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ZFE : « Les pouvoirs publics n’assument pas réellement ces mesures coercitives écologiques », analyse Bertrand Alliot

janvier 15, 2025 12:24, Last Updated: janvier 15, 2025 12:24
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ENTRETIEN – Le porte-parole de l’association Action Écologie, Bertrand Alliot, répond aux questions d’Epoch Times sur l’interdiction de circulation des véhicules Crit’Air 3 dans certaines ZFE depuis le 1er janvier.

Epoch Times – Bertrand Alliot, les véhicules Crit’Air 3 sont interdits à la circulation dans les ZFE du Grand Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier depuis le 1er janvier. Cette mesure est loin de faire l’unanimité. On parle parfois de « bombe sociale » et de « zone d’exclusion sociale ». Quelles vont être, pour vous, les conséquences de ce durcissement de ces zones à faibles émissions ?

Bertrand Alliot – Il est certain qu’il y aura une exaspération sociale. C’est d’ailleurs déjà bien parti. Et selon l’application de ces dispositions dans certaines villes, les gens les plus modestes ne pourront plus accéder aux centres-villes.

Je note, par ailleurs, que ce genre de dispositif peut engendrer un effet pervers sur le plan écologique : changer de voiture en permanence ne peut que nuire à l’environnement. On est dans une forme de généralisation de l’obsolescence programmée des véhicules.

Un certain nombre de dérogations sont prévues, notamment à Paris pour les professionnels. Un pass ZFE pourra être demandé par les détenteurs d’un véhicule polluants. La métropole du Grand Paris s’est d’ailleurs voulue rassurante et veut faire de 2025 une année « pédagogique ». Il n’y aura pas de sanctions. Qu’est-ce que cela traduit ?

C’est intéressant ! En réalité, les pouvoirs publics et les élites politiques, notamment en région n’assument pas réellement la mise en œuvre de ces mesures coercitives écologiques. Il y a comme un tournant. Je pense que les politiques, en plus d’être préoccupés par les enjeux électoraux, commencent à se rendre compte de l’impact que peuvent avoir ces mesures sur les conditions sociales de leurs administrés. Il y a donc cette réticence à poursuivre la mise en place de ces normes.

Cette réticence est quand même très significative puisqu’elle touche des agglomérations très écologistes comme Nantes. Il va peut-être y avoir très prochainement une coalition entre les citoyens et leurs représentants pour faire échouer cette politique.

Des radars automatiques devraient être installés en 2026 afin de repérer les véhicules qui ne doivent pas être présents dans ces zones. Sont-ils révélateurs d’une dérive liberticide ?

Oui complètement puisque ce sont des appareils d’une efficacité redoutable ! Il y avait deux espoirs avec ces ZFE : l’instauration de dérogations, et le fait qu’il n’y ait pas de contrôle.

J’ai l’impression que ça s’est un peu généralisé. Néanmoins, si ces radars qui sont, pour l’heure, éteints sont activés, cela sera révélateur de la volonté de certains politiques de faire appliquer ces normes environnementales dans les ZFE.

Mais pour ma part, je pense que peu de villes vont les utiliser.

Les automobilistes peuvent, en outre, prétendre à certaines aides pour acheter un véhicule peu polluant ou transformer le moteur de celui qu’ils possèdent déjà : ils peuvent demander un prêt à taux zéro auprès des banques, prétendre à un bonus écologique ou à la prime rétrofit. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que l’État est ruiné et que cette ruine est en partie accélérée par les délires écologiques du Pacte vert européen. Il n’est en réalité plus en mesure de mettre en œuvre des politiques de ce type.

Mais le cœur du sujet n’est pas les aides qui peuvent être octroyées, mais plutôt cette politique écologique qui doit être déconstruite.

Il faut arrêter d’accélérer l’obsolescence programmée des véhicules et mettre un terme à la politique européenne de fin des moteurs thermiques et de développement des véhicules électriques.

Parmi ceux qui critiquent l’interdiction de circulation des véhicules Crit’Air 3, on entend souvent qu’elle ne serait pas utile d’un point de vue environnemental. Quel est votre avis sur la question ?

Effectivement, il y aura un impact à la marge. Il y aura peut-être un peu moins d’oxyde d’azote et de particules fines, mais dans des proportions non significatives. Il faut comprendre qu’en France, seulement deux villes sont problématiques au niveau de la pollution de l’air : Paris et Lyon.

Cependant, la qualité de l’air s’est énormément améliorée depuis la fin des années 1960. Nos villes ne sont plus autant polluées qu’à certaines périodes du XXe siècle. L’impact de ce dispositif sur la qualité de l’air sera donc vraiment limité.

D’ailleurs, pendant le confinement, il y avait eu des pics de pollution, alors qu’il n’y avait plus de circulation. Les polluants étaient, en réalité, des particules fines en provenance d’Allemagne. Il n’y a pas que la voiture qui pollue !

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