Après son retour triomphal au ponton des Sables-d’Olonne mardi, le navigateur Charlie Dalin a évoqué « l’état de ‘flow' » qui lui a permis de remporter en un temps record le Vendée Globe, « le Graal » des courses en solitaire.
QUESTION : Maintenant à terre, arrivez-vous à mettre des mots sur ce tourbillon d’émotions ?
Charlie Dalin : « C’est une joie immense, un bonheur indescriptible de remporter ce monument de la course au large et d’entrer dans le club très fermé des vainqueurs du Vendée Globe. Il y a quatre ans, lors de la conférence de presse, je voyais les photos des anciens vainqueurs dans cette même salle. Même si j’étais le premier à venir en conférence, je savais que, la fois d’après, ce ne serait pas ma photo sur les murs (il avait été reclassé 2e après une bonification de temps accordé à Yannick Bestaven, ndlr). Aujourd’hui, je suis de nouveau le premier à prendre la parole, mais cette fois, dans quatre ans, je suis sûr que ce sera ma photo sur les murs de cette salle, et ça c’est vraiment cool. »
Qu’est-ce qui a changé pour vous par rapport à 2021 ?
« J’ai pris beaucoup de plaisir à faire ce tour du monde dans un bateau très agréable à vivre. J’étais content d’y retourner et j’ai pu savourer jusqu’au bout. J’ai même fait un peu durer le plaisir. J’aurais peut-être pu être un peu plus rapide en passant entre les îles cette nuit, mais cela m’a permis de faire quelques siestes, de décaler un peu l’arrivée et d’avoir une lumière assez incroyable au lever du soleil. »
Comment expliquer votre sérénité impressionnante sur le parcours, malgré la pression liée au statut de favori ?
« Je m’étais rendu compte que la partie mentale était centrale sur ma première édition. Je me suis retrouvé à un peu accuser le coup après ma 2e place. J’ai fait la liste des situations difficiles que j’avais vécues et on a écrit avec mon préparateur mental un petit livret, une boîte à outils, pour mieux les affronter. J’avais plein de cas sur ce carnet : coup de fatigue, avarie à gérer, problème stratégique. C’était génial d’avoir cette pharmacie mentale proche de moi pour pouvoir répondre à toutes les situations. »
Le combat a été rude avec Yoann Richomme, qui doit arriver mercredi aux Sables, qu’est-ce qui a fait la différence ?
« Cela ne s’est vraiment pas joué à grand-chose… Il aurait aussi bien pu être là à ma place pour vous parler. Il est un peu rentré dans ma tête avant le Cap Horn, je naviguais comme lui aime le faire, pas à ma façon et il m’a rattrapé. Mais en arrivant dans l’Atlantique, j’ai fait un peu un +reset+ du bateau, j’ai changé des pièces pour le configurer en vue de la remontée et je me suis remis à avancer selon mon instinct. A hauteur de Cabo Frio, un endroit où les prévisions météo sont assez mauvaises, j’ai fait un petit décalage à l’ouest qui s’est avéré payant, une option choisie grâce à un mix d’images satellites et de notes de Jean-Yves Bernot (météorologue spécialiste de course au large). Cela s’est mis à dérouler pour moi ensuite, j’étais un peu dans un état de +flow+, le Graal de tous les sportifs de haut niveau. »
C’était votre rêve depuis près de huit ans, quelle est la suite pour vous ?
« Je ne m’interdis pas d’y retourner, mais il y a quatre ans c’était différent. J’étais à deux heures et demie de la victoire, là j’ai d’abord envie d’en profiter un moment. Je veux continuer de naviguer, faire des courses. Celle qui va occuper mes nuits désormais, c’est la Route du Rhum. »
Propos recueillis en conférence de presse.
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