L’un des champs de bataille les plus importants de la crise de Hong Kong ne se trouve pas à Hong Kong, mais en Chine. Ce champ de bataille est l’esprit des Chinois habitant en Chine continentale. Alors que le déploiement de l’équipement et du personnel militaire chinois se poursuit à l’extérieur de la ville, le Parti communiste chinois (PCC) s’efforce de façonner l’opinion de la population chinoise par rapport aux manifestants hongkongais.
Le contrôle de l’information
Comme dans toutes les dictatures, le contrôle de l’information est l’un des principaux moyens permettant au PCC de rester au pouvoir. Puisque l’Internet et les médias sociaux sont tous fortement censurés par Pékin, tout reportage objectif sur la nature des manifestations ne pourrait avoir qu’un impact minimal en Chine avant d’être rapidement supprimé. De plus, ceux qui publient des informations ou des opinions contraires à l’interprétation officielle des protestations de Hong Kong, risquent de faire face à de graves conséquences, notamment à l’arrestation et à l’emprisonnement.
L’opinion publique chinoise sur les événements de Hong Kong est donc largement façonnée par le flux d’informations officiellement approuvées. Et les médias d’État présentent les manifestations de Hong Kong comme étant dirigées par des puissances étrangères.
Par exemple, dans de récents reportages parus dans le quotidien d’État chinois Global Times, le PCC qualifie les événements de Hong Kong d’être une sorte de « révolution de couleur ». C’est-à-dire qu’ils sont considérés comme anti-révolutionnaires et comme un « front anti-chinois » par leur nature et par leurs objectifs. Cela pourrait être vrai pour certains manifestants, mais pas pour les autres.
Cependant, ces reportages ont bien raison dans leurs estimations des manifestants dans leur ensemble : ils constituent un danger pour le régime chinois, en particulier pour le pouvoir total du PCC. Dans une certaine mesure, toute protestation est une rébellion. C’est ce qui explique pourquoi les dirigeants chinois veulent préserver l’opinion publique qui leur est favorable – toute action prise à l’encontre des manifestants devrait être considérée comme juste par la population chinoise. Le Parti espère que si des arrestations massives et des décès possibles se produisent à Hong Kong, ils ne déclencheront pas des manifestations similaires en Chine continentale.
Une campagne de désinformation
À cette fin, les médias sociaux officiels de la Chine diffusent de la désinformation sur les manifestations hongkongaises. Le PCC accuse de violence généralisée les manifestants, qui sont principalement pacifiques, et non la police ou ses mandataires voyous de la Triade. Le reste du monde voit cette réalité, mais non les gens qui sont gouvernés par le régime chinois, pour qui ils représentent un auditoire important.
Bien sûr, les manifestants ne sont pas tous pareils dans leurs plaintes, leurs tactiques ou leurs objectifs. À l’origine, les manifestations étaient contre le projet de loi sur l’extradition. Cette loi prévoyait que les criminels présumés de Hong Kong pouvaient être emmenés à Pékin pour y être jugés ou punis, ou les deux à la fois. Certains manifestants sont allés plus loin en demandant un examen de la brutalité policière, d’autres cherchent à revenir à l’arrangement « un pays, deux systèmes », tandis que d’autres encore demandent une démocratie complète pour Hong Kong.
Fang Kecheng, professeur de communication à l’Université chinoise de Hong Kong (CUHK), explique : « Le mouvement [de protestation] est si compliqué, imprévisible et sans précédent, avec des groupes très diversifiés de participants, mais ce que nous voyons derrière la grande muraille du pare-feu Internet de Chine, c’est quelque chose de très simplifié et déformé. »
En outre, les actions des manifestants ont été bien différentes. Les sit-in et les marches calmes ont dégénéré en barricades de rue, des grèves des employés de l’aviation, des ingénieurs et des travailleurs d’autres industries clés. Dans leur ensemble, cela a durement frappé l’économie de Hong Kong.
Mais ces détails ne sont pas pertinents pour Pékin. La seule chose qui compte, c’est le message que le peuple chinois voit et entend.
Le nationalisme anti-occidental
Bien sûr, la propagande anti-occidentale et anti-américaine est un thème courant dans les médias d’État chinois depuis des décennies. La propagande officielle chinoise accuse les manifestations de Hong Kong d’« influences occidentales ».
La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis a certainement prouvé, dans certains esprits, qu’une telle propagande était vraie. Aujourd’hui, en tenant compte de la situation à Hong Kong, le message anti-occidental est devenu encore plus présent et fort. Comme la présentation négative des manifestants par le régime chinois continue de devenir de plus en plus visible, il est facile pour les médias d’État d’accuser les autres des manifestations et de tout ce qui pourrait se passer par la suite.
Le PCC commence à perdre patience
Même si le PCC réussit dans sa campagne d’accuser la « main noire » de l’Occident et de la CIA, cette campagne a poussé le dirigeant chinois Xi Jinping dans une impasse politique. Puisque les médias d’État accusent publiquement l’Occident d’être derrière les manifestations, combien de temps le PCC peut-il retarder la répression de la rébellion « dirigée par les étrangers » avant de commencer à perdre la face devant les Chinois ? Comment expliqueront-ils son hésitation sans que le PCC ne paraisse faible ?
Alors que le 1er octobre, la date du 70e anniversaire de la République populaire de Chine (RPC), approche à grands pas, quelle image auront Xi Jinping et le PCC aux yeux des Chinois si, en pleine célébration de la « glorieuse révolution », les manifestations se poursuivent à Hong Kong ?
L’image publique est très importante pour les dirigeants politiques, surtout en temps de crise. Un observateur raisonnable pourrait s’attendre à ce que Xi Jinping et le PCC agissent à Hong Kong au début du mois de septembre, voire avant.
James Gorrie est un écrivain texan. Il est l’auteur du livre The China Crisis.
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