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Sept morts Nice au quartier des Moulins à Nice : colère et inquiétude après l’incendie criminel lié au trafic de drogue

juillet 19, 2024 9:30, Last Updated: juillet 19, 2024 9:47
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Dans le quartier populaire des Moulins à Nice, la colère et l’inquiétude prévalaient jeudi après la mort de sept personnes dans un incendie perçu par tous comme un nouveau palier dans les violences liées au trafic de drogue.

« Je suis endeuillé, en colère et triste », explique Zyad Mohamed, étudiant en psychologie de 23 ans, qui réside dans un immeuble voisin de celui où trois enfants, un adolescent et trois adultes ont trouvé la mort. « Les cris d’hier soir, je les entends encore. »

« Récupérer des points de deal »

L’incendie étant probablement d’origine criminelle, beaucoup ont vite fait le lien avec les violences déjà existantes dans le quartier de 8000 habitants, proche d’axes de transports majeurs mais enclavé.

« Malheureusement, on est un peu habitué à entendre des tirs, des courses-poursuites, mais là, on est passé à une étape supérieure, et je crains le pire », explique Nathalie Baptistelli, une représentante de quartier qui réside désormais près des Moulins.

Laurent Martin de Frémont, secrétaire départemental du syndicat policier Unité 06, abonde : « Il y a aujourd’hui des individus qui veulent récupérer des points de deal et qui sont passés au stade supérieur de l’intimidation. »

« Ca a démarré avec des tirs de kalach en l’air », puis des tirs qui n’étaient plus seulement de l’intimidation ces derniers mois, rappelle-t-il : « Et puis là, des individus cagoulés qui rentrent dans un hall d’immeuble et qui possiblement ont peut-être pu commettre ceci. On franchit un cap insupportable. »

« Tout le monde était fou »

Des caméras de vidéosurveillance de la ville ont filmé les visages non dissimulés de trois jeunes sortant d’une voiture pour entrer dans un des bâtiments de logements sociaux à 2h24, rapporte Le Monde. Cassant la porte d’entrée, ils parviennent à pénétrer à l’intérieur. Dans la suite de leur départ, trois départs de feu ont lieu, aux premier, deuxième et troisième étages.

Quelques minutes suspendus au rebord de la fenêtre du 7e étage de leur immeuble en flammes, Mhouadim, un père de famille de 45 ans, et son beau-fils de 23 ans, ont lâché prise. Le premier est mort sur le coup tandis que le second hospitalisé en urgence absolue.

« Ils ont crié “à l’aide, à l’aide”. On répondait tous “tenez bon, tenez bon, ne lâchez pas, les secours vont arriver, on va vous sauver”. On a vu les policiers débarquer en courant. Et ils sont tombés. Les femmes ont hurlé. Tout le monde était fou, même les policiers étaient trop choqués », témoigne au Monde une habitant de l’immeuble de ce qu’elle a aperçu depuis la rue. « Moi je l’aimais bien cette famille, les petits jouaient tout le temps dans la cour, et avec leur mère on s’entendait bien », ajoute-t-elle, atterrée, à propos de Sitty, la mère de famille, ses quatre enfants et leur tante en visite, tous morts dans l’incendie.

« Chacun a sa part de responsabilité »

À la mi-journée, des habitants ont pris à partie le maire Christian Estrosi, venu parler à la presse et finalement sorti du périmètre de sécurité pour aller à leur rencontre. « On a besoin de remettre des gardiens et des policiers de proximité. Aujourd’hui on a un grand commissariat mais à 18h00 c’est fermé et si vous allez déposer plainte, vous mettez entre 4 heures et 6 heures et vous risquez d’être repéré », a expliqué Mme Baptistelli.

« Aujourd’hui, il faut mettre en place les moyens d’un vrai dialogue », insiste Zyad Mohamed, redoutant une simple augmentation des patrouilles de police pendant quelques semaines.

« Bien évidemment que chacun a sa part de responsabilité. (Mais) on aimerait juste qu’on nous entende. Et surtout, croyez en nous, s’il vous plaît. Parce que dans ce quartier, il y a des talents. C’est pas seulement la prison ou la mort. On a des jeunes qui s’en sortent », ajoute-t-il.

« On a pris 30 ans de retard », reconnaît M. Martin de Frémont en regrettant un manque d’effectifs chronique à tous les niveaux. « Il y a des choses bien qui sont faites. Ca va dans le bon sens, il faut continuer à travailler avec les bailleurs sociaux, avec les associations, avec la métropole de Nice… »

Classé « politique de la ville », le quartier des Moulins fait l’objet d’un programme de rénovation urbaine importante – avec près de 220 millions d’euros investis depuis 2010 et encore 91 millions d’euros prévus d’ici à 2030 selon la métropole – mais beaucoup d’immeubles restent vétustes et les dégradations importantes.

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