Plusieurs milliers de lycéens étaient rassemblés samedi dans le centre de Bangkok pour demander une réforme du système scolaire et soutenir leurs aînés qui réclament la démission du Premier ministre et une réforme de la monarchie.
Enhardis par le mouvement pro-démocratie qui secoue la Thaïlande depuis l’été, ces jeunes ont organisé leur propre groupe, les « Bad Students ». Refonte des programmes, assouplissement des règles, égalité, droit à la parole: leurs revendications ébranlent tous les piliers de l’éducation.
Ne jamais poser de question
A l’école, « on nous dit quoi apprendre, comment s’habiller, de ne jamais poser de question », a déploré Pung, 15 ans.
En Thaïlande, les manuels scolaires passent sous silence nombres des troubles politiques des dernières décennies, se concentrant sur la vie des monarques.
Les établissements suivent des normes vestimentaires très strictes, queue de cheval et ruban dans les cheveux obligatoires pour les filles et coupe militaire pour les garçons.
Beaucoup de jeunes évoquaient aussi l’importance de l’égalité des sexes.
« L’école n’est pas un endroit sûr » pour les filles, a écrit sur une pancarte une lycéenne, la bouche bâillonnée avec du scotch, en signe de protestation.
Réforme de la puissante monarchie
On se moque de moi, « les professeurs me disent que j’ai l’air trop féminin », a relevé de son côté Tian, 16 ans, qui veut être capable de pouvoir librement revendiquer son homosexualité.
Les manifestants demandaient aussi, comme leurs aînés étudiants, une réforme de la puissante monarchie et la démission du Premier ministre, Prayut Chan-O-Cha, issu du coup d’Etat de 2014.
Ce dernier a durci le ton vendredi, avertissant que « le gouvernement allait faire appliquer toutes les lois », même potentiellement celle sur le lèse-majesté qui punit jusqu’à 15 ans de prison toute diffamation envers le roi et n’est plus utilisée depuis quelques années.
« Les limites ont maintenant été dépassées », a-t-il ajouté.
Escalade inédite de la violence
Mercredi, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans la capitale, certains exprimant des slogans très virulents envers la monarchie.
La veille, six personnes ont été blessées par balles lors d’affrontements entre manifestants, forces de l’ordre et ultra-royalistes, une escalade inédite de la violence depuis le début de la contestation.
Monté sur le trône en 2016, le roi Maha Vajiralongkorn est une personnalité controversée qui réside très fréquemment en Allemagne.
Berlin suit de près les événements. « Si le mouvement démocratique était écrasé par l’armée ou les forces de sécurité, et que des victimes étaient tuées, alors je ne crois pas que le roi de Thaïlande puisse continuer de séjourner en Allemagne », a averti le porte-parole du groupe parlementaire social-démocrate (SPD), Nils Schmidt, dans un sujet diffusé jeudi par la chaîne allemande ARD.
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