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Miss World Canada ferait-elle peur à Pékin ?

novembre 17, 2015 9:46, Last Updated: novembre 22, 2015 23:59
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Miss Canada, Anastasia Lin, née en Chine, est la seule candidate à n’avoir pas reçu sa lettre d’invitation des organisateurs chinois du concours Miss World.

Le concours pour l’élection de Miss Monde, rassemblant les représentantes de 112 pays qui vont s’affronter pour remporter la couronne de la reine mondiale de beauté, doit commencer cette semaine. Le concours se déroule cette année dans la cité balnéaire de Sanya, au sud de la Chine.

De toutes les concurrentes, Anastasia Lin, Miss Canada 2015, est la seule à n’avoir pas reçu sa lettre d’invitation.

Mme Lin est très impliquée dans la défense des droits de la personne en Chine et elle est convaincue d’avoir été évincée pour cette raison. Elle demande au siège de l’organisation du concours Miss World, basé à Londres, d’intervenir.

« À l’heure actuelle, je ne crois pas du tout que le problème soit d’ordre administratif », expliquait-elle dans un entretien téléphonique depuis Toronto. « Les autres candidates ont déjà reçu leur invitation depuis une quinzaine de jours. À ma connaissance, je suis la seule candidate qui n’ai pas reçu sa lettre d’invitation. »

Le siège de l’organisation répond par le biais du Washington Post en ces termes : « Nous n’avons aucun contrôle sur la délivrance des visas, sur qui va ou non en obtenir un. » Et de conclure : « Bien que cet incident soit regrettable, le concours se poursuivra malgré tout. »

Nous attendons des organisateurs du concours Miss Monde qu’ils aient assez de dignité pour insister et contraindre le pays hôte à accueillir toutes les candidates légitimes – ou qu’ils changent de pays hôte pour le concours. Washington Post

Pour Mme Lin, la réponse de l’organisation élude le problème de la discrimination politique. « Je crois que l’organisation de Miss Monde aurait pu changer le résultat de ma demande de visa », confie-t-elle.

Sans la lettre, Mme Lin n’a pu présenter de demande de visa ; sans visa avant le 20 novembre, elle a été automatiquement disqualifiée.

Les mains du régime chinois semblent très présentes dans les coulisses. Peu de temps après que Mme Lin a remporté le concours au Canada en mai, des agents de sécurité chinois ont été dépêchés au domicile de son père en Chine, pour la mettre sous pression.

Mme Lin a joué dans un certain nombre de films consacrés aux droits de l’homme en Chine, y compris ceux sur la persécution de la pratique spirituelle Falun Gong, un sujet hautement censuré par les forces de sécurité et de propagande chinoises. Outre les films, Mme Lin s’est montrée très active dans l’information et la sensibilisation sur les violations des droits de l’homme en Chine.

C’est sa promesse « d’être la voix des sans voix » qui l’a portée dans sa conquête de la couronne au Canada.

Anastasia Lin, Miss Monde Canada 2015, témoigne devant la Commission exécutive du Congrès sur la Chine à Washington. Elle s’est exprimée ce 23 juillet sur la persécution du Falun Gong. (Anastasia Lin)

Après avoir révélé publiquement que son père avait été menacé par les agents de la sécurité chinoise – une tentative pour la faire taire en s’en prenant à ses proches – elle a obtenu le soutien des représentants du gouvernement canadien.

« Le Canada félicite Mme Lin pour ses efforts de sensibilisation sur ces questions », déclare Amy Mills, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, à Epoch Times dans un communiqué envoyé par courriel. « Le Canada est également préoccupé par les allégations selon lesquelles le gouvernement chinois a harcelé la famille de Mme Lin en Chine. »

Dans son éditorial du 7 novembre intitulé Miss Kowtow 2015 (kowtow est l’expression anglaise tirée du chinois pour dire « courber l’échine »), le Washington Post a écrit : « Nous attendons des organisateurs du concours Miss Monde qu’ils aient assez de dignité pour insister et contraindre le pays hôte à accueillir toutes les candidates légitimes – ou qu’ils changent de pays hôte pour le concours. »

Pour le Washington Post, la réponse que le journal a reçue – dans laquelle le siège de Miss Monde se lave les mains – est typique du « genre de réponse pusillanime qui est devenue banale, à mesure que la Chine intensifie son intimidation ».

Le Parti communiste chinois est bien connu pour ses pratiques d’intimidation et sa punition des personnes et des groupes – dont des universitaires étrangers, des journalistes, des organisations non gouvernementales et d’autres – qui exposent la persécution politique ou d’autres formes d’abus commis par l’État en Chine.

Mme Lin a expliqué à Epoch Times : « Je suis la candidate qui représente le Canada, les juges canadiens m’ont choisie précisément parce qu’ils sont convaincus que je représente au mieux les valeurs canadiennes, dont celles de la liberté et de la dignité humaine. Maintenant, les autorités chinoises essaient de m’empêcher de représenter mon pays, me discriminant, parce que j’ai choisi de rester fidèle à ma conscience et que j’ai exprimé librement le fond de ma pensée. »

Elle a poursuivi, expliquant ce que Miss Monde devrait faire, devant les éventuels cas de discriminations et d’ingérence politique venant de Chine : « Je suggère respectueusement à l’organisation Miss Monde de se demander s’il est vraiment approprié de continuer à utiliser la Chine comme vitrine pour ses évènements. »

« Je me suis engagée dans le concours de Miss Canada, parce que la devise du concours Beauty with purpose (beauté avec raison d’être) me parlait et je pense m’être comportée d’une manière digne de ce principe. Si les organisateurs veulent eux aussi se montrer dignes de leur devise, alors ils auraient bien fait de revenir sur l’organisation en Chine pour cette année », lance-t-elle.

Avant d’ajouter : « Si tout le monde se mobilisait contre le régime chinois, à cause des questions de principe, le régime cesserait d’intimider les gens comme il le fait. »

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