A l’automne, Emmanuel Macron et le gouvernement avaient demandé aux 150 participants à la Convention citoyenne pour le climat, tirés au sort, de « définir une série de mesures en matière de lutte contre le changement climatique permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre [GES] d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ». On découvre ces mesures et on est effaré !
Lors de son élection, le président Macron a été naturellement considéré par ses soutiens et admirateurs comme le fer de lance des opposants au populisme européen et américain. Un jeune politicien, l’incarnation de la modernité et du « monde nouveau » face aux conservateurs de tous poils qui seraient dépassés par les transformations de notre époque. Or, plus le temps passe, et plus les mesures qu’il propose ou adopte prennent un goût d’étatisme et de… populisme, précisément. D’un côté, il étatise les retraites, l’assurance chômage et infantilise les Français, de l’autre, il applique les recettes bien connues de la cuisine populiste. Il fait appel aux masses (ou il fait semblant) en organisant un Grand Débat national, il met en place une Convention nationale pour le climat avec 150 citoyens tirés au sort…
En mars 1919, Mussolini et son journal, Il popolo d’Italia, réunissaient une soixantaine de personnes venant de milieux variés pour fixer les bases du mouvement fasciste. Lénine justifiait toutes ses décisions « au nom du peuple » ; il était d’ailleurs le président du Conseil des Commissaires du Peuple. Staline a été « le petite père des peuples » et tous les dirigeants communistes invoquaient le peuple dans leurs discours et leurs politiques. Bien sûr, Macron n’est ni Mussolini, ni Lénine mais la démagogie populiste a les mêmes caractéristiques.
Le social entre dans la Constitution
A l’automne, Emmanuel Macron et le gouvernement avaient donc demandé aux 150 participants à la Convention citoyenne pour le climat, tirés au sort, de « définir une série de mesures en matière de lutte contre le changement climatique permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre [GES] d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ». Le travail, qui a duré neuf mois [le temps d’une grossesse], était réparti par thèmes entre plusieurs groupes (« Se nourrir », « Produire-travailler », « Consommer », « Se loger », « Se déplacer »). Leurs propositions ont été remises le week-end dernier à Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire.
Comment ne pas être effaré quand on les découvre ?
Ce que l’on comprend d’emblée, c’est que cette Convention prétend imposer aux Français les critères selon lesquels ils devront se comporter et vivre dans les années à venir. Il est question de changer la Constitution pour acter « la lutte contre le dérèglement climatique comme un objectif de la République ». On suggère d’en modifier l’article 1er, qui disposerait que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale »…. Le « social » deviendrait ainsi une caractéristique inaliénable de la France ! Les Français seront-ils tous des assistés ?
Les membres de la Convention demandent la création d’un poste de « défenseur de l’environnement » au gouvernement et réclament la « rénovation énergétique obligatoire d’ici 2040 », et même, pour les chaudières au fioul et au gaz, d’ici 2030 ! Aucune précision sur les coûts directs et indirects de cette obligation, pardon, proposition. Il est question de limiter l’artificialisation des sols et l’étalement urbain en imposant aux maires des règles très strictes.
On nous impose notre alimentation
Concernant notre alimentation, l’objectif est de réduire de 20% d’ici à 2030 notre consommation de viande et de produits laitiers, tout en augmentant la part des fruits et légumes, des légumes secs et des céréales. Les citoyens conventionnels proposent de « passer à un choix végétarien quotidien dans les self-services à partir de 2022 et inciter la restauration collective à menu unique à développer des menus végétariens », de rédiger un guide d’achats pour inciter les collectivités à acheter « les produits issus de circuits courts, locaux et à faible coût environnemental » ou à « assurer la présence de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) dans les négociations » entre agriculteurs et grandes surfaces. En fait, on nous dit ce qu’il faut manger ou ce qu’on a le droit de manger.
On veut interdire les pesticides « les plus dommageables pour l’environnement » (qui va les trier ?) et repenser la politique commerciale en inscrivant le principe de précaution (une exception française !) dans les accords commerciaux (sic !). Il est question de trier, voire interdire les publicités pour les aliments en fonction de leur dangerosité et pour que l’alimentation devienne « durable ».
Le « crime d’écocide » ou le polpotisme vert
Sur le plan des transports, la Convention veut « diminuer l’utilisation solitaire de la voiture », « transformer le parc automobile » et « interdire les vols intérieurs » d’ici 2025 lorsque la destination est accessible par un autre moyen de transport. Elle veut aussi changer les entreprises, en les obligeant à respecter encore plus de normes environnementales et en leur demandant de créer des postes de travail écologiques. Elle a même recommandé – mais a finalement fait marche arrière – que la semaine de travail soit de 28 heures !
Pour couronner le tout, la Convention demande l’instauration d’un « crime d’écocide ». Un crime défini comme « toute action ayant causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées ». L’introduction de ce crime dans le droit français devrait faire l’objet d’un référendum. Pol Pot en aurait rêvé ! Cette assemblée instituée par Emmanuel Macron a accouché d’un nouveau monde qu’on veut nous imposer, celui des khmers verts ! L’expression de l’étatisme combiné avec le populisme.
Article de Nicolas Lecaussin avec l’aimable autorisation de l’IREF
Directeur de l’IREF, Nicolas Lecaussin est diplômé de Sciences-po Paris, ancien président de l’iFRAP (Institut Français de Recherche sur les Administrations Publiques), fondateur de l’association Entrepreneur Junior et auteur de plusieurs ouvrages sur le capitalisme, l’Etat et les politiques publiques.
Auteur de plusieurs ouvrages dont : Cet Etat qui tue la France (Plon, 2005), L’absolutisme efficace (Plon, 2008), Au secours, ils veulent la peau du capitalisme ! (First Editions, 2009), A quoi servent les riches, coauteur (Lattès, 2012), L’obsession antilibérale française, Anti-Piketty, coauteur (libréchange, 2015).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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