A Bethléem, Omicron a ruiné tous les espoirs d’un Noël normal

Par Epoch Times avec AFP
15 décembre 2021 14:25 Mis à jour: 15 décembre 2021 14:37

Après avoir passé deux ans dans la poussière, les 228 chambres de l’hôtel Ararat de Bethléem viennent d’être soigneusement nettoyées en prévision de Noël. Mais pour rien! Car cette année encore le coronavirus joue les trouble-fêtes dans la ville de naissance de Jésus.

Le grand sapin aux boules dorées et la figurine du père Noël donnent un peu de chaleur au grand hall de marbre, où la réception de l’établissement est désertée.

Ici comme dans les autres hôtels de Bethléem, la ville palestinienne de Cisjordanie occupée, on ne prend même plus la peine d’ouvrir. Les décorations ne sont là que pour mettre un peu de baume au cœur des rares employés qui n’ont pas été remerciés.

Les habitants de Bethléem pensaient pourtant avoir tourné la sinistre page du coronavirus après un Noël morose l’année dernière, le premier à l’ère du Covid-19.

Un gardien entretient l’une des lampes de l’église de la Nativité, traditionnellement considérée comme le lieu de naissance du Christ, dans la ville biblique de Bethléem en Cisjordanie le 15 décembre 2021. Photo Abbas MOMANI/AFP via Getty Images.

A partir du 1er novembre, touristes et pèlerins avaient pu revenir à Bethléem après qu’Israël, dont l’armée occupe la Cisjordanie depuis 1967 et contrôle toutes les entrées à ce territoire palestinien, a rouvert ses portes aux visiteurs vaccinés.

Mais moins d’un moins plus tard, alors que les commerces avaient passé commande pour refaire leurs stocks et que les hôtels se refaisaient une beauté, le pays a dû se calfeutrer à nouveau après la confirmation d’un cas d’Omicron.

Plus de trois millions de personnes visitaient chaque année Bethléem

Depuis, Agustin Shomali, un directeur de l’hôtel Ararat, vérifie « tous les jours les informations concernant l’aéroport de Tel-Aviv » en espérant sa réouverture aux touristes, seul salut possible pour son établissement situé à quelques minutes de la basilique de la Nativité, lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne.

Un moine prie à l’intérieur de la grotte de l’église de la Nativité dans la ville biblique de Bethléem en Cisjordanie le 18 janvier 2021, Photo de HAZEM BADER / AFP via Getty Images.

« Le taux d’occupation de l’hôtel devait être de 70% pour Noël mais toutes les réservations de l’étranger ont été annulées », explique M. Shomali. Il faudra se contenter du tourisme local mais « ça ne dépassera pas les 5% ».

Avant la pandémie de coronavirus, plus de trois millions de personnes visitaient chaque année Bethléem en moyenne.

Cette ville, où le taux de chômage est passé de 23 à 35% en deux ans, a été affectée par la crise sanitaire comme aucune autre en Cisjordanie car elle dépend exclusivement du tourisme, relève Carmen Ghattas, directrice des relations publiques à la mairie.

Une poignée de visiteurs fait le tour de l’église de la Nativité, traditionnellement considérée comme le lieu de naissance du Christ, dans la ville biblique de Bethléem en Cisjordanie le 15 décembre 2021. Photo d’Abbas MOMANI / AFP via Getty Images.

Depuis son bureau qui donne sur la place de la Mangeoire, où a été installée une crèche grandeur nature au pied d’un gigantesque sapin, elle se désole de n’avoir aucun contrôle sur l’entrée des touristes dans sa ville, où la majorité des habitants sont vaccinés.

Ailleurs dans le monde, les lieux touristiques sont ouverts aux visiteurs vaccinés s’ils respectent les règles sanitaires, note Mme Ghattas.

« Ici, les touristes n’ont même pas eu cette chance, ils ont tout bonnement été interdits d’entrée et cela affecte notre économie. Il faut qu’ils ouvrent (l’aéroport) car le coronavirus ne va pas disparaître, il faut apprendre à vivre avec », dit-elle.

« Les boulangeries, les pharmacies et les épiceries épargnées »

Conscient des difficultés et à titre de dédommagement, le gouvernement palestinien a donné 700 shekels (moins de 200 euros) aux commerçants ayant fait la demande. Mais Mme Ghattas reconnaît qu’il s’agit d’une goutte d’eau.

-Khalil al-T’arh, propriétaire de l’hôtel Nativity, se tient à l’entrée de son entreprise vide alors que les agences de tourisme ont commencé à annuler les réservations pour Noël après qu’Israël a fermé ses frontières. Photo de Hazem BADER / AFP via Getty Images.

A deux pas de la mairie, Afram Chahine fume des cigarettes à l’entrée de sa boutique qui regorge de céramiques de toutes les couleurs. En deux ans, il a vendu pour l’équivalent de 20 euros.

« Avant la pandémie, 20 euros c’était de l’argent de poche pour moi, le prix de mes cigarettes tous les jours! », lance-t-il. « Il n’y a que les boulangeries, les pharmacies et les épiceries qui ont été épargnées. »

Sa voisine, Nadia Hazboun, vend des icônes et des crèches en bois d’olivier.

Elle se dit « détruite » par la pandémie.

« Nous sommes plus bas que zéro », souffle cette palestinienne, mélancolique au souvenir des jours où sa ville était noire de monde et son magasin fermait tard le soir.

Agustin Shomali espère retrouver d’ici Pâques le joyeux brouhaha dans le hall de son hôtel.

« La seule chose qui nous fait survivre c’est l’espoir. Depuis le premier jour, je dis à mon épouse ‘ça va passer, ça va passer' ».


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