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« Toute cette façade que l’on appelle démocratie va bientôt s’effondrer » – Alexandre Dianine-Havard

décembre 6, 2022 19:44, Last Updated: décembre 6, 2022 19:45
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D’origine française, russe et géorgienne, Alexandre Dianine-Havard vit à Moscou depuis une quinzaine d’années. 

Diplômé en droit, il a d’abord exercé le métier d’avocat en France puis en Finlande, avant de se consacrer au développement et à l’enseignement du système du Leadership Vertueux : une approche du leadership fondée sur la science de la vertu (arétologie) élaborée par les anciens Grecs, et destinée à faire émerger une nouvelle génération de leaders à même de « faire rayonner la beauté de la vie et de la famille, promouvoir une économie juste et remettre l’être humain au centre ». 

« J’ai abandonné mon métier de juriste pour me consacrer à des choses que je pense plus importantes. Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est que j’avais une formation philosophique parallèle à ma formation de juriste. J’ai pu me lancer dans l’anthropologie, dans le leadership, des choses profondes, concrètes, qui peuvent aider les jeunes à trouver un sens à leur travail, à leur vie, à leur existence. »

« Le leadership est une activité morale, c’est une activité qui suppose une vision de la grandeur et un désir de servir l’autre. Le leadership ne dépend absolument pas de notre position dans la société. Tout le monde est appelé au leadership. Le leadership consiste à grandir en faisant grandir les autres. »

Pour Alexandre Dianine-Havard, deux vertus sont au cœur du leadership vertueux : la magnanimité – la vertu de ceux qui tendent vers les grandes choses – et l’humilité la vertu de ceux qui se connaissent eux-mêmes et qui servent les autres. 

Deux vertus qui représentent « un idéal de vie » et qui permettent à l’être humain de tendre vers l’excellence. 

« La magnanimité, c’est le rêve de grandeur et l’effort pour transformer ce rêve en mission, en réalité concrète. Le magnanime est une personne qui est à la fois un philosophe et un homme d’action. Ce n’est pas facile d’articuler ces deux choses en même temps, parce que nous avons tous, par tempéramment biologique, une tendance soit à la contemplation, soit à l’action. Le magnanime est une personne qui a les deux. Il est à la fois contemplatif et acteur. Il n’est pas là seulement pour réfléchir, il réfléchit profondément, il aime contempler, mais il transforme constamment son rêve en mission, immédiatement. »

« L’humilité, c’est la vertu de ceux qui vivent dans la vérité sur eux-mêmes. Il y a deux aspects dans l’humilité. La vérité sur moi-même, j’ai des talents et des forces, mais j’ai aussi des faiblesses, et il faut que je voie les deux pour vivre dans la vérité sur moi-même. Mais l’humilité, c’est aussi la vertu de service, la vertu de service à l’autre. »

Lors de notre entretien, Alexandre Dianine-Havard a évoqué les grands défis auxquels notre civilisation est, selon lui, confrontée, dépeignant notamment une société peuplée d’êtres pusillanimes et irrésolus, en quête de confort et de plaisirs factices, esclaves de leurs désirs et de leurs passions, où la vertu, la transcendance et l’altruisme ont laissé place au relativisme, au consumérisme et à l’individualisme. 

« Je pense que le principal problème est un problème anthropologique, nous ne savons plus du tout ce qu’est l’homme. Les principes de la nature humaine n’existent plus. C’est le subjectivisme, l’individualisme total à tous les niveaux. »

« Il n’y a plus de ratio, plus de logos, plus de dialogue, plus de vérité objective. Il reste les sens, la sensiblerie, l’émotivité. Et des personnes qui veulent du pouvoir, la soif de pouvoir. » 

« Les gens n’ont plus aucun point de référence, c’est la confusion la plus absolue. Dans l’idéologie libérale, on emploie des mots qui signifient exactement l’inverse, et bien des gens ne s’en rendent pas compte. On vit le système orwellien. Chez Orwell, les gens ne se rendent même plus compte qu’ils sont dans un totalitarisme. C’est la force du totalitarisme moderne », ajoute Alexandre Dianine-Havard. 

Alors que certains intellectuels s’inquiètent de l’essor du courant de pensée transhumaniste dans la société, une crainte qui a pu être renforcée à la faveur de la crise sanitaire où la science et la médecine ont joué un rôle central dans l’organisation de nos sociétés, Alexandre Dianine-Havard estime que l’idéologie transhumaniste et le désir d’immortalité qu’elle porte est le reflet de l’orgueil et de l’avidité démesurés de certains de nos contemporains, la volonté de créer un homme augmenté, affranchi de ses limites biologiques, allant à l’encontre des principes de la nature humaine. 

« Le problème du transhumanisme, c’est qu’il porte en lui le principe de sa propre négation. Il dit que la vie humaine est l’objectif final. »

« La vie n’est pas une fin en soi. Il y a des choses pour lesquelles ça vaut la peine de mourir. Il y a des idées, des réalités pour lesquelles cela vaut la peine de mourir. Il y a des choses qui sont au-dessus de la vie : c’est la Vérité, c’est le Bien, c’est l’Amour, c’est la Beauté. Ma vie doit être subordonnée à ces choses. Il y a des choses qui sont plus grandes que moi. Ma vie n’a de sens que dans la mesure où elle est au service de ces choses qui sont au-dessus de moi », observe Alexandre Dianine-Havard. 

Inspiré par la vie et les écrits du célèbre dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne, le fondateur du système du Leadership Vertueux est revenu sur le discours prononcé par l’écrivain russe à l’université de Harvard, en 1978, dans lequel l’auteur de L’Archipel du goulag fustige le déclin du courage parmi les intellectuels occidentaux et le rejet de toute spiritualité au profit d’une conception purement légaliste de la vie. 

« La civilisation occidentale fait trop confiance au droit. On pense qu’avec le droit on peut régler tous les problèmes, parce qu’on règle le problème des institutions. Mais le droit ne règle pas le problème de l’homme. Si, dans les institutions, on a des individus qui ne sont pas des êtres humains au sens propre du terme, parce qu’ils ne respectent pas les principes de la nature humaine, on aboutit à un totalitarisme masqué beaucoup plus dangereux qu’un totalitarisme démasqué », souligne Alexandre Dianine-Havard. 

Selon lui, bon nombre de difficultés auxquelles nous sommes confrontés ne sont d’ailleurs que le reflet du chaos qui règne désormais dans le cœur des êtres humains. 

« Tous les désastres sociaux qui se produisent aujourd’hui ne sont que la réflection des désastres intérieurs des personnes. Les individus vivent de véritables désastres intérieurs, parce que la société ne leur donne plus ce dont ils ont vraiment besoin pour respirer. Les désastres extérieurs ne sont que la manifestation d’un chaos intérieur des êtres humains. Toute cette façade juridique que l’on appelle la démocratie va bientôt s’effondrer complètement, et on verra la réalité de nos propres yeux. Cette réalité, c’est le chaos qui règne dans le cœur des gens parce qu’ils ont cessé d’être des hommes. Nous cessons d’être des hommes parce que nous ne croyons plus en l’humanité, nous ne croyons plus aux principes de la nature humaine et nous vivons dans une espèce de démocratie juridique qui semble nous protéger de tout cela. Mais un jour viendra où toute cette façade s’effondrera, et nous serons en face de nous-mêmes. Et là, ce sera l’horreur. »

« Beaucoup de gens pensent qu’ils sont superbes, qu’ils sont remarquables, qu’ils sont démocrates, qu’ils sont amoureux de l’humanité, que ce sont de grands humanistes. Et le jour où ils sont face à eux-mêmes, ils se rendent compte que c’est une mascarade. Cela n’a rien à voir avec la vérité sur eux-mêmes. Ils vont s’effondrer et il faudra une grâce tout à fait particulière pour que ces personnes puissent demander pardon. […] Ils vont passer des moments terribles, parce que c’est le moment de la vérité », poursuit l’auteur de l’ouvrage Créé pour la grandeur.

Pour Alexandre Dianine-Havard, les temps troublés que nous vivons aujourd’hui sont pourtant une occasion de renouer avec notre nature profonde et d’élever notre conception de la vie. 

« Nous avons eu le Covid, maintenant nous avons la guerre, peut-être une crise économique. Tout peut arriver à n’importe quel moment et beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense. Les choses les plus terribles peuvent nous arriver, mais il faut prendre cette réalité comme une occasion extraordinaire de grandeur, une occasion de développer les vertus et de faire un effort de transformation personnelle. C’est maintenant le moment d’agir. »

Retrouvez l’analyse intégrale d’Alexandre Dianine-Havard dans la vidéo.

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