La présence d’un nuage très dense de smog (pollution) dans de nombreuses villes chinoises a rendu le port du masque de protection presque obligatoire pour quiconque qui envisage de rester longtemps à l’air libre.
C’est aussi un phénomène embarrassant pour les autorités du régime chinois, qui peuvent cacher un grand nombre de violations des droits de l’homme et de scandales, mais pas ce qui reste dans l’air et ce qui est observé et respiré par tout le monde. Les récentes protestations de mécontentement des habitants souffrant d’un nuage de pollution épais qui s’est propagé à Chengdu, dans le sud-ouest de la Chine, semblent avoir franchi la ligne rouge de la critique et ont été réprimées par la police.
La place Tianfu, le centre d’affaires de la ville, a été « «nettoyée» et fermée pendant le week-end, alors que la police a réprimé une vive manifestation. Plusieurs personnes qui avaient mis des masques sur les statues pour protester contre la pollution de l’air ont été arrêtées. Par la suite, les autorités ont lancé une campagne contre le port du masque (probablement contre la santé publique).
Une capture d’écran largement diffusée sur Wechat, un site populaire de médias sociaux chinois, montrait une annonce publiée en ligne par l’École de langue étrangère de Jiaxiang, qui interdisait les masques et les filtres à air sur le campus. Se référant à une notification des autorités supérieures, l’école a traité la dangerosité de la pollution de « rumeur » et a demandé à tout le monde de croire les autorités. Un internaute sous le nom de Professeur Zeng a commenté dans son message : « Tant qu’il y aura du soleil et de l’oxygène dans votre cœur, toute la pollution finira par se disperser. »
Le Département de propagande de Chengdu a publié un avis exigeant de tous les médias d’utiliser les « informations officielles » provenant du Département de l’environnement pour informer la population au sujet de la pollution de l’air cet hiver.
Les pharmacies et les cliniques locales ont reçu l’ordre d’alerter la police lorsqu’elles reçoivent de grosses commandes de masques faciaux. Les imprimeries doivent également signaler tout ordre d’impression contenant les mots « santé corporelle », « pétrochimie » ou « protection de l’environnement » considérés comme signes de plaintes contre la pollution atmosphérique. Les habitants de Chengdu ont largement lié l’origine de la pollution aux toxines de l’usine pétrochimique locale de Pengzhou. Cela a donné lieu à au moins trois manifestations récentes, dispersées par la police.
Le 12 décembre dernier, la police a rapidement arrêté huit personnes masquées qui avaient organisé une manifestation silencieuse dans un quartier commercial animé. Ces gens ont été interrogés pendant cinq heures avant d’être relâchés le lendemain matin. Une femme d’environ 60 ans qui s’est arrêtée pour prendre des photos de cette protestation a également été arrêtée. Des renforts de police on été amenés de l’extérieur de la ville. Les habitants locaux ont déclaré qu’ils avaient été interrogés ou détenus pour avoir porté des masques ou simplement pour avoir pris des photos du nuage de pollution.
Un grand nombre d’habitants mécontents ont créé une chaîne en ligne pour exprimer leur frustration. « Si vous n’avez pas porté de masque quand vous étiez encore vivant, n’accusez pas la pollution de vous avoir tué », ont écrit plusieurs internautes. D’autres ont posté des selfies avec des masques faciaux, exigeant des mesures officielles efficaces pour améliorer la qualité de l’air. Depuis le début de décembre, la Chine est exposée à la pollution atmosphérique – plus de 60 villes sont couvertes de nuages de pollution. La situation est devenue si grave à Chengdu que les autorités ont dû fermer l’aéroport local pendant dix heures. Des centaines de vols ont été annulés.
Version anglaise : Wearing Face Masks to Escape pollution Is the Latest ‘Crime’ in China
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