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Narcotrafic : les commandos, « dernier rempart » en mer contre la cocaïne

janvier 15, 2025 15:00, Last Updated: janvier 15, 2025 15:09
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« Toper la cargaison et se dire que cette drogue n’ira pas dans nos rues, au final, c’est ça notre satisfaction ». Les commandos de marine prêtent main forte à la frégate de surveillance française Ventôse basée aux Antilles pour lutter contre le narcotrafic (Narcops).

Ces bérets verts, rompus aux missions rudes et secrètes, chassent la nuit, à bord de leur rapide semi-rigide (un Etraco), des bateaux chargés de cocaïne en mer des Caraïbes.

Les commandos de marine de la Marine nationale avancent à bord d’un canot pneumatique Etraco lors d’une mission d’interception anti-drogue lancée à partir de la frégate de surveillance française FS Ventose naviguant au large de l’île française de la Martinique, dans les Caraïbes, le 15 novembre 2024. (JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

« On part en pleine nuit, au milieu de l’océan, c’est impressionnant. C’est une sensation complètement différente, on est comme des aveugles, nos sens se développent plus, on se sent décuplés », raconte Jo, chef de la mission commandos. Avec sa voix légèrement cassée le quadragénaire, fort de ses 24 années de service, évoque « une petite meute de loups toujours aux aguets ».

Empêcher la cocaïne d’entrer sur le marché européen

Deux à trois fois par an, la marine française mène des opérations Carib Royal en haute mer sur l’arc antillais pour empêcher la cocaïne d’entrer sur le marché européen. Avec en appui un commando basé à Lanester (Morbihan), chargé d’immobiliser un bateau (voilier, go fast) et de monter à bord, dans un cadre juridique strict.

Les membres des forces spéciales, cagoulés, en treillis vert kaki et lourdement armés, se préparent, avec leur équipement de 30 kilos sur le dos, aux pires scénarios, y compris celui de tirs de riposte de trafiquants.

Des commandos de marine de la marine française préparent leurs armes et leur équipement en embarquant sur un bateau pneumatique Etraco pour une mission d’interception antidrogue lancée par la frégate de surveillance FS Ventose de la marine française au large de l’île française de la Martinique, dans les Caraïbes, le 15 novembre 2024. (JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

Des missions assez hostiles

« Le but du commando, c’est de faire des missions que les autres ne sont pas capables de faire. Ce sont des missions assez hostiles. Personne n’a envie de sortir dans une tempête avec mer 5 ou 6, en zodiac! On est peut-être les dernières personnes à pouvoir le faire et ça aussi, c’est le côté exaltant: se dire qu’on est le dernier rempart à ce niveau-là », explique le second maître Brieuc.

Les commandos de marine français participent à un exercice à bord d’un canot pneumatique Etraco mis à l’eau par la frégate de surveillance française FS Ventose en mission au large de l’île française de la Martinique, dans les Caraïbes, le 15 novembre 2024. (JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

Son collègue, le second maître Brice, venu rechercher chez les marines « de la rusticité, de la force mentale » et de la confrontation face « à la mer qui peut être très tranchante », ne s’enorgueillit pas de ces missions hors norme et trouve toujours du sens à ce qu’il fait, même si les saisies de cocaïne sont infimes par rapport aux quantités produites.

Ça a au moins un côté dissuasif

« Je préfère faire un tout petit peu que rien du tout. Si on n’était pas là, qu’est-ce que les trafiquants se diraient? ‘Y a personne pour nous arrêter’. C’est l’autoroute de la drogue! Ça a au moins un côté dissuasif et ça suffit à nous satisfaire », appuie-t-il.

Dans leur mini espace commun à bord du Ventôse, des drapeaux et autres écussons témoignent de leur appartenance à l’un des sept commandos marine en France spécialisés dans l’assaut par la mer, le contre-terrorisme maritime, la libération d’otages et l’extraction de ressortissants, pour lesquels ils mènent des missions délicates et périlleuses dont ils ne disent mot.

Des commandos de marine de la Marine nationale participent à un briefing dans le cadre d’un exercice d’assaut à bord de la frégate de surveillance FS Ventose, dans les eaux internationales des Caraïbes, le 17 novembre 2024. (JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

« On est vachement épaulés, c’est l’esprit d’équipage »

Mais loin de s’isoler, ils partagent des moments de convivialité – et aussi les corvées – avec les marins de la frégate.

« Il y a une super bonne ambiance à bord. C’est super important d’avoir cette cohésion entre ce qu’on appelle la marine en vert, donc souvent déployée au sol, et la marine en bleu, donc embarquée. On est vachement épaulés, c’est l’esprit d’équipage », explique Nono.

Lui est tireur d’élite. Sa mission? Protéger, depuis un hélicoptère, le groupe qui va aborder un éventuel narcotrafiquant, et effectuer « des tirs de sommation, des tirs d’arrêt et d’enchaînement ».

Des commandos de marine de la Marine française préparent des armes et des équipements pour une mission d’interception antidrogue lancée depuis la frégate de surveillance française FS Ventose au large de l’île française de la Martinique, dans les Caraïbes, le 15 novembre 2024.(Photo by JULIEN DE ROSA / AFP) (Photo by JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

Une lourde responsabilité assumée sur ses dix missions opérationnelles, dont deux en mer pour des opérations de lutte contre le narcotrafic.

« Toutes les semaines il se passe quelque chose en France par rapport à ça »

« Sur certaine missions, il y a plus de résonance que sur d’autres. Par exemple, dans les conflits contre Daech, il y avait une très forte résonance par rapport aux attentats de 2015. Là, pour la ‘coke’, il y a aussi une résonance, parce que toutes les semaines il se passe quelque chose en France par rapport à ça », confie le tireur.

« Alors si jamais on chope, je me dis qu’il y aura peut-être la fille d’un ami, ou le fils d’un ami qui ne sera peut-être pas confronté à ça en soirée », espère Nono.

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