en mesure d’obtenir des engrais pour leurs exploitations. »

« Celles qui pourront rester en activité pèseront évidemment sur le consommateur car elles coûteront plus cher, ce qui fera augmenter les prix des denrées alimentaires encore davantage. Et avec moins de viande sur le marché, nous nous dirigeons vers une grave crise des prix. »

Selon Mme Iversen, « les agriculteurs néerlandais le savent », c’est pourquoi ils « lancent l’alerte » et ont été rejoints dans leurs protestations par de nombreux non‑agriculteurs, car « ce ne sont pas seulement leurs entreprises qui seront touchées, c’est nous tous ».

L’analyste V.N. Gelis, basé au Royaume‑Uni, a déclaré à The Defender : « L’interruption de l’approvisionnement en nourriture, ainsi que les effets du vaccin [Covid‑19] », en référence aux lésions vaccinales toujours plus fréquentes, « affaiblissent la résistance des gens ».

Aujourd’hui de nombreux facteurs s’accumulent amplifiant spectaculairement l’augmentation des prix pour les consommateurs.

Dans une interview de 2016, l’analyste Paul Craig Roberts, ancien sous‑secrétaire au Trésor américain sous Reagan a expliqué comment est calculé l’indice des prix à la consommation (IPC) :

« Prenons le niveau des prix à la consommation. Il mesure l’inflation. Au fil du temps, la façon dont le gouvernement a mesuré l’inflation a été fondamentalement modifiée. »

« Auparavant, il y avait un panier fixe de biens ; le poids des articles du panier était calculé en fonction d’une estimation de leur pourcentage dans les dépenses, et donc si un article augmentait, son ‘poids’ dans le panier de biens augmentait, et donc naturellement son indice augmentait. Donc on mesurait le niveau de vie par rapport à des critères constants. »

Cela a changé depuis, poursuit M. Roberts :

« Ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont introduit ‘l’effet de substitution’. Ils ont fait valoir que lorsque le prix de quelque chose augmente, les consommateurs lui substituent une alternative moins coûteuse… Lorsque le prix de quelque chose augmente, ils l’éliminent de l’indice et y placent un bien moins coûteux. »

« De cette manière, ils ont modifié l’indice, passant de la mesure d’un niveau de vie [par rapport à des critères] constants à celle d’un niveau de vie [par rapport à des critères] à la baisse. »

« Ils font cela pour éviter d’avoir à payer des ajustements du coût de la vie sur la sécurité sociale. C’est une des techniques qui leur permet de sous‑estimer l’inflation. »

©07/07/22 Children’s Health Defense, Inc. Ce travail est reproduit et distribué avec la permission de Children’s Health Defense, Inc.

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