Plus de 600 personnalités ont signé mardi une tribune dans le journal Le Monde pour s’opposer à l’accession de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD. À droite, on continue à fustiger et railler le refus à gauche de partager ce qui est jugé comme un quasi-monopole sur le monde médiatique.
En dépit des critiques émanant des rangs de la droite qui pointent du doigt un refus d’accepter le pluralisme de la presse, la gauche poursuit sa mobilisation contre l’arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du Dimanche (JDD), cette fois-ci par le biais d’une tribune publiée mardi dans le journal Le Monde. Se disant « sidérées et inquiètes qu’un appui revendiqué d’Eric Zemmour prenne la direction du Journal du dimanche », plus de 600 personnalités publiques ont souhaité apporter leur soutien à la grève entamée par la rédaction du JDD à la suite de l’annonce de la nomination de l’ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles à ce nouveau poste.
La gauche culturelle, politique et médiatique sur le front
« Acteurs du monde politique, économique, social, culturel, associatif ou sportif, nous ne pouvons nous résoudre à voir ce rendez-vous dominical de référence véhiculer des opinions contraires aux valeurs républicaines qu’il porte depuis soixante-quinze ans », écrivent les signataires.
Parmi eux, on retrouve des figures politiques du Parti socialiste (Olivier Faure, Martine Aubry, Lionel Jospin, Christiane Taubira…), d’EELV (Grégory Doucet, Karima Delli…), de la France insoumise (François Ruffin, Manon Aubry, Clémentine Autain…), du Parti communiste (Fabien Roussel, Pierre Dharréville…), de Renaissance (Prisca Thévenot, Sacha Houlié…) mais aussi des patrons de syndicats (Sophie Binet (CGT), Marylise Léon (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO)), l’ancien patron du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy ou encore le recteur de la mosquée de Paris, Kamel Kabtane.
Dans leur texte, ils poursuivent : « Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on le lise ou qu’on ne le lise pas, le “JDD”, avec ses qualités et ses défauts, est toujours resté attaché à la diversité des opinions. Il ne peut devenir un journal au service des idées d’extrême droite. »
Indignations et railleries à droite
Des propos qui font écho au communiqué de presse de la rédaction du JDD : « Le JDD n’est pas un journal d’opinion. C’est un journal qui aime la politique sans prendre parti », était-il notamment justifié pour expliquer les raisons de cette grève. Sur les réseaux sociaux, les internautes n’avaient alors pas manqué de lâcher piques et railleries. Arthur de Watrigant, directeur de la rédaction du magazine L’Incorrect et chroniqueur sur CNews, mettait ironiquement en avant sur Twitter la Une « sans prendre parti » du JDD du 12 mars 2017 qui titrait « La menace Le Pen, ruineux pour l’économie et dangereux pour les libertés ».
Donc le @leJDD se met en grève et explique très sérieusement dans son communiqué que : « Le JDD n’est pas un journal d’opinion. C’est un journal qui aime la politique sans prendre parti. »
Exemple de Une « sans prendre parti » : 12 mars 2017
« La menace Le Pen, ruineux pour… pic.twitter.com/afR59fdiEn
— Arthur de Watrigant (@adewatrigant) June 22, 2023
Sans surprise, après la publication de cette tribune, les réactions sur Twitter se voulaient du même ordre. « Incroyable tribune de toutes les bonnes âmes de gauche sur le JDD. Selon eux, la presse ne peut être libre que si elle est de gauche. Soutien à la vraie liberté ! », s’est par exemple exclamé le patron des Républicains Eric Ciotti dans un message retweeté par l’avocat Me Gilles-William Goldnadel.
« Totalitarisme courtois »
Dans le camp présidentiel, dimanche, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, s’était fendue d’un tweet pour commenter l’accession de Geoffroy Lejeune à la direction du journal. « Mon rituel du dimanche, c’était de me réveiller avec le JDD. Aujourd’hui il ne paraît pas », avait-elle déploré, précisant toutefois qu’« en droit, le JDD peut devenir ce qu’il veut, tant qu’il respecte la loi » avant de s’interroger : « Comment ne pas s’interroger » au regard de « nos valeurs républicaines » ?
Un message qui avait fait bondir la députée RN Caroline Parmentier, qui s’était en avril dernier confrontée à Rima Abdul Malak sur le maintien au Palais de Tokyo de la toile de Miriam Cahn, accusée de promouvoir la pédopornographie : « Toute la presse ne peut pas être macroniste… Cela vient prouver, une nouvelle fois, que nous avons à faire à une militante plus qu’à une ministre », a-t-elle tancé. Chez Les Républicains aussi, cette sortie de la ministre n’a pas été perçue d’un bon œil. « Comme d’habitude, elle cherche à exister, à sauver sa tête avec le remaniement qui se profile », souffle un élu LR à Valeurs Actuelles.
Auprès du même média, le philosophe Michel Onfray a confié qu’il « regarde ça avec beaucoup d’ironie : ça fait cinq ans que je suis privé de service public. Ce n’est que la suite logique », explique le philosophe qui fustige depuis plusieurs années les ingérences des gouvernements successifs sur le monde de la presse : « Tout cela est très orwellien. C’est le ministère de la Vérité. On appelle ça le totalitarisme courtois ».
Grève reconduite
Ce mercredi, par le biais de sa société des journalistes (SDJ), la rédaction du JDD a annoncé reconduire sa grève jusqu’à jeudi, date à laquelle doit se tenir un nouveau vote. « Malgré l’ampleur de la contestation », Arnaud Lagardère, PDG du groupe éponyme, « a maintenu ce choix face à la rédaction rassemblée », a souligné la SDJ.
Pour sa part, Arnaud Lagardère a assuré lundi auprès du Figaro avoir décidé « seul » de la nomination de Geoffroy Lejeune par « choix économique et pas du tout idéologique » dans un contexte où le milieu journalistique, régulièrement accusé de faire la part belle à la gauche, voit derrière cette décision la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions jugées conservatrices. Pour rappel, son groupe, Vivendi, a été autorisé au début du mois à absorber son ancien rival Lagardère.
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