WASHINGTON – Les pratiquants de Falun Gong demandent au Washington Post de mettre fin aux publireportages du China Daily, insérés dans ses éditions papiers ou consultables en ligne.
Frank Lee, le porte-parole du Falun Gong à Washington, a déclaré lors d’une conférence de presse le 2 février dernier : « Nous sommes profondément attristés de voir le Washington Post, un des journaux les plus respectés du pays, sacrifier ses principes au nom du profit et aider un gouvernement pervers à faire sa propagande au peuple américain. » Le communiqué de presse avait pour titre Le Washington Post : Collabore avec la propagande de Pékin.
Depuis plus de dix ans le Washington Post diffuse des articles publirédactionnels et les pratiquants locaux ont été troublés, indignés, par celui du 25 janvier 2017 intitulé Mascarades blasphématoires tenues pour de l’art, concernant Shen Yun, la première compagnie de danse et de musique classique chinoise, basée à New York. C’est, selon eux, de la diffamation.
Est-ce que le Washington Post imprimerait un supplément avec des insultes antisémites ou racistes ?
Frank Lee, porte-parole de l’Association du Falun Gong
De leurs point de vue, le Washington Post aurait du refuser cet article ; accepter de relayer une propagande chinoise d’un niveau aussi bas revient à tolérer des calomnies les plus vulgaires contre le Falun Gong et potentiellement d’autres groupes minoritaires.
L’Association du Falun Gong de Washington est en charge de la promotion de Shen Yun, qui vient de terminer avec succès une semaine de représentations au Kennedy Center. L’article du China Daily, un morceau de pure propagande selon les pratiquants, est globalement construit sur des remarques désobligeantes concernant les artistes et des données inexactes; on y soutient que Shen Yun « fait du lavage de cerveau », est une « farce » qui constitue un « blasphème de l’art véritable ».
Le lien entre l’association et le spectacle est très transparent, déclare Frank Lee. Les sites Internet du Kennedy Center et de Shen Yun, indiquent clairement que la compagnie est en relation avec l’Association du Falun Gong de la ville, et les brochures de Shen Yun, envoyées par la poste, présentent des photographies du spectacle où est mise en scène la persécution du Falun Gong.
La diffamation de Shen Yun fait partie d’une croisade bien orchestrée, explique-t-il. Tout comme les cyber-attaques de la billetterie de Shen Yun en ligne, les individus dévoués à taillader les pneus du bus de la troupe ou encore les commentateurs embauchés pour dénigrer le spectacle sur Internet.
Les ambassades et les consulats chinois contactent régulièrement les salles de théâtres pour les exhorter à ne pas signer de contrat avec Shen Yun ou à annuler les spectacles déjà programmés. Lorsque cette tactique échoue, le gouvernement chinois s’arrange pour que de faux pratiquants de Falun Gong envoient des lettres choquantes et absurdes dans le but de discréditer le mouvement spirituel et la compagnie.
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Assumer sa responsabilité
En ce qui concerne l’article, Frank Lee concède qu’il y a la clause de non-responsabilité standard en haut de la page Paid supplement to The Washington Post. Toutefois, explique-t-il, les pratiquants considèrent que « le quotidien ne peut pas être complètement déchargé de toute responsabilité concernant ce qu’il imprime ».
« Est-ce que le Washington Post imprimerait un supplément avec des insultes antisémites ou racistes ? » demande-t-il. Non, évidemment, on s’y refuserait. Pourtant, il laisse l’article d’un gouvernement étranger charger une compagnie américaine.
« Nous exigeons du journal qu’il publie des excuses pour avoir permis l’attaque du China Daily contre nous », ajoute-t-il.
L’Association du Falun Gong a envoyé des courriers, avec le contenu de la conférence de presse, à Jeff Bezos, le détenteur du journal, à Frederick Ryan son éditeur et attend leur réponse.
Qui blasphème ?
Sur l’accusation de blasphème, New Tang Dynasty Television a interviewé la Dre Juliana Geran Pilon, auteure et chercheuse à l’Institut Alexander Hamilton d’étude de la civilisation occidentale (AHI). « Le communisme, par sa nature même, rejette la croyance en un Dieu. Le mot blasphème n’est pas un concept qu’il peut utiliser sans hypocrisie », dit-elle.
Lors de la Révolution culturelle de Mao (1966-1976), le Parti attaque la culture traditionnelle chinoise, détruit des artefacts religieux et historiques, profane les monastères et autres sites religieux et s’acharne contre la littérature non communiste et l’art.
Aujourd’hui, la destruction continue. « La persécution du Falun Gong, une pratique bouddhiste, profondément enracinée dans la culture chinoise classique, est un nouvel épisode de la guerre de Pékin contre la tradition », affirme M. Lee.
Dans ce contexte on comprend les motivations du gouvernement chinois pour blâmer Shen Yun. Dès ses débuts, la culture traditionnelle chinoise est d’inspiration divine selon la compagnie – un don du ciel. Dans le passé, on croyait dans la nécessité de vivre en harmonie avec l’univers, ainsi qu’au caractère « uni du ciel, de la terre et de l’humanité », rappelle-t-il.
En revanche, le Parti communiste prône « la lutte » contre la nature, contre l’homme et entre les peuples – tout le contraire de l’harmonie que préconise Shen Yun. Le Parti communiste perçoit la tradition comme une menace à son existence et cherche à l’éradiquer, ajoute-t-il.
« Même si on peut encore trouver des traces de la culture traditionnelle chinoise en Chine continentale, c’est plutôt secret et l’essence spirituelle est généralement perdue », dit-il.
Promotion en ligne et contenu trompeur du Washington Post
Frank Lee remarque qu’en ligne la mise en page est encore plus trompeuse que la version imprimée et le site WashingtonPost.com brouille davantage la ligne de démarcation. On indique dans une police légère en haut dans un coin A paid supplement to The Washington Post, ce qu’un lecteur peut facilement ne pas remarquer.
Le Washington Post est bien conscient que la rubrique « China Watch » est faite pour ressembler au reste du journal et pour tromper les lecteurs.
Dana Rohrabacher, représentant américain (R-Californie)
En 2001, James Fallows écrivait pour le magazine The Atlantic un article intitulé La propagande officielle chinoise : maintenant en ligne sur le Washington Post, il pointait la manière dont l’URL chinawatch.washingtonpost.com pouvait tromper les lecteurs, leurs faisant croire qu’il s’agissait d’un blog du Washington Post spécialisé sur les questions chinoises.
Dans sa déclaration du 18 juillet 2012, l’élu Dana Rohrabacher, soulignait
que : « Le Washington Post est bien conscient que la rubrique ‘China Watch’ est faite pour ressembler au reste du journal et pour tromper les lecteurs …. Inscrire ‘supplément payé’ en haut et en petits caractères ne dédouane le journal d’aucune responsabilité morale, puisqu’ils soutient sciemment ceux qui piétinent au maximum les droits de l’Homme, les membres du Parti communiste chinois. »
D’autre part, selon elle, pour être en conformité avec la Foreign Agent Registration Act, les articles provenant du China Daily devraient être étiquetés comme étant produits par un gouvernement étranger.
Lors de la conférence de presse, Larry Liu, le directeur de la communication de l’Association du Falun Gong a conseillé au Washington Post de prendre du recul avec profit financier qu’apporte l’impression de la propagande communiste. Selon lui, le quotidien perdra ce revenu à terme. « Le Parti communiste ne restera pas éternellement au pouvoir », a-t-il a prévenu.
Il déconseille les responsables du Washington Post, un journal qu’il dit avoir beaucoup admiré, d’attendre jusqu’au dernier moment : « Ils perdront bien plus que de l’argent, il risquent leur dignité et leur position dans l’histoire ». Larry Liu a rappelé que certaines compagnies américaines avaient fait affaire avec l’Allemagne nazie et l’avaient amèrement regretté une fois la deuxième Guerre mondiale terminée. « J’espère que [le Washington Post] retiendra ces leçons du passé », a-t-il conclu.
Version originale : Washington Post: Arm of Beijing’s Grand Propaganda Strategy ?
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