Avez-vous déjà eu du mal à distinguer votre droite de votre gauche ? Par exemple, vous êtes en plein cours de conduite et l’instructeur vous demande de tourner à gauche et là, vous réfléchissez pour savoir dans quelle direction aller. Si cela vous est déjà arrivé, sachez que vous n’êtes pas seul, une part importante de la population connaît cette difficulté.
Distinguer sa droite de sa gauche est une action neuropsychologique complexe impliquant plusieurs fonctions neurologiques sophistiquées comme la capacité à intégrer des informations sensorielles et visuelles mais également celles du langage et de la mémoire. Pour certaines personnes, c’est une seconde nature mais pour d’autres un challenge considérable. Vous pouvez sur ce site (en anglais) réaliser un test pour voir comment vous vous en sortez.
Un cas pratique dans le domaine de la santé : quand un docteur ou un infirmier se tient devant un patient, leur côté droit fait face au côté gauche du patient. Ainsi, distinguer correctement la droite de la gauche mobilise la capacité de l’aire visuospatiale du cerveau à effectuer une rotation mentale des images.
Du loupé à l’erreur catastrophique
Ce n’est pas vraiment la fin du monde si vous prenez la mauvaise direction lors d’un voyage en voiture, en revanche, beaucoup d’autres situations peuvent avoir des conséquences bien plus graves. Certaines des erreurs les plus tragiques en médecine : quand une chirurgie a été réalisée sur le mauvais côté du corps d’un patient, retirer le mauvais rein ou amputer la mauvaise jambe. Malgré les systèmes de surveillance et de vérification pour minimiser ces risques, lorsqu’ils arrivent, l’erreur humaine en est bien souvent la cause.
L’erreur est une caractéristique inhérente au comportement humain. Parfois, nous nous trompons, simplement. Mais les problèmes de gauche et de droite pourraient être bien plus qu’un souci passager. Des indices suggèrent que ce problème toucherait majoritairement les femmes. La littérature scientifique indique en effet une meilleure fonction cérébrale visuospatiale chez les hommes.
Effet de distraction
Fait curieux : avoir un problème à distinguer sa droite de sa gauche n’arrive jamais lorsque nous sommes seuls. Les hôpitaux et autres lieux de soins sont des environnements de travail complexes et stressants. Les docteurs sont souvent distraits pendant qu’ils travaillent, parce qu’ils doivent répondre au téléphone, parce qu’ils entendent les bips des moniteurs cardiaques, ainsi que des collègues et des patients posant des questions. L’environnement clinique est très éprouvant.
Dans le cadre de nos travaux publiés dans le journal scientifique : Medical Education nous avons étudié l’impact de ces gênes sur des étudiants en médecine et leur capacité à distinguer la droite de la gauche. Nous les avons soumis au bruit ambiant normal d’un service de médecine puis nous les avons dérangés avec des questions médicales.
Nos découvertes furent saisissantes. Même le bruit de fond suffisait pour faire se tromper certains étudiants lorsqu’ils devaient faire leur choix droite-gauche. En leur posant des questions en même temps, l’impact était encore plus important. « L’effet de distraction » était le plus élevé pour les étudiantes âgées.
La capacité à déterminer sa propre capacité à distinguer la droite de la gauche était également peu performante. Ainsi, beaucoup d’étudiants pensaient être bon mais, une fois mesurés objectivement, ce n’était pas le cas.
Trucs et astuces
Les personnes éprouvant des difficultés à distinguer la droite de la gauche développent en général leurs propres trucs et astuces, par exemple ils placent leur pouce et leur index gauche à angle droit et vérifient qu’ils forment un L. Ces techniques sont néanmoins faillibles et ne fonctionnent pas dans tous les cas de figure.
Dans le domaine de la santé, l’éducation, dès la première année de médecine, doit faire comprendre aux étudiants les difficultés qu’ils pourraient avoir à prendre ces décisions et l’impact que peuvent avoir les distractions auxquelles ils seront soumis. Des stratégies doivent être développées pour réduire les situations de risque et rendre conscients les étudiants ainsi que les professeurs que certaines personnes sont plus enclines à avoir des problèmes de gauche et de droite.
Comme les personnes à risque ne pensent pas avoir de problème, la possibilité de tester cette capacité devrait être offerte aux étudiants à travers des tests psychométriques en ligne, par exemple. Cela pourrait pousser certaines personnes connaissant leur problème à agir avec encore plus de vigilance.
Gerard Gormley, Senior Academic General Practitioner, Queen’s University Belfast
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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