Des dizaines de manifestants hongkongais assiégés par la police dans un campus ont réussi lundi soir à s’enfuir, après une nouvelle menace d’intervention de Pékin pour régler la crise politique dans le territoire autonome du sud de la Chine.
Retranchés dans l’Université polytechnique (PolyU), actuel bastion de la contestation, ces protestataires sont descendus en rappel d’une passerelle, puis ont été récupérés sur une route en contrebas par des personnes à moto.
Les heurts se sont poursuivis dans la nuit de lundi à mardi, alors que la police menace désormais d’utiliser des « balles réelles » face aux « armes létales » des manifestants .
Dans une tactique apparemment coordonnée, des dizaines de milliers de personnes ont afflué vers le campus universitaire pour tenter d’en rompre le siège. Des affrontements avaient lieu aux alentours.
Des dizaines de personnes restaient sur le campus dans la nuit, a déclaré un des protestataires à l’AFP. Des manifestants mineurs ont cependant été autorisés à partir.
L’Union européenne a appelé à la retenue et au respect des libertés. « Toute violence est inacceptable. Les mesures prises par les forces de l’ordre doivent rester strictement proportionnées et les libertés fondamentales, y compris le droit de réunion pacifique des Hongkongais, doivent être respectées », a déclaré la cheffe de la diplomatie Federica Mogherini au nom des 28 Etats membres.
La mobilisation depuis plus de cinq mois
La mobilisation en cours dans l’ex-colonie britannique depuis plus de cinq mois a basculé la semaine dernière dans une phase beaucoup plus radicale et violente, qui a entraîné notamment la fermeture des écoles.
L’exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, s’est refusé à accéder aux revendications des manifestants. Ceux-ci demandent notamment l’avènement du suffrage universel dans la mégapole de 7,5 millions d’habitants, et une enquête sur ce qu’ils présentent comme des violences policières.
La Chine a maintes fois averti qu’elle ne tolérerait pas la dissidence, et l’inquiétude monte face à l’éventualité d’une intervention pour mettre fin à la crise. Des soldats de l’armée chinoise, présents à Hong Kong depuis la rétrocession de l’ex-colonie en 1997, sont sortis ce weekend de leur caserne pour déblayer certaines rues de leurs barricades. Une apparition rarissime qui a encore alimenté l’hypothèse d’une opération militaire.
L’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni a donné lundi du crédit supplémentaire à cette option. « Le gouvernement de Hong Kong fait tout son possible pour reprendre le contrôle de la situation », a déclaré Liu Xiaoming lors d’une conférence de presse. « Mais si elle devenait incontrôlable, le gouvernement central ne restera certainement pas les bras croisés. Nous avons la résolution et le pouvoir suffisants pour mettre fin aux troubles ».
Plus tôt lundi, la police avait arrêté des dizaines de manifestants aux abords du campus, frappant certains d’entre eux avec des matraques alors qu’ils étaient au sol.
« A part sortir et se rendre, je ne vois pas d’autre option envisageable pour eux », avait déclaré Cheuk Hau-yip, un commandant de la police, quelques heures avant l’évasion spectaculaire de manifestants.
Une nouvelle stratégie baptisée « Eclore partout »
La contestation était montée d’un cran lundi dernier à Hong Kong avec une nouvelle stratégie baptisée « Eclore partout » (« Blossom Everywhere »), qui consiste à multiplier les actions – blocages, affrontements, vandalisme – pour éprouver au maximum les capacités de la police.
Conséquence: un blocage quasi-général des transports en commun la semaine dernière pendant cinq jours. Lundi, les écoles n’ont pas rouvert. Cette stratégie a eu pour effet d’ancrer la contestation dans plusieurs lieux comme les campus, alors que les manifestants préconisaient au cours des mois précédents d’être insaisissables et fluides « comme l’eau ».
Lundi, une jeune femme de 19 ans se faisant appeler « K » faisait part du désespoir des manifestants retranchés dans la PolyU. « Certains pleuraient, certains étaient furieux (…), parce qu’ils n’ont pas d’issue car il n’est plus possible de sortir du campus », a-t-elle témoigné.
A quelques centaines de mètres de l’université, la police a aussi tiré des lacrymogènes pour disperser des manifestants qui ont érigé des barricades.
Les protestataires entendent poursuivre les blocages pour « étrangler l’économie » d’un des principaux centres financiers de la planète, désormais en récession.
La compagnie aérienne scandinave SAS a annoncé lundi réduire de cinq à quatre ses liaisons hebdomadaires vers Hong Kong au départ de Copenhague « en raison d’une baisse de la demande ».
Victoire très symbolique pour les manifestants, la Haute cour a jugé lundi anticonstitutionnelle l’interdiction du port du masque qui avait été décidée par le gouvernement pour désamorcer la contestation.
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