À 55 ans, Jessica (un pseudonyme) souffre de dépression, d’anxiété et d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ses émotions variaient considérablement et elle luttait contre l’hyperphagie, ce qui la conduisait à l’obésité. Ces problèmes ont persisté pendant des décennies sans aucun signe d’amélioration.
Elle avait également un penchant pour les sucreries.
Ce n’est que lorsque son psychologue l’a encouragée à renoncer au sucre que ces symptômes ont commencé à s’améliorer.
Deux semaines après avoir cessé de consommer du sucre, Jessica avait perdu presque 2 kg et était moins irritable. Elle n’avait plus envie de sucre et son énergie était stable tout au long de la journée, sans les « tremblements et la colère » qui apparaissaient quelques heures après les repas.
De plus, la qualité de son sommeil s’est améliorée : alors qu’elle faisait des cauchemars plusieurs fois par semaine, ces rêves terrifiants ont disparu. Il est intéressant de noter qu’elle a remarqué que lorsqu’elle reprenait du sucre, la « toxicité » qu’elle y associait réapparaissait, entraînant des ballonnements et de l’anxiété.
« Les anciens sentiments revenaient une fois de plus », dit-elle.
Jessica a été traitée par Jessica Russo, psychologue clinicienne exerçant en cabinet privé à Philadelphie.
« Le sucre pourrait contribuer à sa dépression », a expliqué Mme Russo à Epoch Times.
Lien entre le sucre et les troubles mentaux
L’état de cette patiente n’est pas un cas isolé. Des recherches approfondies ont montré que le sucre est lié à divers troubles mentaux, une alimentation riche en sucre contribuant à l’anxiété, au stress et à l’hyperactivité.
Selon la psychologue clinicienne Laurel Basbas, la consommation excessive de sucre « peut exacerber les troubles de l’humeur ». Elle a observé tant de cas de ce genre dans sa pratique clinique au fil des ans, a-t-elle dit à Epoch Times.
Dans une étude publiée en 2023 dans la revue Frontiers in Public Health, des chercheurs ont évalué le lien entre la consommation totale de sucre et les symptômes dépressifs chez plus de 16.000 adultes. Les résultats ont révélé que la prévalence des symptômes dépressifs augmentait avec la consommation de sucre ; les individus se situant dans les 20% de consommation de sucre les plus élevés avaient 56% plus de risque de souffrir de dépression que ceux se situant dans les 20% de consommation les plus faibles.
L’habitude de consommer des boissons sucrées est l’une des principales causes de l’excès de sucre dans l’alimentation moderne. Une seule canette de soda contient jusqu’à 40 grammes de sucre.
Une méta-analyse publiée en 2019 dans le Journal of Affective Disorders et portant sur 10 études d’observation impliquant plus de 365.000 personnes a révélé que les personnes qui consommaient le plus de boissons sucrées présentaient un risque combiné de dépression supérieur de 31% à celui des personnes qui consommaient le moins de boissons sucrées. Une étude prospective menée au Royaume-Uni a également abouti à des résultats similaires.
Une stimulation excessive du cerveau par le sucre peut entraîner une incapacité à se concentrer et peut même exacerber les symptômes du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
Une revue systématique et une méta-analyse publiées en 2020 et portant sur sept études impliquant près de 26.000 personnes ont confirmé une relation positive entre la consommation globale de sucre et de boissons sucrées et les symptômes du TDAH. Une autre revue systématique et méta-analyse publiées dans le Journal of Affective Disorders en 2019 et incluant 14 études propose qu’une alimentation riche en sucre raffiné et en graisses saturées pourrait augmenter le risque de TDAH de 41%.
3 raisons majeures pour lesquelles le sucre augmente le risque de troubles mentaux
1. Le sucre appauvrit le cerveau en nutriments essentiels
Le sucre peut induire des symptômes de troubles mentaux parce qu’il altère le microbiome intestinal, ce qui entraîne une carence en nutriments nécessaires au cerveau et aux nerfs.
« Nous devons être prudents avec la nutrition, car une bonne nutrition peut aider, [et] une mauvaise nutrition va exacerber le problème », a ajouté Mme Basbas.
« Le microbiome intestinal produit des vitamines B et K, qui sont nos aliments », a souligné à Epoch Times, Sheridan Genrich, une nutritionniste clinique et naturopathe australienne.
– Les vitamines B sont essentielles pour le cerveau
« Lorsqu’elles sont déficientes, les gens peuvent souffrir de brouillard, voire de paranoïa, et plus généralement de troubles de la pensée, comme une sorte d’état dépressif », a dit Mme Russo. La production de globules rouges diminue avec la baisse des taux de vitamines B, ce qui entraîne une réduction de la capacité de transport de l’oxygène dans le sang et une baisse des niveaux d’énergie. De plus, ces vitamines B sont essentielles à la synthèse des neurotransmetteurs.
Le microbiome intestinal produit des neurotransmetteurs, qui sont stockés dans le cerveau et sont « la clé de l’humeur », a dit Mme Genrich. Par exemple, l’intestin produit de la sérotonine, responsable des sentiments de bonheur et de bien-être. C’est également un précurseur de la mélatonine, qui peut favoriser un sommeil réparateur.
Dans le cerveau, une substance appelée facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) préserve l’intégrité synaptique et améliore la survie des neurones. Des niveaux réduits de BDNF peuvent favoriser la dépression et l’atrophie de l’hippocampe. Des modèles animaux ont confirmé qu’un régime riche en sucre peut entraîner une diminution des niveaux de cette substance.
Le calcium et le magnésium sont tous deux des « minéraux considérablement appauvris par une alimentation riche en sucre », a mentionné Mme Genrich. « Notre corps est si intelligent qu’il s’efforce toujours de protéger notre sécurité. »
Lorsque nous consommons trop de sucre, le calcium et le magnésium sont puisés dans nos os pour amortir les fluctuations de la glycémie et créer un environnement interne équilibré. Leur carence entraîne non seulement une perte osseuse, mais affecte le système nerveux. En particulier, le magnésium « freine » l’intensification de nos émotions, et un manque de magnésium peut faire que « quelqu’un soit moins détendu », selon Mme Genrich.
La consommation excessive de sucre entraîne des carences en nutriments essentiels tels que le fer et la vitamine C, a-t-elle ajouté.
En résumé, la carence dans ces nutriments essentiels contribue aux fluctuations émotionnelles, au déclin cognitif, à l’incapacité de se concentrer et à l’irritabilité. En outre, elle donne lieu à cette sensation d’être « branché mais fatigué », comme l’a décrite Mme Genrich. C’est pourquoi certaines personnes peuvent se sentir extrêmement tendues malgré leur forte envie de dormir.
2. Le sucre provoque l’inflammation
L’excès de sucre peut entraîner une inflammation. L’inflammation fait l’objet de recherches en tant que facteur contributif ou causal des troubles mentaux, y compris la dépression et l’anxiété.
« Je pense que si l’on regarde les bases de ce qu’est le sucre et ce qu’est le sucre de table ou le sucre raffiné, c’est tout à fait logique », a dit Mme Russo.
L’inflammation est un médiateur clé de la dépression induite par le sucre ; les émotions sont affectées lorsque les marqueurs inflammatoires augmentent dans la circulation sanguine. De plus, l’inflammation est reconnue comme un déclencheur physiologique des symptômes dépressifs, tels que la fatigue, le manque d’énergie, les problèmes de sommeil et les changements d’appétit.
Une étude publiée en 2020 indique que le sucre perturbe divers processus métaboliques, inflammatoires et neurobiologiques, ce qui a un impact significatif sur les processus d’inflammation dans le corps et le cerveau. La recherche a confirmé qu’une plus grande consommation de sucre dans les boissons non alcoolisées et de sucre ajouté au thé, au café et aux céréales est associée à des marqueurs inflammatoires élevés dans la circulation sanguine.
Le sucre peut également déclencher une inflammation de l’intestin. Mme Genrich a expliqué que notre paroi intestinale est constituée d’une épaisse couche de cellules, agissant comme une barrière semblable à notre peau et protégeant le corps des substances extérieures. Cependant, le sucre peut compromettre la fonction de la barrière protectrice de l’intestin, en modifiant sa perméabilité. Par conséquent, des substances qui ne devraient pas pénétrer directement dans l’organisme peuvent passer des intestins à la circulation sanguine, entraînant une inflammation.
3. Le sucre provoque une atrophie du cerveau et perturbe la dopamine
Mme Russo souligne que les personnes qui consomment trop de sucre ont souvent une glycémie élevée, ce qui peut endommager les vaisseaux sanguins du cerveau. Ces vaisseaux jouent un rôle crucial dans l’apport de sang riche en oxygène au cerveau. Lorsque ces vaisseaux sont endommagés, le flux sanguin vers le cerveau est réduit, ce qui entraîne la mort des cellules cérébrales.
« C’est ce qu’on appelle l’atrophie cérébrale », a-t-elle dit.
Le sucre stimule le cerveau en libérant de la dopamine qui induit le plaisir, bien qu’une consommation excessive et prolongée de sucre puisse diminuer la sécrétion de dopamine. Cela incite les gens à consommer davantage de sucre pour maintenir le sentiment de satisfaction, ce qui déclenche un cercle vicieux. En conséquence, le système de récompense du cerveau est perturbé, ce qui entraîne des problèmes émotionnels.
Autres facteurs contribuant à la crise
La consommation de quantités excessives de sucres peut entraîner une élévation de la glycémie et une résistance à l’insuline. La résistance à l’insuline est associée à un risque accru de symptômes dépressifs et est plus fréquente chez les personnes présentant de tels symptômes. De plus, les chercheurs pensent que la perturbation de l’utilisation de l’énergie qui résulte de la résistance à l’insuline peut être directement à l’origine des symptômes dépressifs.
Le sucre génère des espèces réactives de l’oxygène (ERO) au cours du processus métabolique, et une consommation excessive de sucre peut entraîner un stress oxydatif qui se traduit par des dommages cellulaires, des inflammations et un vieillissement accéléré. Une méta-analyse de 29 études a montré que les personnes souffrant de dépression présentent des niveaux plus élevés de stress oxydatif et des niveaux plus faibles d’antioxydants que les personnes en bonne santé.
Une consommation excessive de sucre favorise la génération de produits finaux de glycation avancée (AGE, de l’anglais Advanced glycation end-product) dans l’organisme, ce qui entraîne une série de réactions néfastes. Des expériences sur des animaux ont confirmé que des niveaux élevés d’AGE peuvent affecter la génération de nouveaux neurones dans l’hippocampe, altérant ainsi la fonction hippocampique, ce qui peut entraîner une dépression et un déclin cognitif.
Le sucre nuit à l’organisme et affecte notre cerveau, notre humeur et nos nerfs. Si vous ne l’avez pas encore fait, il est temps d’envisager de l’éliminer de votre alimentation.
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