ARTS & CULTURE

Sylvie Vartan fait ses adieux à la scène

janvier 20, 2025 10:40, Last Updated: janvier 20, 2025 12:36
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 Icône yéyé et show-woman de talent, Sylvie Vartan, qui fait à 80 ans ses adieux à la scène, a été une chanteuse populaire aux titres parfois provocateurs et aux mélodies souvent mélancoliques rappelant l’exil de sa Bulgarie natale.

Vendredi, samedi et dimanche, celle qui a formé un couple mythique avec Johnny Hallyday donne ses trois ultimes concerts au Palais des congrès de Paris. Intitulés « Je tire ma révérence »…

Le point final à une carrière de 63 ans de l’une des plus grandes artistes francophones: une cinquantaine d’albums, 40 millions de disques vendus et 2.000 couvertures de magazines, davantage que les autres stars françaises Brigitte Bardot et Catherine Deneuve.

Venue à la chanson par hasard

Parmi ses quelque 1.500 chansons, on compte de nombreux tubes: de « La plus belle pour aller danser » (1964), composée par Aznavour, à « L’Amour, c’est comme une cigarette » (1981) en passant par « Comme un garçon », où elle troque la robe pour « le blouson » et « le ceinturon », paroles irrévérencieuses pour l’époque.

Elle est pourtant venue à la chanson par hasard. « Dès l’âge de 6 ans, je voulais être actrice. Et puis voilà, la vie m’a menée ailleurs ».

En 1961, son frère Eddie lui fait sécher les cours pour enregistrer « Panne d’essence » avec Frankie Jordan. Succès immédiat à 17 ans et premier Olympia.

La « lycéenne du twist » se mue en femme fatale

Cette salle mythique l’accueillera pendant des décennies, parfois accompagnée de futures stars mondiales comme les Beatles en 1964.

Plutôt introvertie, la « lycéenne du twist » se mue vite en femme fatale et bête de scène.

La blonde à la voix grave est née le 15 août 1944 à Iskretz, village de Bulgarie. Elle grandit à Sofia où son père travaille à l’ambassade de France.

« La mélancolie me tient au corps depuis l’enfance »

Elle a huit ans quand sa famille fuit le régime communiste pour la France par l’Orient-Express. Un arrachement qu’on ressent dans ses chansons comme la plus mythique, « La Maritza », nom d’un fleuve bulgare.

« Les belles chansons sont mélancoliques. La mélancolie me tient au corps depuis l’enfance », disait-elle.

Elle ne retrouvera qu’en 1990 son pays natal, où elle adopte sa fille Darina avec son second mari, le producteur américain Tony Scotti épousé en 1984.

SOFIA, BULGARIE : La légende de la chanson française Sylvie Vartan (à droite) dédicace des copies de son livre autobiographique « Between the shadow and the light » à ses fans bulgares lors de la foire du livre de Sofia, le 17 décembre 2004. Sylvie Vartan est arrivée dans la capitale bulgare pour participer à une campagne caritative de Noël. (DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)

A Paris, les débuts sont difficiles pour les Vartan, qui vivent cinq ans dans une chambre d’hôtel.

« Tombée brutalement » dans le succès, l’adolescente, perfectionniste, s’impose dans ce métier difficile, « particulièrement pour les femmes ». Essuyant une tempête de critiques en 1965 en étant la première à chanter… en pantalon.

Le « mariage d’une génération »

Le couple qu’elle forme alors avec « l’Idole des jeunes », Johnny Hallyday, père de son fils David, est la proie des paparazzi.

Leur union en 1965 dans un village de l’Oise, au milieu d’une cohorte de fans et de journalistes, est le « mariage d’une génération ».

Ils partagent parfois la scène et enregistrent « J’ai un problème » (1973), duo resté célèbre. « Si tu n’es pas vraiment l’amour, tu y ressembles », fredonnent-ils.

Le chanteur de rock et acteur français Johnny Hallyday dîne en compagnie de son épouse Sylvie Vartan, au mois de mai 1973 dans un restaurant parisien. (AFP via Getty Images)

En 1968, Sylvie Vartan survit à un accident de voiture qui coûte la vie à son amie d’enfance. Deux ans après, un nouvel accident, dont Johnny ressort indemne, l’oblige à rester six mois aux États-Unis pour retrouver son visage. Elle en profite pour suivre des cours de danse et s’initier aux shows « à l’américaine ».

Le chanteur français Johnny Hallyday (G) et son épouse la chanteuse Sylvie Vartan assistent à l’avant-première du film « Krakatoa, a l’est de Java » réalisé par Bernard Kowalski (non photographié) avec l’acteur autrichien Maximilian Schell (D) dans un cinéma parisien le 1er février 1969. (AFP via Getty Images)

L’union des enfants terribles du rock s’achève par un divorce en 1980, après moult accrocs, ruptures et réconciliations. Elle s’installe à Los Angeles pour sa troisième vie. Mais retrouve régulièrement la France et son public.

Une carrière modeste au théâtre et au cinéma

Pressentie pour jouer dans « Les Parapluies de Cherbourg », elle aura finalement eu une carrière modeste au théâtre et au cinéma, avec un seul grand rôle (« L’Ange noir », 1994).

Le réalisateur français Robert Thomas (G) dirige l’actrice française Sylvie Vartan et l’acteur français Mike Marshall pendant le tournage du film « Patate » à Vincennes le 5 mai 1964. (AFP via Getty Images)

« Si je ressens un manque, c’est du côté du cinéma », confessait-elle.

Le chanteur et musicien français David Hallyday (C) pose entouré de ses parents, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, le 08 mars 1991 au Zénith à Paris, peu après son concert, son premier sur des planches françaises. (BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images)

Plutôt discrète sur sa vie privée, elle tape du poing sur la table après la disparition de Johnny, fin 2017, pour soutenir publiquement son fils et Laura Smet face à la veuve du chanteur, Laeticia.

Au premier rang, les enfants du chanteur français Johnny Hallyday, Laura Smet (à droite) et David Hallyday (à gauche), la chanteuse française et ex-épouse du chanteur français Johnny Hallyday, Sylvie Vartan (à droite), le père français Guy Gilbert (à gauche), (au deuxième rang) l’acteur et producteur de cinéma américain Tony Scotti, L’artiste français Jean-Jacques Debout, l’actrice et mannequin française et ancienne épouse de David Hallyday, Estelle Lefebure (en haut à droite) entourée de ses filles Emma (à droite) et Ilona Smet, quittent l’église de La Madeleine à la fin de la cérémonie funéraire en hommage au défunt chanteur français, le 9 décembre 2017 à Paris. – L’icône de la musique française Johnny Hallyday est décédée le 6 décembre 2017 à l’âge de 74 ans après une bataille contre un cancer du poumon. (LUDOVIC MARIN/POOL/AFP via Getty Images)

« Il faut se calmer un peu. Il est temps »

En 2024, en annonçant qu’elle tire sa révérence, elle rappelle que, si Johnny est « quasiment mort sur scène », ce ne sera « pas le cas » pour elle.

Des adieux à la scène « irrévocables », confiait-elle à l’AFP en novembre. « J’ai vécu sur un volcan depuis mes débuts. J’ai tellement fait qu’à un moment donné, il faut se calmer un peu. Il est temps ».

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