SANTé ET NUTRITION

Les suppléments d’huile de poisson peuvent augmenter le risque de fibrillation auriculaire chez certaines personnes

Les recherches sont mitigées en ce qui concerne les suppléments d'huile de poisson pour les maladies cardiaques. Découvrez qui peut en bénéficier, qui doit l'éviter et quelle quantité prendre
janvier 10, 2025 19:35, Last Updated: janvier 10, 2025 20:38
By ZHANG YUE et JoJo Novaes

Les avantages de l’huile de poisson pour la santé ne sont pas universels, et sa consommation peut même augmenter le risque de certaines maladies cardiovasculaires (MCV) chez certaines personnes.

Lors d’une interview, le Dr Liu Zhongping, cardiologue taïwanais, a discuté de l’efficacité, des risques et des contradictions de l’huile de poisson en se basant sur les derniers rapports de recherche. Il a également formulé des recommandations sur la manière de garantir une consommation sûre d’huile de poisson.

L’huile de poisson est un complément alimentaire populaire car elle est riche en acides gras polyinsaturés oméga-3. Ses principaux composés, l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA), sont largement reconnus pour leurs bienfaits sur la santé cardiovasculaire.

Cependant, le débat se poursuit sur le dosage, les concentrations d’EPA et de DHA et la contamination potentielle par des métaux lourds.

Risques associés à l’huile de poisson

Des études récentes donnent un aperçu nuancé des risques associés aux suppléments d’huile de poisson.

Une étude de cohorte prospective, publiée en mai dans BMJ Medicine, a révélé que les personnes n’ayant jamais souffert de maladies cardiovasculaires et consommant régulièrement de l’huile de poisson présentaient un risque accru de fibrillation auriculaire et d’accident vasculaire cérébral (AVC), respectivement de 13 % et de 5 %.

En revanche, les patients atteints de maladies cardiovasculaires qui prenaient régulièrement de l’huile de poisson voyaient leur risque de souffrir de ces deux affections diminuer. Le risque de décès par insuffisance cardiaque, dû à une fibrillation se transformant en événement cardiovasculaire majeur ou à une fibrillation auriculaire se transformant en crise cardiaque, a également été réduit en conséquence.

L’étude a suivi les données de près de 416.000 personnes âgées de 40 à 69 ans provenant de la base de données Biodata du Royaume-Uni. Le suivi moyen a été d’environ 12 ans.

D’autres études présentent des résultats mitigés concernant les effets des acides gras oméga-3 sur la santé cardiovasculaire.

Une revue systématique et une méta-analyse de sept grands essais contrôlés randomisés, publiées en 2021, ont confirmé l’association entre une supplémentation en acides gras oméga-3 marins à moyen et long terme et un risque accru de fibrillation auriculaire, en particulier à des doses supérieures à un gramme par jour.

Cependant, une autre méta-analyse de 29 études prospectives, publiée en décembre 2023, a montré que les niveaux d’EPA, de DHA et d’EPA+DHA dans l’organisme étaient inversement liés au risque d’accident vasculaire cérébral total et d’accident vasculaire cérébral ischémique, mais n’avaient aucun lien avec l’accident vasculaire cérébral hémorragique. L’étude conclut qu’un apport alimentaire plus important en DHA et EPA devrait réduire le risque d’accident vasculaire cérébral.

Un essai randomisé à grande échelle et à l’échelle nationale, parrainé par les National Institutes of Health (NIH :  Instituts nationaux de la santé aux États-Unis), n’a pas montré que les acides gras oméga-3 d’origine marine augmentaient ou réduisaient le risque de fibrillation auriculaire ou affectaient le risque d’accident vasculaire cérébral. L’étude, appelée VITAL, a suivi 25 871 adultes âgés de 50 ans et plus, dans l’ensemble des États-Unis, pendant plus de 5 ans.

Une méta-analyse d’études, publiée en 2023 par l’équipe de recherche VITAL, a montré qu’une supplémentation en acides gras oméga-3 marins à raison d’un gramme par jour, comparée à un placebo à base d’huile d’olive, ne réduisait pas de manière significative le risque d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral, de maladie cardiaque et de mortalité due à une maladie vasculaire. En revanche, elle a réduit de manière significative le risque de crise cardiaque totale, d’intervention coronarienne percutanée – procédure utilisée pour traiter les artères coronaires rétrécies ou obstruées -, de crise cardiaque mortelle et d’hospitalisation récurrente pour insuffisance cardiaque.

Qui devrait prendre des suppléments d’huile de poisson ?

L’EPA et le DHA, les acides gras oméga-3 contenus dans l’huile de poisson, sont essentiels au maintien de fonctions corporelles saines. Leurs effets bénéfiques sur la santé comprennent l’amélioration de certains syndromes métaboliques liés à l’obésité, tels que la résistance à l’insuline, l’hypertension et la dyslipidémie, en abaissant le taux de triglycérides plasmatiques. En outre, leurs propriétés d’hypotenseurs et anti-inflammatoires, qui se traduisent par une meilleure fonction vasculaire, peuvent avoir des effets cardioprotecteurs supplémentaires.

« Nous pensons que les oméga-3 ont des effets bénéfiques sur le cœur et certaines personnes semblent en bénéficier plus que d’autres », a déclaré le Dr JoAnn E. Manson, chercheur principal de l’étude VITAL et chef de la division de médecine préventive au Brigham and Women’s Hospital et à la Harvard Medical School aux États-Unis, dans un article de fond sur la recherche des NIH.

Les personnes susceptibles de bénéficier de suppléments d’huile de poisson sont les Afro-Américains et les personnes qui consomment peu de poisson et présentent au moins deux facteurs de risque de maladie cardiaque.

Le Dr Liu souligne que les personnes en bonne santé, en particulier celles qui consomment du poisson deux fois par semaine, peuvent ne pas avoir besoin d’un supplément d’huile de poisson. En revanche, les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires peuvent bénéficier d’une supplémentation.

Une méta-analyse de 2021 a montré que la supplémentation en EPA et en DHA est une stratégie de style de vie pratique pour la prévention des maladies cardiovasculaires, en particulier des maladies coronariennes et des crises cardiaques, et que l’effet protecteur semble augmenter avec la dose.

Les personnes qui ne devraient pas prendre d’huile de poisson

L’huile de poisson ne convient pas à tout le monde, notamment aux personnes suivantes, selon le Dr Liu :

• Les personnes allergiques au poisson.

• Les personnes sujettes aux saignements. L’huile de poisson a un effet anticoagulant et ne convient pas aux femmes souffrant d’hémorroïdes ou de menstruations intenses, ni aux femmes enceintes ou aux patients se préparant à une intervention chirurgicale.

• Les personnes qui prennent de l’aspirine. De nombreuses personnes prennent de l’aspirine pour maintenir ou prévenir les maladies cardiovasculaires. Des études ont montré que l’aspirine et l’huile de poisson peuvent interagir l’une avec l’autre.

Le Dr Liu précise que l’aspirine est essentielle à la gestion des maladies cardiaques et qu’il ne faut jamais cesser de la prendre pour compléter l’huile de poisson. Si on prend de l’aspirine mais que l’on souhaite prendre de l’huile de poisson, il faut d’abord consulter un médecin.

Les oméga-3 provenant d’aliments naturels

L’obtention d’acides gras oméga-3 à partir d’aliments naturels peut s’avérer plus sûre et plus efficace que l’utilisation de suppléments. Le Dr Liu recommande les aliments naturels suivants :

• Poissons et fruits de mer : le saumon, le maquereau et les sardines sont tous riches en DHA et en EPA.

• Huiles végétales : les huiles de lin et de noix contiennent de l’acide alpha-linolénique (ALA), un acide gras essentiel qui peut être converti en EPA et en DHA dans l’organisme. Bien que moins efficace que l’EPA et le DHA, l’ALA reste une bonne option végétale.

• Fruits à coque et graines : les fruits à coque, les graines de lin et les graines de chia sont tous riches en acides gras oméga-3.

Supplémentation sûre en huile de poisson

Le Dr Liu recommande aux personnes qui envisagent de prendre des suppléments d’huile de poisson de respecter les directives suivantes afin de minimiser les risques :

• Contrôler le dosage : limiter la consommation quotidienne d’huile de poisson à moins d’un gramme afin de prévenir les risques potentiels tels que la fibrillation auriculaire.

• Choisir des aliments naturels : privilégier les acides gras oméga-3 provenant du poisson et d’autres aliments naturels afin d’éviter le recours excessif aux compléments alimentaires.

• Attention aux contaminants : choisir des poissons à faible teneur en mercure, comme le saumon et les sardines, et éviter ceux à forte teneur en mercure, comme l’espadon et le maquereau royal.

• Consulter un médecin : utiliser les suppléments d’huile de poisson sous la supervision d’un médecin, en particulier en cas de maladies cardiovasculaires ou d’autres problèmes de santé.

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