Selon Pékin, les citoyens qui signalent des infractions à la loi sur la sécurité nationale peuvent recevoir un certificat de reconnaissance ou une récompense monétaire allant de dix mille yuans (environ 1500 dollars) à plus de cent mille yuans (environ 15.000 dollars), selon l’importance de la dénonciation.
Le 6 juin, le ministère de la Sécurité d’État a annoncé dans un document officiel ses nouvelles règles pour récompenser les personnes qui déclarent être témoins d’actes « mettant en danger la sécurité nationale ».
Les personnes peuvent soumettre des informations en appelant le 12339, une ligne d’assistance désignée, par Internet, en envoyant un mail ou en se rendant directement dans les bureaux d’un organisme de la sécurité intérieure de l’État, selon le document.
Un représentant du ministère a affirmé que cette mesure visait à « consolider les fondements au niveau de la population » de la sécurité nationale chinoise et à lutter contre le renseignement étranger.
Toutefois, les nouvelles règles ne donnent pas de définition précise de ce qu’est « l’atteinte à la sécurité nationale ». Les autorités chinoises peuvent donc interpréter cet énoncé vague comme bon leur semblent et utiliser cette allégation fourre‑tout pour cibler les militants et les défenseurs des droits de l’homme qui chercheront à obtenir justice, critiqueront les atrocités commises par le Parti communiste chinois (PCC) ou accepteront des entretiens avec des journalistes étrangers.
Les nouvelles règles sont entrées en vigueur le jour de leur publication.
Selon Tang Jingyuan, commentateur de l’actualité chinoise en entrevue avec Epoch Times, cette initiative ressemble globalement aux campagnes de dénonciations lancées par le PCC. Il rappelle que Mao Zedong, utilisait cette méthode pour éliminer ses opposants politiques et les dissidents.
« Le PCC a beaucoup profité de cette tactique », explique M. Tang. « Son objectif est d’empêcher ou de dissoudre tous les facteurs favorisant les manifestations de masse en encourageant les dénonciations. Cela lui permet également de désintégrer les relations interpersonnelles grâce à la peur et la méfiance mutuelle. Ainsi, le pouvoir du PCC s’en trouve renforcé. »
Selon M. Tang, le régime communiste utilise cette méthode pour détourner l’attention lorsqu’il est confronté à une crise interne critique.
Au sein du PCC, note M. Tang, les opérations d’espionnage sont devenues un outil brutal mais efficace de lutte interne. Dans l’histoire du PCC, le premier « espion » à avoir été démasqué est l’ancien chef d’État Liu Shaoqi, qui a connu une mort misérable une fois démis de ses fonctions, isolé illégitimement et torturé en détention.
Le 8 juin, deux jours seulement après la mise en place des nouvelles règles par Pékin, la police de Hong Kong a annoncé un système de récompense similaire – pour la première fois dans l’histoire – pour toute personne qui révélerait un comportement terroriste ou violent. Toute personne qui repère un délinquant pourra recevoir jusqu’à 800.000 dollars hongkongais (environ 100.000 dollars).
« L’intention du gouvernement de Hong Kong est claire », explique Chung Kim‑wah, ancien directeur général adjoint du Hong Kong Public Opinion Research Institute, dans une interview accordée à VOA. « Il s’agit de transformer la ville en une société où les gens se surveillent les uns les autres. Ainsi, les Hongkongais ne pourront plus critiquer le gouvernement et le PCC comme ils le faisaient auparavant. »
Luo Ya et Cheng Jing ont contribué à cet article.
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