Sous quatre tentes blanches, des volontaires offrent des consultations médicales gratuites aux habitants de Macarao, un quartier défavorisé du sud-est de Caracas, dans le cadre de l’aide humanitaire d’urgence promise par l’opposant Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays.
Au milieu d’une rue parsemée de nids-de-poule, une longue file de patients, assis sur des chaises et classés en fonction de l’âge, attendent de rencontrer un professionnel de santé. Enfants et personnes âgées sont prioritaires. L’aide humanitaire est au cœur du conflit entre le président Nicolas Maduro et son opposant.
Nicolas Maduro refuse toute aide, rejetant la responsabilité des pénuries sur les sanctions américaines. Il assure que 933 tonnes de médicaments achetés en Chine, en Russie et à Cuba sont arrivés la semaine dernière. Mais nombre de Vénézuéliens préféreraient la recevoir. « L’aide humanitaire est la meilleure chose pour le Venezuela en ces temps de pénurie profonde de médicaments », estime Andrea Hernandez. Cette étudiante en physiothérapie à Petare, le plus grand bidonville du pays, fait partie des volontaires participant aux consultations gratuites.
Fille d’une infirmière en pédiatrie, Andrea raconte qu’au cours des quatre dernières années, sa mère a pleuré plusieurs fois après avoir vu « ses patients mourir faute de médicaments ». Les bénévoles font partie des quelque 600.000 qui ont déjà répondu à l’appel de Juan Guaido, le président du Parlement, qui souhaite « parvenir à un million de volontaires pour le 23 février » date à laquelle il a promis que l’aide humanitaire américaine, stockée à la frontière du pays arriverait « quoi qu’il arrive ».
Jessenia a profité du cabinet dentaire improvisé pour faire soigner les caries de son enfant. « Je n’avais pas d’argent pour aller chez le dentiste, j’avais même peur de demander » le tarif, plaisante-elle, faisant allusion au taux d’inflation qui, en 2019, atteindrait 10.000.000%, selon le FMI. Soudain, un groupe de bénévoles s’agite pour laisser passer une jeune qui vient d’avoir un malaise. « Dégagez le passage! Une personne inconsciente arrive! », lance un volontaire à travers un micro.
« Elle n’avait pas mangé depuis deux jours », explique à l’AFP Winston Flores, un parlementaire membre de l’opposition à Maduro. Outre des soins médicaux, les patients reçoivent un peu de nourriture. Lors de ces consultations, les maladies respiratoires ou de peau, comme l’urticaire ou la gale, liées à un accès limité à l’eau et à une mauvaise hygiène, sont soignées. Les personnes souffrant d’un déficit de poids sont au centre de l’attention, explique Hasler Iglesias, un leader étudiant qui participe à l’organisation de ces consultations. Cela « peut être un signe de malnutrition ou de mauvaise alimentation », souligne-t-il.
Certains des habitants venus consulter ont reçu des analgésiques, des antibiotiques, des vermifuges ou des relaxants musculaires distribués grâce à des dons. L’objectif de ces hôpitaux de campagne est également d’identifier les populations les plus vulnérables, en particulier les enfants de moins de cinq ans, nombreux à souffrir de dénutrition, « afin qu’ils puissent bénéficier de cette aide humanitaire », affirme Hasler Iglesias. Pour Yorger Maita, volontaire de l’ONG Rescate Venezuela, si l’aide « n’entre pas, d’autres personnes continueront à mourir » de maladies incurables.
Romulo Chinchilla, un retraité de 64 ans, a parcouru les quelque 400 km qui séparent sa ville Trujillo de la capitale Caracas, dans l’espoir de trouver des médicaments pour lui et sa mère de 84 ans. Il est ressorti les mains vides de la dizaine de centres de soins publics dans lesquels il s’est rendu. C’est ce qui l’a conduit dans ce centre improvisé, une ordonnance à la main, avec l’espoir d’obtenir les médicaments tant recherchés.
« Nous demandons aux autres gouvernements de nous aider, d’envoyer l’aide qu’ils nous proposent parce que nous mourons de faim et d’une pénurie de médicaments « , lance-t-il en attendant d’être pris en charge.
Dans l’impossibilité d’acheter les quelques antibiotiques disponibles sur le marché, en raison de prix qui ont atteint des sommets, Maria Reyes a concocté une infusion d’herbes pour tenter de guérir un abcès chez sa petite fille de sept ans. Mais son remède maison n’a pas fonctionné. Et elle s’est résolue à l’emmener à l’hôpital de campagne de Maracao avec sa lésion infectée. « Il n’y a pas de remède: si j’achète les antibiotiques je ne mange plus, car ils sont trop chers ».
D.C avec AFP
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