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Terrorisme : le danger viendrait des jihadistes « locaux »

décembre 16, 2017 9:23, Last Updated: juillet 11, 2019 0:01
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Le retour dans leur pays d’origine de vétérans du jihad syrien mobilise les services anti-terroristes mondiaux, mais ce sont les jihadistes locaux, endoctrinés dans leur pays, qui sont pour l’instant les plus dangereux, préviennent des experts américains.

S’ils sont moins aguerris, voire pas du tout, ils ont prouvé au cours des derniers mois, en Europe comme aux États-Unis, qu’ils peuvent frapper à l’improviste et sont quasiment impossibles à détecter avant leur passage à l’acte.

Plus de gros attentats « téléguidés » de l’étranger

« Il n’y aura certainement plus, en France, en Amérique ou ailleurs, de gros attentats téléguidés de l’étranger, à l’image de ceux du 13 novembre 2015 à Paris », assure à l’AFP Marc Sageman, ancien agent de la CIA au Pakistan pendant le jihad anti-soviétique, psychiatre et expert auprès tribunaux américains lors des procès de jihadistes.

La salle de concert du Bataclan le 26 novembre 2015, à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste du 13 novembre qui a fait 130 morts. (BERTRAND GUAY / AFP / Getty Images)

« Désormais, ceux qui font des attentats, ici ou en Europe, ne sont plus téléguidés par l’EI mais se mobilisent seuls, en s’imaginant soldats d’une communauté islamique idéalisée, voire fantasmée, qu’ils veulent défendre ou venger », ajoute-t-il.

Akayed Ullah, un jeune homme originaire du Bangladesh qui a tenté le 10 décembre de faire exploser la bombe improvisée qu’il portait sur lui dans le métro new-yorkais, et Sayfullo Saipov, un Ouzbek de 29 ans qui a tué huit personnes et en a blessé douze en les écrasant avec une camionnette de location à New York le 31 octobre, n’avaient pas eu d’autre rapport avec le groupe État islamique (EI) que le visionnage de vidéos de propagande.

Le danger vient de l’intérieur

Aux États-Unis, ce sont les derniers en date d’une liste de jihadistes auto-radicalisés qui posent un problème quasi insoluble aux services de police et de renseignement.

« Le risque posé par les vétérans du jihad ne doit pas être sous-estimé, mais ce n’est pas le plus inquiétant », assure à l’AFP Albert Ford, qui travaille sur le phénomène de « l’extrémisme domestique » au sein du groupe de réflexion New America.

« Ceux qui sont déjà, légalement, dans le pays posent un problème plus grave », ajoute-t-il. « Les attentats commis dernièrement aux États-Unis ont été l’œuvre de gens qui étaient nés ici ou étaient dans le pays depuis des années. C’est le vrai danger: des attaques peu sophistiquées mais mortelles, comme cela s’est passé en octobre à New York ».

Selon les chiffres collectés par New America, 85% des 415 personnes accusées de crimes liés au terrorisme islamiste aux États-Unis depuis le 11 septembre 2001 étaient soit des citoyens américains, soit des résidents légaux.

Ils étaient 207, un peu moins de la moitié, à être nés sur le territoire américain.

Leur profil est également souvent étonnamment banal: moins d’un quart avaient un casier judiciaire. En comparaison, un tiers des adultes américains en ont un, remarque le think-tank dans une étude publiée en septembre.

« Aucune des attaques jihadistes mortelles menées aux États-Unis depuis 2014 n’a eu de connexion opérationnelle avec l’ISIS (acronyme en anglais de l’EI) ou ses réseaux », précise ce rapport.

Les jihadistes « homegrown » sont les plus dangereux

« Les jihadistes domestiques (« homegrown ») sont sans aucun doute les plus dangereux », assure à l’AFP Thomas Sanderson, directeur de Transnational Threats Project au groupe de réflexion Center for strategic and international studies (CSIS). « Sur les 19 dernières attaques majeures qui ont eu lieu en Europe, 17 ont été menées sans aucun rapport avec des éléments venus de l’extérieur ».

« Les vétérans sont un problème potentiel crucial, à cause de leur entrainement, de leur crédibilité et de leur motivation », dit-il. « Mais d’une part leur nombre est pour l’instant très bas et d’autre part ils laissent, en voyageant, des traces qui peuvent permettre de les détecter. Alors que les jihadistes ‘homegrown’ peuvent tout à fait rester sous le radar des forces de l’ordre jusqu’au dernier moment ».

« Leur sanctuaire est leur chambre à coucher. Ils sont indétectables à moins de faire une erreur lors de leur préparation ou s’ils commencent à s’épancher en ligne ».

(Captures d’écran Twitter)

R.B avec AFP

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