La retentissante déroute du fonds d’investissement new-yorkais Archegos fin mars a désormais coûté plus de 10 milliards de dollars aux banques mondiales, après de nouvelles annonces mardi en provenance du japonais Nomura et un impact inattendu pour le suisse UBS.
Le groupe financier japonais Nomura a annoncé mardi avoir enregistré une perte exceptionnelle de 2,3 milliards de dollars (environ 1,9 milliard d’euros) dans ses comptes sur son dernier trimestre 2020/21, clos le 31 mars, selon un communiqué.
Débâcle du fonds Achegos
Nomura, qui ne nomme jamais Archegos, parlant à la place d’un « client américain », avait estimé fin mars cet impact à 2 milliards de dollars.
Autre mauvaise surprise, le groupe a dit mardi s’attendre à un impact additionnel d’environ 570 millions de dollars (472 millions d’euros) sur son exercice 2021/22.
Mais il assure avoir désormais liquidé 97% de ses positions liées à son « client américain ». Du fait de ces déboires, Nomura a subi une perte nette de 155,4 milliards de yens (1,2 milliard d’euros) sur le dernier trimestre de son exercice écoulé (de janvier à fin mars). Il est resté dans le vert sur l’ensemble de l’exercice, avec un bénéfice net de 153,1 milliards de yens (1,17 milliard d’euros), mais ce résultat revient à une chute de 29,4% sur un an.
Nomura renforce la gestion de risque
Nomura a assuré qu’il prenait cette affaire « très au sérieux ». « Nous restons déterminés à renforcer notre direction et à améliorer notre système de gestion des risques », a ajouté son directeur général Kentaro Okuda.
Le groupe a annoncé lundi la nomination d’un co-directeur général pour renforcer la direction de sa filiale chapeautant ses activités aux Etats-Unis, Nomura Holding America: Christopher Willcox, un banquier chevronné passé par JP Morgan Asset Management et Citigroup auparavant.
Par ailleurs, selon des sources interrogées par le Financial Times, Nomura aurait suspendu indéfiniment le responsable de son unité de courtage qui traitait avec Archegos.
Fondateur du fonds : Bill Hwang
Le groupe japonais est l’une des grandes victimes connues à ce jour de la débâcle fin mars de ce fonds d’investissement new-yorkais gérant la fortune de son fondateur, le milliardaire sud-coréen Bill Hwang.
L’importance des pertes chez Nomura montrent « la magnitude de la concentration des risques » au sein de cette entreprise, a taclé mardi dans une note l’analyste Shunsaku Sato de l’agence de notation financière Moody’s.
M. Sato a toutefois jugé « solide » la situation financière de Nomura.
Plusieurs banques touchées
Archegos avait pris indirectement des positions extrêmement risquées via des intermédiaires dont Nomura mais aussi Credit Suisse, Goldman Sachs ou encore Morgan Stanley.
Credit Suisse a annoncé la semaine dernière une charge de 4,4 milliards de francs suisses (4 milliards d’euros) dans ses comptes pour couvrir les dégâts liés à l’implosion d’Archegos, qui ont fait tomber son résultat net dans le rouge au premier trimestre 2021.
L’autre grande banque d’affaires helvétique, UBS, a annoncé mardi une perte de 774 millions de dollars (642 millions d’euros) liée à Archegos.
Cette perte est « plus importante que prévu », a souligné l’analyste de Vontobel Andreas Venditti.
UBS a précisé avoir terminé en avril de liquider ses positions associées à Archegos, ce qui devrait entraîner quelques pertes supplémentaires mais minimes sur son deuxième trimestre.
L’action UBS a clôturé mardi en recul de 1,98% à la Bourse de Zurich . Nomura a fini mardi en hausse de plus de 2% à Tokyo, mais avait publié ses résultats après la clôture.
Via des produits dérivés, Archegos avait fait acheter par ses intermédiaires des actions en Bourse à sa place. Le rendement net de la détention de ces titres revenait au fonds, tandis que ses courtiers touchaient une prime déterminée à l’avance.
Positions extrêmement risquées sur des actions
Mais comme Archegos avait multiplié secrètement de tels accords, ses courtiers ignoraient l’exposition totale du fonds.
Fin mars, quand la valeur d’actions auxquelles Archegos était exposé a fortement baissé, ses différents intermédiaires lui ont demandé d’éponger les pertes via des appels de marge. Mais le fonds en était incapable, déclenchant des ventes en catastrophe par ses courtiers pour tenter de limiter leurs pertes.
Outre Nomura, deux autres institutions financières japonaises sont touchées par cette affaire, mais à une échelle beaucoup plus réduite.
La banque Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFJ) a annoncé fin mars une charge de 270 millions de dollars (224 millions d’euros) et sa rivale Mizuho pourrait avoir subi une perte de 90 millions de dollars (77 millions d’euros) selon la presse japonaise.
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