L’appel à la prière a été diffusé vendredi dans toute la Nouvelle-Zélande, suivi de deux minutes de silence, pour rendre hommage aux 50 musulmans tués il y a une semaine par un extrémiste australien dans deux mosquées de Christchurch.
Des milliers de personnes, dont la Première ministre Jacinda Ardern, se sont recueillies en silence dans un parc en face de la mosquée al-Nour, la première visée le 15 mars par le tueur. Ce massacre filmé et diffusé en direct sur Facebook a provoqué une onde de choc dans un archipel connu pour sa tolérance, sa faible criminalité et sa tradition d’accueil.
Depuis une semaine, les Néo-Zélandais se sont mobilisés en nombre pour des veillées ou encore des célébrations du traditionnel haka maori. Vendredi encore, des habitants allaient embrasser leurs voisins musulmans dans d’émouvants témoignages de solidarité. A 13h30 (00h30 GMT), le muezzin a lancé l’appel à la prière, qu’ont écouté des milliers de personnes rassemblées dans le Parc Hagley, près de la mosquée al-Nour.
Cette prière a été relayée par les télévisions, les radios et sur de nombreux sites internet. Le pays a ensuite observé deux minutes de silence, notamment lors de rassemblements organisés à Auckland, Wellington et plusieurs autres villes. En Australie, de l’autre côté de la mer de Tasman, de nombreuses personnes se sont également arrêtées à l’heure dite en signe de respect.
L’imam de la mosquée al-Nour Gamal Fouda, qui dirigeait la prière, a dénoncé la haine tout en notant le formidable élan de solidarité apparu en Nouvelle-Zélande depuis la tragédie. « Je regarde et je vois l’amour et la compassion dans les yeux de milliers de compatriotes néo-zélandais et d’êtres humains dans le monde entier« , a-t-il dit.
« Ce terroriste voulait diviser notre Nation au nom d’une idéologie maléfique. Mais, au contraire, nous avons montré que la Nouvelle-Zélande était indivisible. » Une semaine après, la mosquée al-Nour demeure fermée, et des ouvriers s’efforcent de restaurer ses murs criblés de balles pour qu’elle rouvre au plus vite.
Après la prière, vendredi, la tristesse a cédé la place à la communion entre musulmans et non-musulmans posant ensemble pour des photos devant l’impressionnant parterre de bouquets de fleurs. Ainsi Koro Tini, un Maori de 46 ans aux tatouages traditionnels très élaboré sur le visage et vêtu d’un costume indigène cérémonial, est-il venu embrasser un fidèle musulman.
« Nous ne pensions pas poser pour des photos après la prière mais il y a des gens qui voulaient le faire », a explique M. Tini. « Il y a un sentiment de joie. » De nombreuses femmes à travers le pays ont choisi de porter un foulard vendredi pour exprimer leur solidarité avec la communauté musulmane. Certaines publiaient des photos d’elles ainsi voilées sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #HeadScarfforHarmony (« Foulard pour l’harmonie »).
« Je le porte pour prendre conscience de la terreur que les musulmans ressentent chaque jour, en s’inquiétant pour leur propre sécurité« , a dit à l’AFP Kirsty Wilkinson venue dans le Parc Hagley avec deux femmes également voilées. « Le message que je veux adresser est que la haine ne peut pas l’emporter. »
Brenton Tarrant, un extrémiste de 28 ans, a abattu 50 personnes âgées de 3 à 77 ans et blessé des dizaines de personnes dans ce massacre. « Les gens disent que les musulmans sont des terroristes », a dénoncé Salwa Mustafa, qui a perdu son mari Khalid et un fils de 15 ans Hamza. « Le monde entier a vu qui est le terroriste. »
« Les musulmans sont des gens de paix et d’amour, pas des terroristes. J’espère que le monde entier peut maintenant comprendre le véritable islam, la réalité de l’islam ». La Nouvelle-Zélande a réagi à ce carnage des mosquées en interdisant jeudi les armes semi-automatiques et fusils d’assaut, ce qui a relancé les appels au contrôle des armes à feu aux Etats-Unis.
Jacinda Ardern avait promis immédiatement après la tuerie un durcissement d’une législation qui avait permis au tueur d’acheter en toute légalité l’arsenal ayant servi à l’attaque. « Toutes les armes semi-automatiques utilisées dans l’attaque terroriste de vendredi seront interdites dans ce pays », a-t-elle déclaré.
La police a révélé vendredi s’être entretenue en octobre 2017 avec l’auteur de la tuerie avant de lui octroyer le permis grâce auquel il avait acquis les armes utilisées dans le massacre.
Brenton Tarrant, qui a été inculpé samedi, avait demandé un permis de port d’arme en septembre 2017 et une « équipe de contrôle des armes à feu » de la police lui a rendu visite à domicile à Dunedin (sud) le mois suivant, a indiqué un porte-parole de la police dans un communiqué. Son permis avait été approuvé en novembre 2017.
D.C avec AFP
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