Une victoire d’étape, deux Top 10 au général et des émotions: les coureurs français ont rarement pu jouer la gagne sur le Tour de France mais ont réussi à marquer la 110e édition de leur empreinte à l’image de Thibaut Pinot.
Sur le pur plan comptable, l’édition 2023 est un cru moyen avec, comme ces deux dernières années, une seule victoire d’étape. C’est moins bien qu’en 2020 (2), 2019 et 2018 (3 à chaque fois) et 2017 (5). Le succès détonnant de Victor Lafay, dès la deuxième étape au Pays basque espagnol, avait lancé l’affaire sur des bases idéales. Mais, à l’image du coureur de Cofidis, qui a fini à l’hôpital samedi soir après une chute, la suite a été moins flamboyante, malgré une palanquée de places d’honneur: cinq Top 10 pour Bryan Coquard, la 2e place de Pierre Latour au Puy de Dôme et les deux podiums d’un autre coureur de TotalEnergies très en vue, Mathieu Burgaudeau, 2e à Belleville-en-Beaujolais et 3e à Saint-Gervais.
Avec deux représentants dans le Top 10, la France reste dans ses standards récents. Mais David Gaudu, 9e, et Guillaume Martin, 10e, n’ont jamais été dans la course pour le podium, l’objectif affiché pour le leader de Groupama-FDJ, et ont évolué en troisième rideau, derrière l’inaccessible duo Vingegaard-Pogacar, mais aussi des coureurs comme Carlos Rodriguez ou les frères Yates. La déception vient surtout de David Gaudu qui n’a pas confirmé sa quatrième place de l’an dernier, terminant à plus de 23 minutes du maillot jaune, malgré de « bonnes sensations ». Quant à Romain Bardet, il était déjà écarté de la lutte pour le podium, figurant à la 12e place lorsqu’il a abandonné avec une commotion cérébrale après une chute.
Principal fournisseur de victoires ces dernières années (6 étapes au total), Julian Alaphilippe ne s’est jamais retrouvé en position de lever les bras. « Je suis tout simplement moins fort que les mecs devant », a constaté l’ancien double champion du monde (2020, 2021). Mais il s’est battu, partant à l’abordage dans huit des vingt premières étapes, avant de disparaître dans le final. Son prochain objectif : les Championnats du monde à Glasgow le 6 août.
Thibaut Pinot, l’autre chouchou du public français, a tenu son rang « d’accélérateur d’émotions » dans son dernier Tour de France. Lui non plus n’a jamais été en mesure de jouer la gagne. Mais il a montré une belle activité (quatre étapes dans les dix premiers) et finit 11e au général. Il s’est surtout offert une sortie de rêve samedi en passant la journée à l’avant dans ses Vosges natales. Une « dernière transe » très émotionnelle qui l’a fait passer seul en tête le col du Petit Ballon où l’attendaient ses proches et des milliers de supporters enamourés, dans une ambiance extraordinaire. « Je ne pouvais pas rêver mieux », a-t-il savouré.
Outre Groupama-FDJ, équipe formatée pour le général mais sans victoire d’étape depuis 2019, les quatre autres formations françaises ont connu des fortunes diverses. Cofidis, qui n’avait plus gagné depuis 2008, a réussi son Tour avec deux victoires d’étape, par Lafay et Ion Izagirre, plus la 10e place de Guillaume Martin. AG2R-Citroën a brillé grâce à son leader de substitution, l’Autrichien Felix Gall, vainqueur de l’étape-reine à Courchevel et encore deuxième samedi au Markstein. « La révélation » de ce Tour, selon le directeur sportif Julien Jurdie. TotalEnergies, malgré un Peter Sagan invisible et la perte rapide de son leader Steff Cras, s’est illustrée grâce à Pierre Latour et Mathieu Burgaudeau. Arkéa-Samsic a également animé quelques échappées et termine sur la belle sixième place de Warren Barguil samedi au Markstein.
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