Alors que l’administration Biden poursuit son plan de transition énergétique de l’économie américaine en imposant une réduction drastique de la consommation du pétrole, du gaz et du charbon, les gouvernements européens, qui sont plus avancés sur cette voie, commencent à faire marche arrière.
Le président français Emmanuel Macron, par exemple, a renoncé à bannir les chaudières à gaz, déclarant le 24 septembre que même s’il continuait à pousser la France vers les objectifs du zéro net, « on ne peut pas laisser nos compatriotes, en particulier dans les zones les plus rurales, sans solution ».
Cette décision intervient quelques jours après que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé qu’il retarderait l’interdiction des voitures à moteur à combustion interne et des chaudières à gaz, affirmant que les objectifs de zéro émission nette imposaient des « coûts inacceptables » aux familles britanniques.
En juillet 2022, à la suite d’un embargo sur le gaz russe, l’Allemagne a redémarré les centrales au charbon qui avaient été mises à l’arrêt dans le cadre de la politique d’Energiewende (transition énergétique) effectuée dans le pays depuis des décennies. La semaine dernière, alors que les habitants du pays étaient confrontés à une pénurie de logements, le gouvernement a suspendu les nouvelles règles « d’efficacité climatique » pour les bâtiments qui devaient entrer en vigueur en 2025.
Le ministre fédéral allemand de l’Économie et de l’Action climatique, Robert Habeck, a expliqué que les lois existantes imposaient déjà des normes d’efficacité énergétique dans les bâtiments. En ce qui concerne les mesures additionnelles plus strictes, il a dit que « cela peut attendre ».
Constantin Zerger, responsable de l’énergie et de la protection du climat à l’association Environmental Action Germany, a qualifié cette décision de « coup fatal porté à la protection du climat dans le secteur du bâtiment ».
Pour les économistes de l’énergie, ces décisions indiquent que le mouvement pour le climat pourrait être de plus en plus contraint d’accepter les limites économiques et politiques.
« Les réalités ont leur propre manière de s’imposer », a indiqué à Epoch Times Peter Hartley, économiste de l’énergie et professeur à l’université Rice.
Les modèles climatiques ignorent de nombreux coûts et avantages
La première réalité est le fait que les politiques gouvernementales sont souvent basées sur des modèles climatiques qui ont considérablement sous-estimé le coût de la transition vers zéro net, tout en ignorant les avantages des émissions de CO2, a précisé Peter Harley.
En ce qui concerne l’électricité, par exemple, la transition implique non seulement la construction de nouvelles centrales éoliennes et solaires pour remplacer les centrales au charbon et au gaz, mais aussi des kilomètres et des kilomètres de nouvelles lignes de transmission pour relier au réseau ces sites souvent éloignés ou offshore. On a aussi besoin des sources d’énergie de secours, généralement alimentées au gaz ou au charbon, et des technologies de stockage de l’énergie pour produire de l’électricité lorsque le temps n’est pas clément (quand il n’y a pas assez d’ensoleillement ou de vent).
La transition vers les voitures électriques nécessite également la mise en place d’un vaste réseau de stations de recharge, ainsi que la construction de nouvelles capacités de production d’électricité pour répondre à la demande supplémentaire liée aux transports.
En règle générale, toutes ces nouvelles dépenses d’investissement sont répercutées sur les utilisateurs finaux sous la forme d’une augmentation des factures d’électricité. Cela touche surtout les couches de population pauvres et moyennes, mais aussi de plus en plus les entreprises. Dans de nombreux pays européens, tels que la France et le Royaume-Uni, cette situation a suscité des protestations généralisées du fait que les biens de première nécessité devenaient inabordables.
Le Fonds monétaire international a prévu en juillet que l’Allemagne, qui était autrefois le moteur industriel de l’Europe, serait le pays le moins performant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En 2023, ce pays devrait avoir une croissance négative du PIB, en partie à cause des coûts plus élevés pour les industries à forte consommation d’énergie – telles que les métaux, les produits chimiques, les voitures et les engrais.
En outre, les modèles climatiques ignorent souvent les avantages des combustibles fossiles et des émissions du dioxyde de carbone (CO2). Comme les plantes absorbent le CO2 qui est nécessaire pour produire du glucose dont elles se nourrissent, des niveaux élevés de CO2 coïncident avec des niveaux plus élevés de croissance des plantes, ce qui rend l’agriculture plus efficace. On peut aussi noter que les engrais synthétiques, dérivés du gaz naturel, sont essentiels pour assurer les niveaux actuels de rendement des cultures.
« L’élimination des combustibles fossiles et la mise en œuvre de politiques et d’actions ‘zéro net’ impliquent l’élimination des engrais azotés et des pesticides dérivés des combustibles fossiles, ce qui aurait pour conséquence qu’environ la moitié de la population mondiale n’aurait pas assez à manger », indique un rapport Challenging Net Zero with Science (La science à l’épreuve du zéro net) rédigé par William Happer, professeur émérite de physique à l’université de Princeton, et Richard Lindzen, professeur émérite de sciences atmosphériques au Massachusetts Institute of Technology (MIT). « Nombreux sont ceux qui mourraient de faim », avertit le rapport.
Les recherches montrent également que les plantes absorbent une grande partie des émissions du CO2 avant qu’il ne se retrouve dans l’atmosphère terrestre. Selon un rapport publié en février 2022 par des scientifiques de l’université de Boston, « environ 30% des émissions de carbone provenant de la combustion de combustibles fossiles sont absorbées par les forêts – un effet appelé ‘évier terrestre de carbone’ ».
La Chine et les pays en développement ignorent les plans du « zéro net »
Au fur et à mesure que les coûts de plus en plus élevés de la politique « zéro émission nette » deviennent évidents, les gens peuvent se rendre compte que les objectifs zéro net de l’ONU ne seraient pas réalisés, quels que soient les sacrifices qu’ils consentent.
« Y a-t-il une chance qu’on atteigne un jour les objectifs des Nations unies ? » a demandé Peter Hartley. « La réponse est non, il n’y a pas la moindre chance. »
« Au cours des prochaines décennies, la demande d’énergie des pays en développement augmentera considérablement », a-t-il ajouté. « Et ce qui se passe dans les pays de l’OCDE, c’est comme donner un coup d’épée dans l’eau : cela ne changera pas grand-chose. »
Dans les pays à forte population comme la Chine et l’Inde, mais aussi en d’autres pays d’Asie et d’Afrique, la tendance est à l’industrialisation et à l’urbanisation, ce qui stimule la demande d’énergie provenant des sources les moins chères et les plus fiables, principalement le pétrole, le gaz et le charbon.
« Dans chaque économie, lorsqu’elle passe par la phase de décollage du développement économique, il y a une augmentation considérable de demande d’énergie », a constaté M. Hartley. « Tous ces gens veulent un mode de vie moderne. »
En particulier la Chine, le principal pollueur et émetteur du CO2 au monde, continue d’investir massivement dans le charbon – un combustible hautement polluant qui reste la principale composante du mix énergétique du pays. Selon le rapport du Centre for Research on Energy and Clean Air (Centre pour la recherche sur l’énergie et la propreté de l’air), « les autorisations de construction de centrales au charbon, les mises en chantier et les annonces de nouveaux projets se sont considérablement accélérées en Chine en 2022. Les nouvelles autorisations ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2015. La capacité de production d’électricité à partir de charbon mise en chantier en Chine était six fois plus importante que dans le reste du monde réuni ».
L’Inde, dont on estime qu’elle a supplanté la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde cette année, a également annoncé en juin qu’elle continuerait à construire de nouvelles centrales au charbon pour répondre à une demande d’électricité en croissance rapide. Ces pays, ainsi que d’autres pays d’Asie et d’Afrique, ne semblent pas disposés à suivre réellement le mouvement zéro net.
« Les exagérations sur le climat »
Le discours sur le réchauffement climatique lui-même semble s’essouffler. Alors que les dirigeants européens commencent à renoncer à certaines de leurs décisions relatives au climat, le multimilliardaire cofondateur de Microsoft et fervent défenseur du zéro net Bill Gates a déclaré que le réchauffement climatique n’était pas la crise existentielle comme le présentaient ses militants.
« Il y a beaucoup d’exagération sur le climat », a dit Bill Gates lors d’un événement tenu à New York le 19 septembre. « Le climat ne va pas mettre fin à la planète. La planète va donc se porter bien. »
Entre-temps, les propositions liées à «zéro émission nette» continuent d’affluer. Une récente initiative française vise à fixer des prix minimums pour les vols dans toute l’Union européenne – et ce, afin de réduire les émissions en mettant fin aux voyages par avion bon marché.
Le ministre français des Transports, Clément Beaune, affirme vouloir « lutter contre le dumping social et environnemental », bien que cela puisse rendre le voyage inabordable pour les moins fortunés.
En même temps aux États-Unis, parmi les mesures prises par l’administration Biden, on peut citer l’obligation pour la Securities and Exchange Commission (SEC) d’établir des rapports vérifiés sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour toutes les sociétés cotées en bourse, leurs fournisseurs et leurs clients, ainsi que de nouvelles réglementations strictes de l’Environmental Protection Administration (EPA) visant à limiter les émissions de GES des centrales électriques et des véhicules à moteur. Les nouvelles limites d’émissions de gaz d’échappement fixées par l’EPA obligeraient les constructeurs automobiles à transférer deux tiers de leur production de véhicules à moteur à combustion interne vers des véhicules électriques d’ici 2032.
La collusion climatique
Le 19 septembre, le département du Trésor américain a publié ses « Principes pour le financement et l’investissement zéro net » qui appellent les banques, les compagnies d’assurance et les gestionnaires d’actifs à s’unir pour soutenir les objectifs climatiques des Nations unies. Ces principes, que le département qualifie de « volontaires », soulignent que les prêts et autres services financiers devraient être adaptés pour soutenir la transition vers le « zéro net ».
À part les questions économiques que soulève le concept du « zéro net », cette mesure politique coordonnée peut également poser des problèmes juridiques, indiquent plusieurs procureurs généraux d’États américains.
« Le simple fait de qualifier quelque chose de volontaire ne signifie pas que c’est le cas », a déclaré Sean Reyes, procureur général de l’Utah. « La pression coercitive des mandats ESG (normes environnementales, sociales et de gouvernance) et du zéro net dans le secteur financier est une contrainte sur le commerce et une manipulation des marchés qui est amplifiée par ce syndicat gouvernemental. »
« Les directives très strictes de l’administration en matière d’émissions zéro nettes combinent les excès de l’agence et la collusion entre les géants financiers transnationaux », a souligné à Epoch Times Jonathan Skrmetti, procureur général du Tennessee.
« Les Américains ont pris conscience de l’escroquerie de l’ESG, et l’administration Biden doit donc désespérément essayer de la ressusciter », a indiqué Steve Marshall, procureur général de l’Alabama, dans un communiqué transmis à Epoch Times. « Il n’a jamais été question de climat ou de consommateurs, mais de copinage. »
« Mes collègues et moi-même continuerons à dénoncer ce racket pour ce qu’il est », a-t-il ajouté.
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