Les parents de l’école maternelle Émile Zola, située à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), votaient jeudi sur l’éventuel déménagement de quelques classes de l’établissement, situé en plein milieu d’un quartier miné par le trafic de stupéfiants.
Ils étaient appelés à voter jusqu’à 18h00. Les résultats seront communiqués dans la soirée par la municipalité.
L’annexe de l’école maternelle, qui regroupe quatre classes et 60 élèves, est située dans le passage Elizabeth à Saint-Ouen, à 300 mètres du périphérique. Des cris enjoués d’enfants s’échappent de la cour de récréation, invisible depuis le passage.
Le mur qui ceint l’école est surmonté de hauts grillages et recouverts de street art. Sont également écrits à la bombe de peinture « Arago » et « 24/24 » soit les horaires d’ouverture supposés du point de deal.
« Les parents d’élèves ont tiré la sonnette d’alarme »
« On observe les files des gens qui viennent acheter des stupéfiants, les enfants s’interrogent. C’est vrai qu’on a l’impression que l’école est enclavée au milieu du trafic de drogue qui laisse place à l’insécurité », témoigne à l’AFP Sarah Diallo, responsable des achats de 42 ans, accompagnés de ses deux enfants en petite et grande section.
« Les parents d’élèves ont tiré la sonnette d’alarme, il faut y répondre », ajoute-t-elle, se disant favorable au déplacement des classes.
Les avis ne sont pas unanimes. « Comment une commune peut déménager une école à cause d’individus qu’on doit combattre ensemble ? Si on ferme l’école, ça devient quoi demain ? », se demande Yahya Diarrassouba, 51 ans, qui vient chercher à l’école son fils scolarisé en petite section.
« On fuit le problème, on déplace le problème »
« On fuit le problème, on déplace le problème. Qu’est-ce qui est le plus important ? C’est l’avenir de nos enfants », insiste le père de famille qui a voté contre le déplacement de l’école.
Organisée par la municipalité, la votation citoyenne intervient après le jet en janvier d’une bonbonne de protoxyde d’azote dans une fenêtre de l’école. Et depuis mai 2024, des petits sachets de drogue ont déjà été retrouvés trois fois dans la cour de récréation, selon préfecture de police de Paris.
« L’attention des services de police sur le secteur est réelle et soutenue », affirme la préfecture, relevant que depuis le 1er janvier, 29 personnes ont été interpellées dans cette zone pour trafic de stupéfiants et 2 kg de produits ont été saisis.
« Que font les dealers quand ils se font courser ? Ils balancent leurs sachets un peu partout », déplore auprès de l’AFP le maire PS Karim Bouamrane.
« Mettre les moyens pour apporter la sécurité »
L’édile rappelle que sa « responsabilité est de mettre les moyens pour apporter la sécurité et pour les enfants, et pour les parents ».
Les quatre classes concernées pourraient être transférées à quelques centaines de mètres, dans les locaux du relais petite enfance et au sein d’un groupe scolaire. Les parents d’élèves peuvent opter pour cette « solution transitoire » dès le retour des vacances de printemps et jusqu’à la fin de l’année scolaire, ou attendre une relocalisation pérenne prévue pour la rentrée de septembre.
Jeudi matin sur France 2, la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne a martelé que « l’école ne reculera jamais face à la violence ». « On en a parlé avec Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur, ndlr). Évidemment, le gouvernement est déterminé à rétablir un environnement sûr pour cette école » même si « des classes peuvent déménager provisoirement ».
« Que l’école puisse se réinstaller »
« Notre objectif, c’est que l’école puisse se réinstaller », a souligné Mme Borne. Pour cela, il faudra « des travaux de sécurisation, mais surtout un travail pour rétablir un environnement sûr ».
De son côté, le député Insoumis Éric Coquerel a estimé que « l’école, à cet endroit-là, était le dernier signe d’un service public, d’une vie citoyenne.(…) L’école fermant, ça veut vraiment dire que vous laissez place nette au trafic ».
Face aux critiques, le maire de Saint-Ouen assure qu’en cas de déménagement, « une association culturelle d’adultes s’installera (dans ces locaux), donc il n’y aura pas de recul du service public ». « Tous les mètres carrés seront occupés par la puissance publique », assure Karim Bouamrane.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.