Après l’attentat islamiste de Mulhouse, Paris en voie « d’instaurer un rapport de force » avec Alger ?

Par Epoch Times avec AFP
24 février 2025 15:00 Mis à jour: 24 février 2025 17:21

Deux jours après l’attentat de Mulhouse, François Bayrou a chargé l’Algérie, jugeant « inacceptable » son refus de reprendre l’assaillant et promettant de montrer la « détermination » de Paris, qui pourrait engager des mesures de rétorsion dès cette semaine, notamment sur les visas.

Les semaines se suivent et les tensions entre l’Algérie et la France ne cessent de s’aggraver.

Sur TF1, Bruno Retailleau avait déclaré samedi qu’il était « temps d’instaurer un rapport de force » car « nous avons été suffisamment gentils avec l’Algérie ». Le ministre avait également affirmé que « la France a tendu la main, quelles que soient les plaies parfois vives de notre histoire. Aucun pays n’a un droit de tirage pour humilier la France. »

« Inacceptable »

Lundi, le ton est encore monté d’un cran : François Bayrou a jugé lundi « inacceptable » que l’Algérie ait refusé « dix fois » de reprendre « l’assassin de Mulhouse » avant qu’il ne commette une attaque mortelle au couteau samedi, alors qu’il était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

« L’assassin de Mulhouse, il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d’origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois la réponse a été non. Est-ce que c’est acceptable ? Pour moi c’est parfaitement clair, c’est inacceptable », a déclaré le Premier ministre en marge d’une visite au Salon de l’agriculture.

L’assaillant, interpellé après avoir fait un mort et cinq blessés, était déjà connu de la police et de la justice : « arrivé illégalement » en France en 2014 selon le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, cet homme de 37 ans avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme.

« Notre responsabilité c’est de ne pas l’accepter », a insisté François Bayrou, avant d’ajouter : « Imaginez la situation si elle était inversée (…) Qu’est-ce que diraient les autorités algériennes ? »

« Il y a de quoi pouvoir faire pression » sur l’Algérie

Pour le Premier ministre, « il faut donc préparer les décisions, prendre les décisions pour que le gouvernement et les pouvoirs publics algériens comprennent quelle est la détermination de la France ». Une allusion au conseil interministériel de contrôle de l’immigration prévu mercredi, dont la tenue était programmée avant l’attentat de Mulhouse mais où des mesures visant l’Algérie et d’autres pays seront discutées.

« On n’est pas obligé d’avoir des visas en quantité aussi importante », a estimé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur RTL, suggérant aussi de « cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations (franco-algériennes) et ne plus leur donner de visas ». Ces deux mesures seront « sur la table » d’un conseil interministériel de contrôle de l’immigration prévu mercredi.

Abondant dans le même sens, le député macroniste David Amiel (Renaissance) a estimé sur France Info que « la priorité absolue à court terme » était de « remettre en cause l’accord de 2007 qui prévoit que les dignitaires algériens peuvent se rendre en France sans visa », afin de « faire pression sur le régime » en ciblant « la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires ».

Le vice-président du RN Sébastien Chenu a pour sa part jugé sur BFMTV et RMC que « le nombre de visas est excessivement important » et qu’on « pourrait aller jusqu’à (ce) qu’il n’y ait plus aucun visa ».

Il a ensuite énuméré d’autres leviers dont « les transferts de fonds, le fait de soigner des dirigeants algériens dans notre pays », ainsi que la révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie – réclamée par le président Abdelmadjid Tebboune.

« Il y a de quoi pouvoir faire pression » et « nous disons au gouvernement : ‘vous ne pouvez pas manquer ce coche' », a souligné M. Chenu. « Depuis que Macron est Président, nous entendons parler de cet accord franco-algérien de 1968. La vérité c’est qu’il a peur d’une partie de la communauté franco-algérienne. Être dirigé par un Président qui a peur et un ministre de l’Intérieur qui accepte cela n’est pas acceptable », a t-il affirmé sur X.

Durcissement de la loi sur la « rétention de sûreté »

Sophie Primas et le RN ont par ailleurs plaidé chacun pour un durcissement de la loi sur la « rétention de sûreté », toujours en lien avec l’attentat de Mulhouse dont le suspect avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme. « Il faut réfléchir à changer la loi », a estimé la porte-parole du gouvernement, tout en rappelant que les dernières tentatives en ce sens ont été « à chaque fois retoquées par le Conseil constitutionnel ».

« La rétention de sûreté est un débat qu’on doit ouvrir », a pour sa part affirmé M. Chenu, proposant d’en « faire évoluer » les critères pour cibler davantage « des gens qui ont des potentiels de dangerosité avérée (ou) qui sont de possibles récidivistes ».

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