Une histoire des 60 dernières années
Le logement social, à l’origine des cités de banlieue, remonte en fait au début de la révolution industrielle à la fin du XIXe siècle. La production de masse change alors les codes de l’urbanisme et de l’habitation avec les premières cités ouvrières.
Après une politique publique au début du XXe siècle appuyée sur le social, c’est au sortir de la Seconde Guerre mondiale que le concept de la cité se généralise auprès des civils pour répondre aux besoins de reconstruction d’après guerre. Il faut en effet reloger des millions de Français vivant dans des conditions de grande insalubrité: 90% de la population n’a ni baignoire ni douche, 80% pas de WC intérieurs et 48% pas d’eau courante. Dans les 20 années qui suivent, s’ajoute la croisée des destins avec le baby-boom et la fin de la colonisation en Indochine, au Maroc, en Tunisie et en Algérie attirant de grandes vagues d’immigration en France.
La réponse des pouvoirs publics pour faire face à une crise prégnante du logement a été de s’appuyer sur les techniques industrielles de construction de l’époque – c’est à dire construire rapidement et à faible coup, sans avoir le recul nécessaire sur l’aspect sociétal à long terme. Quand la reconstruction prévoyait 240.000 logements par an pendant cinq ans en 1953, la construction a débouché sur des programmes démesurés. En moins de 15 ans, 220 ZUP voient le jour dans toute la France, offrant 2,2 millions de logements dits sociaux, principalement utilisés par les ouvriers et les travailleurs immigrés. Jusqu’à 1975, en l’espace de trente ans, les logements sont passés de 12 à 21 millions avec un rythme de construction record en 1973 de plus de 500.000 logements par an. Ces logements seront désertés par les ouvriers préférant la construction pavillonnaire et repris au fur et à mesure par l’arrivée des nouveaux migrants.
Ayant été construites rapidement, ces barres d’habitation moderne deviennent des fardeaux pour le «vivre ensemble», complètement bloqué par le ciment et l’inexistence de transports et de structures culturelles et administratives adaptées.
Olivier Guichard, ministre de l’Équipement et du Logement, disait à ce propos le 21 mars 1973: Une société unie n’est pas une société sans différences, mais une société sans frontières intérieures».
Les conséquences de la ghettoïsation
Les revers des structures HLM ont fait la Une des médias depuis deux ou trois décennies. Pour éviter une stigmatisation involontaire, nous en dirons quelques mots seulement. Les générations successives et l’enclavement des cités ont induit un communautarisme culturel en marge du modèle républicain. Certains quartiers sont devenus des zones de non droit, ou les caïds sont respectés et la police menacée. Trafic de drogues et d’armes, petite délinquance et grand banditisme, chômage élevé, etc. Une partie des maux induits par la société s’y retrouvent au grand jour à quelques kilomètres de Paris.
Une formidable opportunité de développement
Un célèbre Premier ministre britannique luttait contre le pessimisme en voyant dans chaque crise une opportunité. La question de la banlieue et de l’échec du modèle républicain des dernières décennies ouvre la porte selon les maires des villes concernées à de nombreux défis devant être soutenus par l’État.
Sans parler du projet du Grand Paris destiné à désenclaver les cités, plusieurs initiatives sont déjà en cours par les associations et les organismes publics pour donner les conditions de travail et d’expression aux forces vives d’une partie de la jeunesse dont la société est privée. Des initiatives qui vont être davantage soutenues et encadrées dans les mois et années à venir.
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