Marine Le Pen, qui bien que n’étant plus la présidente du Rassemblement national (RN) reste la figure de proue du parti, a pris ses distances avec ses alliés allemands de l’AfD. Le RN et l’AfD sont membres du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen.
Lors de ses vœux à la presse jeudi (25 janvier) à Paris, Marine Le Pen s’est exprimée avec force sur les projets de « remigration » évoqués par les représentants de l’AfD lors d’une réunion à Postdam : « Je suis en total désaccord avec la proposition qui aurait été discutée ou aurait été décidée dans le cadre de cette réunion. »
De très grandes divergences d’opinion
« Nous serons amenés à discuter ensemble de divergences aussi importantes que celles-là et voir si elles ont ou pas […] des conséquences sur la capacité que nous avons à nous allier dans un même groupe », a-t-elle déclaré.
Et d’ajouter : « Nous n’avons jamais défendu une politique de ‘remigration’ qui impliquerait de retirer la nationalité française à des personnes qui l’ont obtenue, même si nous critiquons les conditions de son obtention. »
L’AfD parle de malentendu
L’AfD considère que la réaction de Marine Le Pen a été causée par un malentendu. « Les relations avec nos collègues français sont toujours aussi bonnes et cordiales », a déclaré à Euractiv Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD pour les élections européennes.
« Nous n’avons actuellement aucune preuve d’une quelconque tentative de la part des Français de nous exclure et nous considérons cela comme irréaliste », poursuit Maximilian Krah.
Les positions des deux partis sont à peu près comparables
Dans le chapitre 9 du programme du parti AfD, qui traite explicitement de « l’immigration, l’intégration et l’asile », on peut lire qu’il y a « une majorité de concitoyens étrangers intégrés et fidèles à leurs droits, ainsi que des demandeurs d’asile fidèles à leurs droits ».
Selon les termes du programme du parti AfD, seuls les « migrants irréguliers » qui « ne peuvent prétendre à la protection de réfugié » entrent en ligne de compte pour une remigration. Ceci est en accord avec l’article 16a (2) de la Loi fondamentale et fait également partie du « tournant migratoire » annoncé par Olaf Scholz, qui prévoit des « expulsions à grande échelle ».
« La loi anti-migratoire la plus régressive depuis 40 ans »
Marine Le Pen et son parti ont récemment soutenu le président Emmanuel Macron pour faire passer au Parlement « la loi la plus régressive contre l’immigration depuis 40 ans », comme l’appellent les ONG.
La loi comprend une série de mesures (dont beaucoup ont été retoquées par le Conseil constitutionnel) visant à rendre la France moins attractive pour les migrants. Il s’agissait notamment de faciliter les expulsions, même pour les enfants de moins de douze ans ou les parents d’enfants de nationalité française. En outre, des procédures d’asile plus rapides avec des recours limités devaient être introduites.
Les regroupements familiaux étaient appelés à devenir plus difficiles et l’accès aux soins médicaux limité. L’introduction de quotas annuels d’immigration devait également rendre plus difficile l’acquisition de la nationalité française. En outre, la loi adoptée en décembre prévoyait une réduction de la protection pour les immigrés déjà installés dans le pays et les immigrés clandestins déjà intégrés dans le monde du travail.
« Opposition forte » entre le RN et l’AfD
Marine Le Pen a néanmoins parlé d’une « opposition forte » entre le RN et l’AfD. Le magazine français l’Express estime : « Alors que le RN cherche toujours à se notabiliser et se dédiaboliser, le leader de l’extrême droite française a décidé de hausser le ton envers son allié allemand. »
Cette prise de distance est d’autant plus surprenante que le RN et l’AfD siègent au Parlement européen dans le même groupe politique – Identité et Démocratie (ID) – où ils ont respectivement 18 et 10 sièges sur 63 députés. L’allié allemand semble d’autant plus indispensable qu’il pèse 23% des voix aux élections européennes et qu’il a autant de parlementaires potentiels pour former un grand groupe « nationaliste » dans l’hémicycle strasbourgeois, comme le souhaite le RN.
La Ligue italienne est le deuxième parti en importance au sein du groupe, après le RN. L’AfD arrive en troisième position.
Marine Le Pen a de la concurrence à l’extrême droite
Pendant la campagne électorale, Éric Zemmour a particulièrement insisté sur le narratif du Grand remplacement, une théorie qui avance qu’une élite mondiale poursuit un plan visant à changer l’Europe par la colonisation et l’islamisation.
Après l’annonce des critiques de Marine Le Pen, Éric Zemmour a pris la défense de l’AfD et a demandé comment Mme Le Pen pouvait oser donner des conseils aux Allemands sur la politique d’immigration.
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