Ce mardi 17 octobre, la synagogue d’El Hamma – un bourg situé dans le sud-est de la Tunisie, près de Gabès – a été incendiée par des centaines d’émeutiers. Ceux-ci ont même filmé la scène, relayant largement les images sur les réseaux sociaux.
Désaffectée, la synagogue historique Al Hammah – qui accueille le tombeau du rabbin légendaire Yosef Maaravi depuis cinq siècles – a été totalement détruite ce mardi, rapporte Times of Israël. Ces émeutes se sont produites dans un contexte de fortes tensions, et notamment à la suite d’une explosion ayant secoué un hôpital de la ville de Gaza, qui serait vraisemblablement l’œuvre d’un tir de roquette partant de la bande de Gaza et ayant échoué dans le parking de cet hôpital.
Les policiers « reconnaissaient chacun des jeunes qui se sont jetés sur la synagogue »
Seulement quelques heures après l’explosion survenue au niveau de l’hôpital al-Ahli à Gaza aux environs de 19 heures (heure locale), des centaines d’émeutiers se sont rués vers la synagogue Al Hammah près de Gabès, en Tunisie. Notons que cette synagogue n’était plus considérée comme lieu de culte pour la simple raison qu’il n’y a plus aucun juif dans la ville. Les assaillants ont ouvert des brèches dans les épais murs en pierre de l’édifice religieux, tout en arborant le drapeau palestinien. Des vidéos de la scène ont été publiées sur les réseaux sociaux. Le mausolée de Yossef Maarabi, accolé à la synagogue et datant du 16e siècle, était un lieu de pèlerinage historique pour certains Juifs. Il a, lui aussi, été saccagé.
Il semblerait que les forces de l’ordre tunisiennes aient été rapidement submergées par ces débordements. « Les policiers étaient très peu nombreux et ils ne pouvaient rien faire. Ils connaissaient et reconnaissaient chacun des jeunes qui se sont jetés sur la synagogue » a indiqué une source locale dans le magazine Marianne .
Les juifs en Tunisie vivent-ils en « totale sécurité » ?
En Tunisie, la communauté juive ne compte plus que 1200 personnes aujourd’hui – la communauté la plus importante étant celle de Djerba – alors qu’ils étaient au nombre de 120.000 à l’indépendance en 1956, rapportait Le Point en mai dernier, précisant qu’un homme armé était entré dans une synagogue de l’île de Djerba, lors de la manifestation du pèlerinage de la Ghriba. Cet acte de terrorisme avait fait neuf blessés et tué cinq personnes, dont deux pèlerins juifs qui étaient citoyens israéliens, ainsi qu’un français.
Les actes de vandalisme de ce mardi ont donc ravivé les craintes de la communauté juive en Tunisie. Dans un communiqué sur X, l’American Jewish Committee – qui est l’une des plus importantes organisations juives américaines – a déclaré : « Nous sommes horrifiés par l’incendie et les destructions faites à la synagogue d’Al-Hammah en Tunisie ». Il a ajouté qu’il surveillait de près la situation, restant en contact avec les responsables de la communauté juive en Tunisie.
« On a bien brûlé des bâtiments officiels, ça peut arriver à tout le monde », a quant à lui relativisé auprès de l’AFP, le vice-président de la communauté juive de Tunisie, monsieur Khalifa Atoun. Dans un communiqué daté du 17 octobre, ainsi que le rapporte tunisienumerique.com, il a écrit que les juifs en Tunisie « vivent en totale sécurité », bénéficiant « depuis toujours » de la protection des autorités tunisiennes au niveau des lieux de cultes, écoles et résidences des personnes âgées.
Il a toutefois déploré que « malheureusement la situation est sensible partout dans le monde depuis quelques temps », concluant : « En espérant des jours meilleurs et la Paix dans le Monde. »
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