EUROPE

L’Europe fait un nouveau pas pour condamner les prélèvements d’organes en Chine

juillet 28, 2016 6:16, Last Updated: juillet 28, 2016 16:36
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Le 27 juillet, le Parlement européen a adopté une nouvelle déclaration qui condamne les prélèvements d’organes sur les prisonniers de conscience en Chine. Le texte appelle les leaders politiques du vieux continent d’entreprendre des actions dans ce domaine.

La Déclaration écrite 0048 « sur l’arrêt des prélèvements d’organes sur les prisonniers de conscience en Chine » vise principalement à obliger le Conseil de l’Europe – l’entité politique de l’UE –  à prendre des mesures appropriées suite à la résolution adoptée fin 2013.

La déclaration se réfère à « des rapports crédibles et persistants sur des prélèvements d’organes systématiques et organisés par l’État sur des prisonniers de conscience non-consentants en République populaire de Chine, principalement sur les pratiquants de la méditation et des exercices paisibles du Falun Gong, ainsi que sur les Ouïghours, les Tibétains et les chrétiens. »

« En raison de la gravité de ces violences », précise-t-elle, « il y a un besoin évident d’ouvrir sans délai une enquête indépendante sur les prélèvements d’organes effectués en République populaire de Chine. »

La Déclaration écrite 0048 (Parlement européen)

La déclaration initiale avait appelé l’UE et ses pays membres d’évoquer la question des prélèvements d’organes dans les négociations avec la Chine, de condamner publiquement ces violences, d’ouvrir une enquête indépendante sur les prélèvements d’organes et d’émettre des notes de mise en garde à leurs citoyens voyageant en Chine.

Deux ans plus tard, l’UE n’a toujours rien fait dans ce domaine.

Tomáš Zdechovský, membre du Parlement européen de la République tchèque, a été l’un des co-auteurs de la nouvelle déclaration. Dans une interview, il décrit les fortes pressions destinées à bloquer toute tentative d’ajouter cette question à l’ordre du jour des rencontres diplomatiques et économiques entre l’Europe et la Chine.

« Mes collègues ont été très surpris lorsqu’ils ont obtenu cette information », a déclaré M. Zdechovsky. « Ils n’avaient jamais entendu parler de cela ». Et pourtant, plusieurs « ont eu une réaction négative », a-t-il confié.

« Ils m’ont dit que nous avons des relations économiques avec la Chine, et m’ont demandé de ne pas ouvrir cette question au niveau européen, car il était besoin d’avoir de fortes relations avec la Chine. »

M. Zdechovsky leur a répondu que « ce n’était pas contre la Chine ; c’était en faveur des droits de l’homme. J’ai dit que nous étions des pays démocratiques dans l’Union européenne et que nous ne pouvions passer cette question sous silence. »

Pour pouvoir être adoptée, la déclaration doit être soutenue par au moins la moitié des membres du Parlement européen. Elle a atteint ce nombre plusieurs semaines avant sa date d’échéance, le 27 juillet, la date de son entrée en vigueur. Ce n’est pas une loi contraignante et elle n’impose aucune action, même si elle exprime l’avis du Parlement.

Tomáš Zdechovský (Parlement européen)

La nature extrême et effroyable de ces violences – l’assassinat industrialisé et dirigé par l’État de prisonniers de conscience pour leurs organes, effectué à des fins lucratives – a attiré l’attention de plusieurs représentants politiques européens, qui généralement ne montre aucun intérêt à voir l’Union Européenne agir en tant qu’entité politique.

Gerard Batten, co-fondateur du Parti d’indépendance britannique anti-UE,  n’a jamais signé aucune déclaration écrite excepté celle appelant à la création d’un système d’alerte pour les enlèvements présumés d’enfants.

« Nous partageons tous le même sentiment : de l’incrédulité que cela est en train de se passer aujourd’hui», a déclaré Gerard Batten lors d’une interview téléphonique. « Cela paraîtrait trop incroyable s’il n’y avait pas cette énorme quantité de preuves recueillies au cours des années. »

Après que M. Batten ait invité un intervenant pour informer d’autres membres de son parti sur le sujet, ils ont déclaré avoir été « complètement sidérés d’apprendre que ce genre de choses pouvait se passer actuellement, à une telle échelle et avec une telle intensité ».

« Je peux comprendre pourquoi les gouvernements et le Parlement européen ne veulent pas se fourrer dans ce véritable guêpier »  a expliqué Gerard Batten. « Dans le monde de la realpolitik, ils doivent avoir des relations avec la Chine et ils doivent parler de commerce, de diplomatie et des questions militaires ».

Et il a ajouté : « Alors je comprends pourquoi il est difficile pour eux de reconnaître que ce qui se passe en Chine est semblable à ce qui se passait en Allemagne nazie pendant l’Holocauste. »

Tomáš Zdechovský a indiqué qu’en septembre, lui et ses collègues, essaieraient de faire pression pour que l’UE réagisse à cette question, ou enquêteraient sur ce que le Parlement européen peut faire pour avancer dans ce domaine.

Version anglaise : Europe Takes Another Step to Censure Organ Harvesting in China

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