EUROPE

Nucléaire: Engie et la Belgique signent un accord sur les centrales et les déchets

juin 29, 2023 17:15, Last Updated: juin 29, 2023 17:16
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Après un long bras de fer, le groupe énergétique Engie et le gouvernement belge ont annoncé jeudi un accord précisant les modalités de la prolongation jusqu’en 2036 de deux centrales nucléaires, en contrepartie d’un engagement de la part du groupe français chiffré au total à 23 milliards d’euros.

Comme le souhaitait Engie, l’accord, esquissé en 2022, comporte un volet sur le plafonnement du coût de la prise en charge des déchets produits par tout le parc nucléaire belge. Il inclut « la fixation d’un montant forfaitaire pour les coûts futurs liés au traitement des déchets nucléaires » pour « 15 milliards d’euros », a expliqué le groupe dans un communiqué. À cette somme s’ajoutent 8 milliards prévus pour le futur démantèlement des sept centrales exploitées par Engie.

Résultat : « Le montant total des engagements nucléaires d’Engie envers la Belgique s’élève désormais à minimum 23 milliards d’euros », s’est félicité le gouvernement belge dans un communiqué distinct. Ce montant contraint Engie à enregistrer dans ses comptes une nouvelle provision exceptionnelle d’environ 4,5 milliards d’euros avant impôts, en surplus de ce qu’avait déjà provisionné le groupe au 31 décembre 2022 pour le démantèlement plus les déchets.

L’énergéticien a précisé jeudi anticiper « une augmentation de la dette nette économique du même ordre de grandeur », soit 4,5 milliards.

Garantir aux Belges « une facture d’énergie abordable »

Alors que tout le parc nucléaire belge était censé être mis à l’arrêt pour fin 2025 au plus tard, cet accord débloque le processus de prolongation pour dix ans des centrales Doel 4, près d’Anvers (nord), et Tihange 3, dans la région de Liège (est).

Une demande exprimée in extremis l’an dernier à Engie par les autorités belges, sur fond d’invasion russe de l’Ukraine et de renchérissement des prix de l’énergie, conjugués au respect des engagements sur la décarbonation de l’économie.

« Cet accord renforce notre approvisionnement en électricité, réduit la dépendance énergétique de notre pays et garantit la production en Belgique d’une électricité décarbonée et bon marché », a salué le Premier ministre belge Alexander De Croo.

« C’est le seul accord que nous pouvions signer » pour garantir aux Belges « une facture d’énergie abordable », a renchéri lors d’une conférence de presse à Bruxelles la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten.

Un accord « équilibré »

Cette écologiste flamande a salué la prise en charge par Engie du coût des déchets, alors que le niveau de ce « cap » – ou plafond – était déjà jugé trop bas par certaines voix critiques dans l’opposition.

Les 15 milliards « c’est de l’argent qui est déposé sur un compte en Belgique avec lequel nous allons pouvoir payer le chantier le plus cher », a assuré Mme Van der Straeten. « Ce montant est payable en deux fois », dont une première tranche l’an prochain, qui concerne les déchets les plus hautement radioactifs et destinés au stockage géologique, a précisé Engie.

En contrepartie, le groupe ne sera plus soumis à une réévaluation des coûts futurs liés au traitement des déchets jusque-là revus tous les trois ans par la Commission belge des provisions nucléaires (CPN).

La directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor s’est félicitée d’un accord « équilibré », qui « donne à Engie la visibilité nécessaire sur le montant global lié à la gestion des déchets nucléaires et réduit significativement les risques liés à la prolongation des deux unités ».

Le modèle économique trouvé repose sur un mécanisme dit de « Contrat pour différence », qui garantit à Engie un revenu fixe pour l’électricité produite et un prix stable pour le consommateur.

L’accord, qui doit être mis en œuvre en juillet, confirme par ailleurs que les deux centrales prolongées seront exploitées dans le cadre d’une coentreprise à parts égales entre Engie et l’État belge.

L’arrêt de trois réacteurs prévu en 2025

La sortie totale et définitive du nucléaire avait été scellée par une loi belge de 2003, restée comme une mesure emblématique de la première participation des écologistes au gouvernement fédéral. Y renoncer a suscité des tensions dans la coalition au pouvoir, à laquelle les écologistes sont de nouveaux associés depuis octobre 2020.

La Belgique, qui comptait sept réacteurs en activité jusqu’à l’été 2022, en a « débranché » deux le 23 septembre 2022 puis le 31 janvier 2023, respectivement Doel 3 et Tihange 2 après 40 ans de service. Trois autres sont censés s’arrêter courant 2025.

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