Le régime taliban en Afghanistan a signé un accord d’extraction de pétrole avec la société chinoise Xinjiang Central Asia Petroleum and Gas Co (CAPEIC), le premier accord étranger majeur du pays depuis que les talibans ont pris le contrôle en 2021.
En vertu de ce contrat, la CAPEIC investira 150 millions de dollars en un an et 540 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour l’extraction de pétrole dans le bassin d’Amu Darya en Afghanistan, a déclaré le porte‑parole des talibans, Zabihullah Mujahid.
« Dans ce contrat, l’Émirat islamique sera un partenaire à 20%, et cette part augmentera jusqu’à 75% », a‑t‑il déclaré jeudi dans un message sur Twitter.
Mujahid a précisé qu’ils extrairont du pétrole d’une zone couvrant 4500 kilomètres carrés dans les provinces de Sar‑e Pul, Jawzjan et Faryab, le taux d’extraction quotidien passant progressivement de 1000 à 2000 tonnes.
Le contrat a une durée de 25 ans et sera automatiquement résilié si CAPEIC ne remplit pas ses obligations matérielles dans un délai d’un an, a‑t‑il ajouté.
L’Amu Darya est le plus grand bassin gazier d’Asie centrale et le troisième plus grand bassin riche en gaz au monde après le bassin de la Sibérie occidentale et le bassin du golfe Persique, selon une étude de 2019 de PetroChina.
Il est situé principalement au Turkménistan et en Ouzbékistan, ainsi que dans certaines parties du nord de l’Afghanistan et du nord‑est de l’Iran.
Aucun pays n’a reconnu les talibans comme le gouvernement légitime de l’Afghanistan depuis leur prise de pouvoir en 2021, pas même la Chine. Mais le Parti communiste chinois (PCC) continue de s’engager auprès des talibans pour des intérêts économiques.
On estime que l’Afghanistan est assis sur des ressources inexploitées de plus de 1000 milliards de dollars, ce qui a suscité l’intérêt de certains investisseurs étrangers, bien que des décennies de troubles aient empêché toute exploitation significative.
En 2012, la société d’État China National Petroleum Corp a signé un contrat avec l’ancienne administration afghane soutenue par les États‑Unis pour extraire du pétrole de l’Amu Darya. À l’époque, on estimait que l’Amu Darya contenait 87 millions de barils de pétrole brut.
Le vice‑premier ministre par intérim, Mullah Baradar, a déclaré que le nouvel accord des talibans avec CAPEIC était le résultat de l’arrêt de l’extraction du pétrole par une autre entreprise chinoise, qu’il n’a pas nommée, après la chute du gouvernement précédent.
Exagération de la menace
Le PCC a permis aux talibans de conserver l’ambassade d’Afghanistan à Pékin et a offert une aide humanitaire à l’Afghanistan, bien qu’il ne reconnaisse pas officiellement le régime. Les analystes pensent que la sécurité est un autre facteur qui pousse le PCC à soutenir les talibans.
Jennifer Murtazashvili, chercheuse non résidente au sein du programme Asie du Carnegie Endowment for International Peace, a déclaré dans son rapport 2022 que le PCC s’inquiétait d’un éventuel débordement de l’extrémisme islamique de l’Afghanistan vers la Chine et la région du Xinjiang.
« La principale préoccupation de la Chine en matière de sécurité est la menace potentielle du Mouvement islamique du Turkistan oriental, un groupe relativement petit qui cherche à libérer la province du Xinjiang et le peuple ouïghour du contrôle du gouvernement chinois », a‑t‑elle déclaré.
« La Chine veut s’assurer que les Talibans sont disposés à éliminer les groupes militants ouïghours opérant à l’intérieur du territoire afghan. Il est important de souligner que la Chine a exagéré la menace et l’implication des Ouïghours dans les organisations terroristes. »
L’accord du CAPEIC est survenu un jour après que les talibans ont déclaré que leurs forces avaient tué huit membres d’ISIS lors de raids, dont certains responsables d’une attaque contre un hôtel chinois à Kaboul le mois dernier.
« Bien que les deux parties aient laissé entendre qu’il y aura d’importants investissements futurs de la Chine en Afghanistan, peu de détails ont émergé. Cela s’explique par le fait que sans sécurité, il est tout simplement impossible pour la Chine de sécuriser ses propres employés travaillant dans le pays », indique le rapport.
Reuters a contribué à cet article.
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