Un vendeur de nouilles vietnamien a été condamné à cinq ans et six mois de prison après qu’une vidéo en ligne le montrant en train d’imiter le geste caractéristique du chef turc Nusret Gokce – populairement connu sous le nom de « Salt Bae (le champion du sel) » – est devenue virale.
Bui Tuan Lam, 39 ans, est devenu célèbre en novembre 2021 après avoir posté une vidéo parodique dans laquelle il imitait le chef célèbre en saupoudrant de la ciboule sur une soupe de nouilles et en se faisant appeler « Green Onion Bae » (le champion de l’oignon vert).
Sa vidéo a été perçue comme une satire du ministre vietnamien de la Sécurité publique, To Lam, qui a essuyé de vives réactions après la diffusion d’une vidéo le montrant en train de manger un steak incrusté d’or d’une valeur de plus de 2000 dollars dans le restaurant londonien de Nusret Gokce.
Les internautes vietnamiens ont critiqué le ministre et se sont demandé comment il pouvait s’offrir un repas aussi somptueux alors que la population vietnamienne était confrontée à des difficultés économiques à la suite de la pandémie de coronavirus.
Bui Tuan Lam a été interrogé à plusieurs reprises et a subi des pressions pour fermer son échoppe de soupe de nouilles. Il a été arrêté en septembre de l’année dernière pour avoir diffusé des documents contre le régime communiste à parti unique.
Le 25 mai dernier, un tribunal de Da Nang l’a condamné à cinq ans et six mois de prison pour diffusion de propagande antiétatique. Il a également été condamné à une période probatoire de quatre mois à purger après sa libération.
Le tribunal a déclaré qu’entre avril 2019 et septembre 2022, Bui Tuan Lam a publié 19 articles sur Facebook et 25 vidéos sur YouTube que les autorités ont jugés « diffamatoires » et « calomnieux » à l’égard de l’État, selon les médias locaux.
Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie à Human Rights Watch (HRW), a demandé au gouvernement vietnamien d’abandonner les charges contre Bui Tuan Lam et d’abolir l’article 117 du code pénal, qui interdit la diffusion de propagande contre le gouvernement.
La liste des messages et des vidéos considérés comme des « preuves » des « crimes » de Bui Tuan Lam montre à quel point le Vietnam est prêt à bloquer toute forme de critique en ligne contre le gouvernement », affirme Phil Robertson dans un communiqué.
Outre la gestion de son échoppe, Bui Tuan Lam a défendu les droits de l’homme et la démocratie au Vietnam. Il a également participé à des manifestations contre la Chine et en faveur de l’environnement.
HRW affirme que Bui Tuan Lam n’a pas pu rencontrer ses avocats avant le 8 mai.
« Au-delà des violations habituelles des droits de la défense, le cas de Bui Tuan Lam a été encore plus entaché par les allégations fantaisistes des autorités selon lesquelles il aurait renoncé à son droit à un avocat alors qu’il était placé en détention sans contact avec l’extérieur pendant plus de sept mois », poursuit Phil Robertson.
Montse Ferrer, directrice régionale adjointe par intérim d’Amnesty International chargée de la recherche, estime que cette affaire ne répond pas aux « normes internationales d’équité », étant donné que Bui Tuan Lam est en détention provisoire depuis près d’un an.
« Cette affaire est emblématique de l’état des droits de l’homme au Vietnam, où même la plus légère des satires peut potentiellement entraîner des représailles de la part des autorités », déplore Montse Ferrer à la veille du procès de Bui Tuan Lam.
« La satire n’est pas un crime. Cette parodie de justice doit cesser », poursuit Montse Ferrer, qui exhorte la communauté internationale à exiger des autorités vietnamiennes qu’elles mettent un terme à leurs attaques incessantes contre les droits fondamentaux de la population.
Selon un rapport de HRW, en avril dernier, les autorités vietnamiennes détenaient plus de 160 prisonniers politiques ayant exercé leur droit à la liberté d’expression.
Le groupe de défense des droits de l’homme signale que les blogueurs et les militants des droits de l’homme dans le pays sous domination communiste sont confrontés quotidiennement au harcèlement policier, à l’intimidation, à la surveillance et à l’interrogation.
« Les militants sont confrontés à de longues périodes de détention provisoire, sans contact avec des avocats ou leur famille, dans un État policier à parti unique qui ne tolère aucune dissidence », peut-on lire dans le rapport.
HRW exhorte les donateurs internationaux et les partenaires commerciaux à faire pression pour mettre fin à la « persécution systématique des critiques pacifiques » au Vietnam.
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