Le 13 mai, un groupe, composé de plus de 100 membres du Parlement européen et d’un parlement national, a soumis une lettre ouverte urgente appelant les 27 ministres de la Santé de l’UE à exiger de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) la réintégration de Taïwan à titre d’observateur au sein de l’agence des Nations unies.
Les signataires soutiennent également que Taïwan devrait être invité à la session de la plus haute instance décisionnelle de l’OMS se tenant à Genève cette semaine.
La lettre initiée par Urmas Paet, membre du Parlement européen (MPE) et ancien ministre des Affaires étrangères de l’Estonie, a été cosignée par 107 parlementaires européens et cinq membres du Parlement allemand, représentant divers groupes politiques. La lettre appelle les ministres de la Santé de l’UE à demander la participation de Taïwan à toutes les réunions, mécanismes et activités de l’OMS.
Entre 2009 et 2016, Taïwan avait le statut d’observateur à l’OMS.
« Le gouvernement taïwanais a réussi à freiner la propagation du virus malgré la proximité géographique de Taïwan par rapport à l’origine du virus », indique la lettre. Taïwan n’est qu’à 128 kilomètres de la Chine.
Taïwan doit être invitée à la réunion de Genève afin de partager avec le monde le succès de son approche et freiner la propagation du virus du PCC (Parti communiste chinois), communément appelé nouveau coronavirus, car les informations et l’expertise de Taïwan peuvent aider le monde à « combattre la pandémie », explique la lettre.
CORONAVIRUS : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR
Le virus du PCC est apparu en Chine l’année dernière et s’est répandu dans le monde entier, infectant plus de 4,6 millions de personnes et en tuant près de 314 000, en date du 17 mai. Au 17 mai, Taïwan – un pays de plus de 23 millions d’habitants – comptait 440 cas confirmés de Covid-19 et seulement sept décès, selon le Centre taïwanais de contrôle des maladies (CDC).
Les signataires de la lettre demandent expressément que « le ministre taïwanais de la Santé et du Bien-être, Chen Shih Chung, soit invité à participer à la vidéoconférence [de l’Assemblée mondiale de la santé] de cette année, en tant qu’observateur, afin de partager avec nous l’expérience positive de Taïwan dans la gestion de la pandémie Covid-19 ».
L’Assemblée mondiale de la santé (AMS) est l’organe décisionnel de l’OMS. Elle réunit des délégations de tous les États membres de l’OMS et se tient chaque année à Genève, selon son site web. Cette année, la session aura lieu les 18 et 19 mai.
Les signataires demandent également que « l’OMS facilite la prise de dispositions appropriées et réalisables pour que Taïwan participe à toutes les réunions, mécanismes et activités de l’OMS ».
Dans une déclaration en réponse à la lettre de soutien des législateurs européens, le ministère des Affaires étrangères de Taïwan a déclaré : « Nous espérons que l’OMS écoutera la voix du public en Europe au lieu de se soumettre aux manœuvres politiques d’un certain membre de l’OMS. »
Le ministère a déclaré que l’OMS peut inviter des observateurs de l’AMS de deux manières : soit par une résolution adoptée par l’AMS ou par une invitation du directeur général de l’OMS, comme ce fut le cas de 2009 à 2016.
Le directeur général de l’OMS ne peut émettre une invitation que lorsqu’il y a un soutien clair des membres de l’OMS, ce qui n’est pas le cas cette année, selon Focus Taïwan, qui a cité Steven Solomon, juriste principal de l’OMS, le 11 mai.
Soutien à la participation de Taïwan à l’OMS
Les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont déjà officiellement exprimé leur soutien au retour de Taïwan à son ancien statut d’observateur auprès de l’OMS.
Le président Donald Trump a signé en mars une loi appelée « Taiwan Allies International Protection and Enhancement Initiative Act », également connue sous le nom de TAIPEI Act, qui exige que le Département d’État plaide pour que Taïwan obtienne le statut d’observateur dans les organisations internationales appropriées.
Le gouvernement américain aidera Taïwan à jouer le rôle qui lui revient « dans toutes les organisations dont le contenu est lié à ce qui se passe à Taïwan », y compris l’OMS, a déclaré le secrétaire d’État Mike Pompeo lors d’un point de presse le 30 mars.
Selon le ministère taïwanais des Affaires étrangères, 205 membres bipartites de la Chambre des représentants des États-Unis ont envoyé une lettre le 14 mai au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, demandant la participation de Taïwan en tant qu’observateur à la réunion de l’OMS à Genève.
Soixante et onze législateurs de dix pays d’Amérique centrale et du Sud ont envoyé des lettres individuelles à Dr Tedros, l’exhortant à envisager « la participation de Taïwan au système de santé mondial », selon Focus Taïwan.
La réponse de Taïwan face à la propagation du virus du PCC
Il n’y a pas eu de propagation communautaire du virus du PCC au sein de la population de Taïwan, de sorte que la vie quotidienne a maintenu son cours pratiquement normal sur l’île – sans avoir eu à recourir à des mesures restrictives d’envergure telles que celles adoptées aux États-Unis et en Europe.
Le 31 décembre de l’année dernière, lorsque les autorités de Wuhan ont publiquement reconnu l’existence d’une mystérieuse maladie de type pneumonie, Taïwan a mis en place des mesures de quarantaine à la frontière, incluant l’évaluation des symptômes de fièvre et de pneumonie chez les passagers des vols en provenance de Wuhan.
Le 5 janvier, les autorités taïwanaises ont demandé aux personnes ayant voyagé à Wuhan de se soumettre à un test Covid-19, en particulier si elles présentaient de la fièvre ou des symptômes respiratoires. Le 25 janvier, Taïwan a suspendu tous les voyages en Chine et le 6 février, l’île a interdit l’entrée à tous les visiteurs chinois du continent.
Le 24 janvier, le gouvernement taïwanais a interdit l’exportation de masques chirurgicaux tout en portant la production locale de masques à 10 millions par jour.
Un autre facteur clé de la réussite de Taïwan a été la confiance que le gouvernement de l’île a su gagner auprès du public, a déclaré Wu Ming-tsang, éminent professeur au Département de santé publique de l’université médicale Kaohsiung de Taïwan.
Ce n’est que le 20 janvier que Pékin a reconnu que le virus du PCC était transmissible entre humains.
L’OMS n’a pas tenu compte de l’avertissement reçu le 31 décembre des autorités taïwanaises concernant le risque de transmission interhumaine du virus du PCC, et a attendu le 30 janvier pour déclarer une « urgence de santé publique« .
Le 27 janvier, l’OMS a reconnu dans un rapport (pdf) qu’elle avait mal évalué le risque du virus.
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