Depuis que l’Irlande du Nord a officiellement légalisé l’avortement, une faction de professionnels de la santé a réagi en déclarant qu’elle n’assisterait pas cette intervention.
Citant une violation de leurs croyances catholiques, un certain nombre de médecins et infirmières ont signé une lettre de désapprobation adressée au secrétaire d’État Julian Smith et au secrétaire du ministère de la Santé Richard Pengelly.
Un total de 911 médecins, sages-femmes et infirmiers ont prêté leur signature à cette lettre, initialement rédigée par un médecin généraliste d’Irlande du Nord, le Dr Andrew Cupples, en septembre.
Dr Cupples, fortement opposé à cette modification de la loi, a affirmé qu’un certain nombre de professionnels de la santé lui ont dit personnellement qu’ils démissionneraient de leur emploi s’ils étaient tenus de participer à un avortement médical.
« Des centaines de professionnels de la santé en Irlande du Nord refuseront de participer à des services d’avortement », a déclaré Dr Cupples à The Independent. « Il y a même des gens qui ont l’intention de quitter les services de santé s’ils sont forcés de participer aux services d’avortement. »
L’avortement est depuis longtemps illégal en Irlande du Nord dans tous les cas, sauf en cas de viol et d’inceste.
Les membres du Parlement ont initialement adopté la loi en Irlande du Nord (sous la formation de l’Exécutif) en juillet 2019. Le Parti unioniste démocratique d’Irlande du Nord a demandé de retravailler la réforme sur l’avortement à l’Assemblée de Stormont, le 21 octobre, dans une tentative ultime d’arrêter le projet, mais cela a échoué.
La décision de décriminaliser l’avortement en Irlande du Nord a été rendue définitive le 22 octobre.
L’opposition à la nouvelle loi concentre maintenant ses efforts au droit de s’opposer pour des raisons de conscience.
« Il y a des gens en obstétrique et gynécologie et des sages-femmes qui s’inquiètent que s’ils n’acceptent pas d’être formés à l’avortement, ils pourraient être forcés de le faire ou réprimandés par leurs employeurs ou un organisme professionnel », a dit Dr Cupples.
« Vous pourriez être confrontée au scénario d’un manque de personnel et vous êtes la seule personne disponible pour participer [à un avortement] », a déclaré la sage-femme Debbie Marshall au quotidien Belfast Telegraph, ajoutant : « Personnellement, je ne serais pas heureuse d’être impliquée, et quelqu’un devrait trouver une autre solution. »
Grainne Teggart, directrice de la campagne d’Amnesty International en Irlande du Nord, a affirmé que les professionnels de la santé devraient pouvoir refuser de participer à un avortement s’ils le souhaitent. Toutefois, Mme Teggart a suggéré que l’objection pour des raisons de conscience ne devrait s’appliquer qu’au personnel impliqué dans l’arrêt de grossesse lui-même, et non au personnel chargé des soins du patient avant et après la procédure.
Avant le 22 octobre, les femmes qui demandaient l’arrêt d’une grossesse en Irlande du Nord risquaient l’emprisonnement si elles ne pouvaient prouver que leur vie ou leur santé mentale étaient en danger en portant un fœtus à terme.
La décriminalisation de l’avortement exige que l’Irlande du Nord commence à autoriser des avortements médicaux dans les hôpitaux publics d’ici le 31 mars 2020 ; d’ici cette date, une consultation publique de 12 semaines permettra de déterminer les détails organisationnels plus précis.
Avant le 31 mars, le personnel médical de l’Irlande du Nord sera tenu de fournir à ses patientes des conseils sur les services d’avortement au Royaume-Uni. Tous les frais de voyage, de traitement et d’hébergement des femmes d’Irlande du Nord cherchant à se faire avorter seront pris en charge par le gouvernement du Royaume-Uni.
Selon la BBC, en Angleterre, au Pays de Galles et en Écosse, la loi de 1967 sur l’avortement permettait de pratiquer légalement un avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse.
Rachael Clarke du Service consultatif britannique sur la grossesse s’est entretenue avec The Independent, offrant son soutien aux signataires de la lettre d’opposition de Dr Cupples. « Nous soutenons pleinement le droit des professionnels de la santé de ne pas fournir de soins d’avortement s’ils s’y opposent pour des raisons de conscience », a-t-elle commencé. Mme Clarke a poursuivi :
« Ce que nous n’appuyons pas, c’est l’obstruction des femmes qui tentent d’obtenir des services juridiques. Les professionnels de la santé ont des obligations professionnelles ; s’ils sont eux-mêmes incapables de fournir des soins, alors ils doivent de veiller à ce que les patients disposent d’informations exactes et puissent accéder aux soins sans délai. »
L’objection pour des raisons de conscience, selon Rachael, ne constitue pas une menace sérieuse pour les dispositions relatives à l’avortement en Irlande du Nord. « Nous avons vu en Irlande que malgré le désaccord des groupes pro-vie, des centaines de professionnels de la santé sont prêts et heureux de fournir consciencieusement les soins dont leurs patients ont besoin », a-t-elle expliqué.
En fin de compte, poursuit Rachael, « le Service consultatif britannique sur la grossesse soutiendra toute proposition de Loi pour l’objection en raison de conscience et alignera la loi en Irlande du Nord à celle du reste du Royaume-Uni, car les femmes méritent mieux que d’être traitées par ceux qui pensent que ce qu’elles font est mal ».
Pour aller de l’avant, Dr Cupples explique qu’il s’agit de garantir le droit légal d’un professionnel de la santé de s’opposer à assister lors d’un avortement.
« Si vous êtes dans cette situation, avez-vous la protection juridique [et] le droit moral de dire : ‘Je suis désolé, je ne suis pas à l’aise avec cela, mais écoutez, il y a un service extraordinaire auquel je veux vous référer qui vous apportera toute l’aide dont vous avez besoin’ » a-t-il posé.
Dr Cupples souhaite le soutien du gouvernement. Avec 911 médecins, infirmières et sages-femmes, il attend un retour.
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