Donald Tusk, leader de la coalition d’opposition pro-européenne, a remporté le vote de confiance du Parlement polonaise et a donc été élu Premier ministre. Mardi dans son discours de politique générale, il a insisté sur le retour de son pays sur la scène européenne, le soutien à l’Ukraine en guerre et sa volonté de reconstruire une communauté nationale profondément divisée.
Même si la coalition de forces pro-européennes a remporté les législatives du 15 octobre, le Président Andrzej Duda s’est d’abord tourné vers le Premier ministre sortant, Mateusz Morawiecki, de sa famille politique, pour former un nouveau gouvernement et offrir ainsi au camp nationaliste populiste deux mois au pouvoir supplémentaire.
Lundi, le Parlement a refusé sa confiance au gouvernement sortant de Mateusz Morawiecki avant d’élire M. Tusk. Le parti Droit et Justice (PiS) a remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement mais sans possibilité de former une majorité, laquelle se dégage en revanche pour les forces pro-européennes. Décrivant l’administration nationaliste sortante comme des années de « ténèbres », M. Tusk a déclaré lundi que son gouvernement s’efforcerait de « redresser tous les torts ». Son adversaire, Jaroslaw Kaczynski, chef du PiS, le parti Droit et Justice, a riposté en accusant M. Tusk d’être un « agent allemand » et a déploré « la fin de la démocratie ».
Les attentes sont énormes envers ce futur gouvernement pro-européen, mais les nationalistes populistes resteront une opposition puissante et continueront à contrôler plusieurs institutions d’État. Les analystes parlent d’« une toile d’araignée » tissée par le PiS autour de l’État, d’autant plus solide que le mandat présidentiel de M. Duda ne s’achève qu’en 2025 et qu’il peut à tout moment opposer son veto à des lois adoptées par le Parlement.
Le parlement polonais va procéder dans l’après-midi au vote de confiance, quasiment certain à la chambre basse du Parlement contrôlée par son alliance multipartite, qui mettra fin à huit ans de pouvoir nationaliste populiste.
Dans son discours devant les députés, M. Tusk a appelé le monde à « une mobilisation totale » en faveur de l’Ukraine face à l’offensive russe et a assuré d’œuvrer « de manière efficace en faveur de Kiev ». L’ancien chef du Conseil européen a également exprimé son espoir de rencontrer cette semaine le Président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’un sommet européen à Bruxelles. Il a également promis de résoudre le conflit à la frontière avec l’Ukraine bloquée par les routiers polonais.
« Nous avons déjà trouvé les solutions pour répondre le plus vite possible aux besoins des transporteurs polonais et débloquer la frontière », a-t-il déclaré, accusant le gouvernement précédent d’avoir « abandonné » les routiers qui protestent depuis un mois. La volonté de coopération semble réciproque puisque le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a immédiatement envoyé sur X ses « félicitations » lundi après l’élection de M. Tusk au poste de Premier ministre.
Rétablir la crédibilité de la Pologne
S’adressant à la chambre basse du Parlement, M. Tusk a également déclaré qu’il rétablirait la crédibilité de la Pologne au sein de l’UE et qu’il lui donnerait une voix importante. « Nous sommes d’autant plus forts, d’autant plus souverains non seulement quand la Pologne est plus forte, mais aussi quand l’Union européenne l’est », a déclaré M. Tusk, alors que le précédent gouvernement entretenait des relations conflictuelles avec Bruxelles.
Il a promis de rétablir l’État de droit dans son pays, source de discorde profonde entre Varsovie et Bruxelles qui, dénonçant des manquements dans ce domaine, a bloqué plus de 35 milliards d’euros destinés à la Pologne dans le cadre du Fonds de relance de l’UE. « Oui, je ramènerai de Bruxelles ces milliards tant attendus », a lancé M. Tusk qui a déjà été Premier ministre de 2007 à 2014 et président du Conseil européen de 2014 à 2019.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a également félicité lundi, en tweetant : « Je me réjouis de travailler avec vous ». « Votre expérience et votre fort engagement envers nos valeurs européennes seront précieux pour forger une Europe plus forte », a-t-elle ajouté sur X.
Lors de son discours, M. Tusk a également présenté sa liste de ministres. Sauf surprise, le nouveau Premier ministre devrait prêter serment mercredi matin. Composée par la Coalition Civique (KO, centre), la Troisième Voie (démocrate chrétien) et la gauche, la coalition pro-européenne dispose de 248 députés, face à 194 élus du parti Droit et Justice (PiS) et à 18 de la Confédération, sur 460 sièges au total.
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