L’association Robin des Bois a porté plainte contre X après la pollution au plomb provoquée par l’incendie de Notre-Dame de Paris, en accusant les autorités d’avoir tardé à réagir et manqué de transparence, a-t-elle indiqué lundi à l’AFP.
La plainte a été déposée vendredi auprès du procureur de Paris pour « carences fautives dans la mise en oeuvre des mesures de police générale (notamment la protection et l’information des populations et des travailleurs) ayant pour conséquence la mise en danger délibérée d’autrui et la non-assistance à personne en danger ».
« Les autorités compétentes, y compris le diocèse (…), ont omis de porter secours aux populations permanentes, temporaires et aux travailleurs et les ont laissé subir les retombées toxiques », selon le texte de la plainte.
L’association de défense de l’environnement juge que les autorités auraient dû prendre « des mesures immédiates de confinement de la population riveraine et des travailleurs », « empêcher les attroupements à proximité de l’incendie pendant qu’il faisait rage », le 15 avril, « imposer un éloignement et un confinement des populations », « énoncer des recommandations sanitaires immédiatement après le sinistre ou du moins dans des délais raisonnables c’est-à-dire 24/48 heures après« .
Robin des Bois pointe la mairie de Paris, le ministère de la Culture, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, la préfecture de police de Paris et la préfecture d’Ile-de-France. « Nous pensons que les élus et les hauts fonctionnaires ont été soumis à des pressions diverses », notamment quand Emmanuel Macron a « annoncé que la cathédrale devrait être (…) reconstruite pour l’année 2024 », a déclaré à l’AFP le porte-parole de Robin des Bois, Jacky Bonnemains.
Selon lui, il y a eu une « une carence d’informations » et les données transmises par l’ARS sont « très fragmentaires » et « volontairement difficiles à interpréter ».
Des taux de pollution au plomb supérieurs à 5.000 μg/m2
L’association juge également tardive la fermeture jeudi dernier des deux écoles du 6e arrondissement, transformées en centres de loisirs pour l’été. Des taux de pollution au plomb supérieurs à 5.000 μg/m2 avaient été relevés dans les cours extérieures. « Elles auraient dû être fermées en pleine période scolaire », a déclaré M. Bonnemains, regrettant par ailleurs que les dépistages sanguins du plomb chez les enfants n’aient pas été « systématiques ».
« Plusieurs dizaines de milliers de personnes » (les habitants des arrondissements aux alentours de la cathédrale) seraient concernées par cette pollution au plomb, selon l’association, sans compter les touristes. Jacky Bonnemains a souligné la vulnérabilité des travailleurs et notamment des agents de propreté de la Ville, « sans aucun équipement de protection », des forces de l’ordre, « restées plusieurs semaines sur le parvis », et des intervenants « à l’intérieur de la cathédrale » (échafaudistes, cordistes, conservateurs, etc.)
Les enfants particulièrement exposés
Depuis l’incendie, des taux de concentration importants de plomb, auxquels les enfants sont particulièrement exposés, ont été relevés aux alentours de l’édifice. Plusieurs centaines de tonnes de ce métal contenues dans la charpente de la flèche et la toiture ont en effet fondu pendant l’incendie et se sont volatilisées sous forme de particules.
Vendredi, un groupe scolaire situé rue Saint-Benoît (VIe arrondissement) a été fermé sine die, en raison d’un taux en plomb trop important.
Une exposition aiguë ou chronique à des niveaux élevés de plomb entraîne des troubles digestifs, une perturbation des reins, des lésions du système nerveux ou des anomalies de la reproduction.
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