TAIPEI (Taïwan) – Après deux jours de travail intensif et de préparation, un grand symbole est apparu au centre de la Place de la Liberté – le site ainsi nommé pour son rôle dans la transition de Taïwan vers la démocratie.
Le 26 novembre, portant des vêtements jaunes, bleus, rouges et noirs, environ 6 300 pratiquants de la discipline spirituelle Falun Gong ont formé une grande figure. Elle était accompagnée des trois caractères chinois : vérité, compassion, tolérance. Ces valeurs représentent la base de l’enseignement. Le symbole est appelé « Falun » en chinois, la « Roue de la Loi », et contient les icônes traditionnelles du bouddhisme, le « svastika », et du taoïsme, le « taiji ». C’est l’emblème du Falun Gong aussi appelé Falun Dafa (Grande Roue de la Loi).
Les participants, sont pour la majorité des élèves du Falun Dafa vivant à Taïwan. Ils étaient également accompagnés de personnes venant du Japon, de Corée du Sud, de Hong Kong, du Vietnam, de Singapour et d’Indonésie. La formation des gigantesques figures est devenue une tradition annuelle. Chaque novembre, c’est l’occasion de commémorer le mois où en 1997, M. Li Hongzhi, le fondateur du Falun Gong, a visité l’île pour la première fois.
« Le monde a besoin de vérité, de compassion et de tolérance », a déclaré Huang Chun-mei, l’organisateur de l’activité et le vice-président de l’Association Falun Dafa de Taïwan, « si chacun suivait ces principes, notre société serait meilleure ».
Cette cérémonie a cependant une signification beaucoup plus profonde. Huang Chun-mei explique que cette action permet d’atténuer la persécution violente des pratiquants de Falun Gong en Chine. Contrairement à ce qu’affirme la propagande du régime chinois, cette discipline bouddhiste se développe dans plus de 100 pays à travers le monde.
De la conception à la formation
La planification et la conception de la cérémonie ont commencé il y a plus de deux mois, a déclaré Wu Ching-hsiang, architecte retraité. Cet homme est responsable de l’élaboration des plans pour la formation des figures géantes de Taïwan depuis 2009 ; il a également fourni des esquisses pour des projets similaires à Washington DC et New York.
Dans une entrevue téléphonique, M.Wu a expliqué la lenteur du processus pour obtenir un plan satisfaisant : « Une fois, après avoir terminé un dessin, je me suis soudainement aperçu qu’il faudrait 1000 participants supplémentaires, j’ai dû rapidement tout refaire. »
M.Wu a ajouté qu’à l’origine ces grandes formations proviennent de Chine. Mais à la différence de celles qui se tiennent là-bas et ailleurs de par le monde, celles de Taïwan impliquent souvent des images plus complexes.
« Les formes géométriques impliquant des lignes droites ou des angles de 90 degrés sont relativement faciles », a déclaré Wu, « ce sont des images avec des lignes courbes qui sont les plus difficiles ». Pour donner un exemple, M.Wu a ajouté que le plus compliqué était d’obtenir de beaux caractères chinois dans le style d’une écriture cléricale, une calligraphie actuelle, par opposition aux sinogrammes plus simples d’autrefois.
En Chine, de telles représentations à grande échelle étaient communes avant le mois de juillet 1999 – avant la persécution. Depuis lors, les pratiquants de Taïwan, des États-Unis et de nombreux autres pays ont essayé de maintenir cette coutume.
Wu a expliqué que la figure de cette année, outre l’emblème et les caractères chinois, comporte des rayons de lumière jaunes. Ces rayons, selon lui, représentent la grâce de Bouddha illuminant le monde.
Les préparatifs
Les préparatifs ont commencé sur la Place de la Liberté deux jours avant la formation des caractères. Des centaines de pratiquants, majoritairement de Taipei, se sont chargés de placer manuellement des feuilles de couleur plastifiées et de les coller sur les emplacements désignés.
Wang Chung-tung, agés de 66 ans, capitaine de fret maritime à la retraite et ancien professeur assistant à l’université des Technologies Maritimes de Taipei, a déclaré avoir affronté les années précédentes des conditions météorologiques défavorables ; des fourmis rouges et même des serpents étaient apparus lors des préparatifs (à l’époque la formation des caractères se faisait sur l’herbe et non sur le béton).
C’est un sentiment de gratitude envers le Falun Gong qui a motivé Wang au fils des années dans les préparatifs de cette grande performance. Wang a commencé à pratiquer en 2002 après avoir travaillé 20 ans en mer, un lieu où « la ligne qui sépare la vie et la mort est étroite ». Avec le Falun Gong, il affirme avoir enfin trouvé le sens de la vie, ce qu’il avait cherché durant tant d’années au large.
De la même façon, Chuang Mao-chin, 56 ans, fonctionnaire retraité du Bureau national du commerce extérieur, a déclaré participer aux préparatifs depuis 2011. L’année dernière, Mao se rappelle comment il avait décidé d’y prendre part malgré le mauvais temps, par reconnaissance envers la méthode et en considération de la bonne qualité de sommeil dont il jouit depuis qu’il a commencé à pratiquer en 2010.
La Place de la Liberté est un site très touristique à Taïwan, pour de nombreux de bénévoles, la formation des caractères a été l’occasion de sensibiliser les passants, en particulier les visiteurs de Chine continentale, sur les injustices que subissent aujourd’hui encore les pratiquants de Falun Gong dans ce pays.
« Les touristes sont tout de suite intrigués par la formation des caractères, non seulement le jour même de la formation, mais déjà les quelques jours consacrés aux préparatifs qui précèdent », s’est réjouie le Dr Huang Hui-chun, 37 ans, cardiologue à l’Hôpital universitaire national de Taïwan, et pratiquant depuis 2006.
Huang Chung-peng, 56 ans, propriétaire d’une entreprise de chaudronnerie à New Taipei City, se rappelle de sa rencontre avec un touriste chinois abasourdi de voir que le gouvernement taïwanais autorisait les pratiquants de Falun Gong à tenir une si grande démonstration en public.
« Lorsque les Chinois du continent, qui arrivent à contourner la censure grâce à des logiciels spéciaux, voient les images de la formation de figure géantes, ils réalisent à quel point le Falun Gong est pratiqué ouvertement à Taïwan », a confié Huang Chung-peng.
Une occasion unique à Taïwan
Pour de nombreux pratiquants venus d’autres pays d’Asie, participer à la formation des caractères à Taïwan était un événement à ne pas manquer.
« A part la Chine, tous les autres pays du monde apprécient le Falun Gong », a fait remarquer Sato Kunio, 53 ans, propriétaire d’un hôtel dans la ville japonaise de Chiba. Né à Harbin en Chine il s’est installé au Japon en 1980. Il a commencé à pratiquer le Falun Gong en 1996, et a participé à la formation des figures de Taïwan à plusieurs reprises.
Pour Rosy Ngygen, 34 ans, gestionnaire de compte, originaire du Vietnam, et qui a commencé à pratiquer le Falun Gong en 2012, c’était une précieuse opportunité. Une représentation semblable à une si large échelle demeure impossible à organiser dans son propre pays, en raison des pressions politiques qu’exercent la Chine.
« En soi le gouvernement vietnamien n’est pas opposé au Falun Gong », commence à expliquer Nguyen, avant de poursuivre « mais il ne veut pas contrarier le gouvernement chinois ».
Kim Jung Soo, un retraité du ministère de l’éducation à Busan, en Corée du Sud, a participé à l’évènement même s’il ne pratiquait que depuis trois jours. Il est reconnaissant envers sa femme, devenue « paisible » et « sereine » depuis 14 ans, de lui avoir fait découvrir le Falun Gong.
Pendant que les participants étaient assis pour être photographiés et filmés, de nombreux touristes en profitaient pour s’arrêter et faire des selfies avec un arrière plan coloré et original.
« C’est beau. Je n’en connais pas l’histoire, mais je trouve que c’est très beau », s’est enthousiasmée Mme Sangsajja, une femme de ménage de Thaïlande.
Jose Collazo, analyste commercial de Porto Rico, a confié avoir entendu parler de la persécution en Chine. Il a apprécié voir la formation.
« C’est très coloré. J’aurais voulu avoir une vue d’en haut », a-t-il confié.
Version anglaise : Over 6,000 Gather in Taiwan to Form Emblem of Falun Gong
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