PORTRAIT – À un peu plus d’un mois des élections législatives outre-Rhin, l’AfD (l’Alternative pour l’Allemagne) est en pleine dynamique. Selon un dernier sondage, le parti crée en 2013 serait en deuxième position derrière la CDU, la droite traditionnelle. Alice Weidel, co-présidente du parti depuis deux ans et demi, a été désignée le week-end dernier « candidate à la Chancellerie ». Adepte des positions fermes sur la sécurité, l’immigration et le changement climatique, cette dernière entend prendre la tête de la première puissance économique européenne.
Élue au Bundestag depuis sept ans, Alice Weidel a été choisie lors du congrès de l’AfD à Riesa ce samedi 11 janvier pour porter officiellement les couleurs du mouvement en vue des élections législatives du 23 février prochain. La quadragénaire présente cependant un profil et un parcours singuliers pour une cheffe de parti souvent qualifié par la presse et ses opposants d’« extrême droite » et « antisystème ». Née en Allemagne de l’Ouest en 1979 dans le riche Land de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Alice Weidel avait choisi, avant de se lancer en politique, de faire carrière dans les milieux économiques et financiers. Doctorante en économie de l’université de Bayreuth, cette dernière, a travaillé pour diverses banques : Goldman Sachs et Allianz Investors. Elle a d’ailleurs vécu outre-Atlantique, avant de partir en Chine plusieurs années.
Elle rejoint en 2013, après un bref passage au parti centriste FDP, le parti naissant AfD. C’est à partir de cette période qu’elle va réellement entamer une carrière politique.
Une libérale atypique
À l’inverse d’autres leaders de partis « antisystème » comme Marine Le Pen en France, Alice Weidel est une libérale convaincue et est admirative de la politique mise en œuvre par Margaret Thatcher. « Margaret Thatcher est mon modèle politique », a-t-elle déclaré dans les colonnes du média allemand Bil dam Sonntag en 2017. Fait intéressant quand on sait que l’ancienne cheffe des Tories est régulièrement érigée en modèle par les partis de centre droit et de droite classiques. Par ailleurs, l’AfD réalise des scores importants en ex-Allemagne de l’Est, dans des régions où certains électeurs sont encore animés par la nostalgie de la République démocratique allemande (RDA), autrement dit à des années-lumière des discours néolibéraux thatchériens.
Contrairement à la plupart des admirateurs de l’ancienne première ministre britannique, celle qui co-dirige l’Alternative pour l’Allemagne depuis 2022 avec le député Tino Chrupalla, est partisane d’un réchauffement des relations entre Berlin et Moscou. Elle entend notamment relancer le gazoduc Nord Steam et reprendre les achats de gaz russe.
Alice Weidel n’a également pas eu que des mots doux à l’égard de l’OTAN. En 2022, au parlement, elle déclarait que son parti espérait que des mesures seraient prises pour que « l’Ukraine et tous les autres pays environnants soient neutres et ne repoussent pas continuellement les frontières de l’expansion de l’OTAN vers l’est ». D’ailleurs, l’AfD s’oppose à la livraison d’armes à l’Ukraine. « L’OTAN n’est actuellement pas une alliance de défense. Une communauté de défense doit accepter et respecter les intérêts de tous les pays européens, y compris ceux de la Russie », a même déclaré au quotidien allemand Welt en décembre Tino Chrupalla.
Des propositions fortes
Celle qui a échangé la semaine dernière sur X avec Elon Musk prône un changement majeur en matière de lutte contre l’immigration, et notamment une fermeture totale des frontières. D’ailleurs, lors de son discours au congrès à Riesa, samedi, elle n’a pas hésité à parler de « remigration ». « Je le dis très honnêtement, si cela doit s’appeler remigration, cela s’appellera remigration », a-t-elle lancé.
Même fermeté en matière de lutte contre l’insécurité. Alors qu’en France, certains partis de droite prônent l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans, l’AfD défend un abaissement à 12 ans. Autre thème sur lequel Alice Weidel entend marquer une rupture : la politique climatique. Farouchement opposée à ce qu’on appelle outre-Rhin la « Energiewende » (transition énergétique en français) elle souhaite « démolir » les éoliennes et conserver les centrales à charbon. « Nous sonnerons la fin du tournant énergétique et l’abandon de la politique climatique de l’UE », a-t-elle déclaré.
Pour l’heure, l’AfD est créditée de 22 % des intentions de vote selon un sondage Insa publié le week-end dernier, en deuxième position derrière la CDU/CSU qui est en tête (31 %). Les socialistes et les Verts, au pouvoir depuis 2021 récolteraient, quant à eux, 15 et 13 % des suffrages. Si la dynamique du parti de droite nationaliste allemand se confirme, il doublerait le score réalisé il y a quatre ans. Mais même en cas de percée, il est peu probable qu’Alice Weidel accède à des responsabilités dans le futur gouvernement allemand. Aucun parti, pas même la droite traditionnelle, ne souhaite bâtir de coalition avec elle.
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