Le Pérou a fermé samedi le Machu Picchu, joyau touristique et principale attraction du pays secoué depuis décembre par des manifestations qui ont fait 46 morts, alors que la situation reste tendue à Lima.
Un manifestant est mort samedi des suites de ses blessures après les heurts vendredi entre policiers et manifestants à Ilave, dans le sud du Pérou, a annoncé le Défenseur du peuple local.
Cela porte à 46 le nombre de morts depuis le 7 décembre et le début des protestations demandant la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et une Assemblée constituante.
« La fermeture du réseau de sentiers incas (accès terrestres, Chemin de l’Inca) et de la Llaqta (citadelle) du Machu Picchu a été ordonnée en raison de la situation sociale et pour préserver la sécurité des visiteurs », a indiqué le ministère de la Culture dans un communiqué.
Le chemin de fer, seul moyen de se rendre sur le site – en dehors de la marche – est coupé depuis plusieurs jours, la voie ayant été endommagée par des manifestants. Selon la compagnie qui l’exploite, des rails ont été retirés.
Au moins 400 touristes bloqués
Au moins 400 touristes – dont 300 étrangers – sont bloqués au pied du site, à Aguas Calientes.
Les touristes « ne peuvent pas sortir parce que le chemin de fer a été endommagé à différents endroits », a affirmé vendredi soir le ministre du tourisme Luis Fernando Helguero.
« Certains touristes ont choisi de se rendre à pied à Piscacucho mais il s’agit d’une marche de six heures ou plus et très peu de personnes peuvent la faire ».
Piscacucho est le village le plus proche du Machu Picchu relié au réseau routier.
Le tourisme, vital pour l’économie, représente entre 3 et 4% du PIB et donne de l’emploi à toutes les strates de la population.
Les troubles ont commencé après la destitution et l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir.
L’Etat d’urgence dans plusieurs régions
Les autorités ont décrété l’Etat d’urgence dans plusieurs régions dont Lima et Cuzco, capitale touristique du pays, sans enrayer le mouvement de protestation.
La crise est aussi le reflet de l’énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres qui soutenaient le président Castillo, d’origine amérindienne, et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu’ils voient comme le mépris de Lima.
A Lima, au lendemain de deux journées de mobilisation, avec l’arrivée dans la capitale de manifestants venus des pauvres régions andines, la situation restait tendue.
Des forces de l’ordre ont abattu avec un véhicule blindé le portail de l’université de San Marcos pour expulser une partie des manifestants venus de province qui y dormaient depuis plusieurs jours.
Des avocats mais aussi des procureurs se sont rendus sur place « pour vérifier la légalité des opérations policières et garantir » les droits de personnes, selon un communiqué du parquet.
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