Pour Véronique dos Santos, la rentrée rime avec déménagement. La directrice de la maternelle du Bois de l’Étang à La Verrière (Yvelines), en partie incendiée pendant les émeutes du début de l’été, accueillera lundi ses 55 élèves dans une autre école de la commune.
À quelques jours de leur retour, l’enseignante s’affaire devant une pile de cartons remplis de puzzles, peluches, cahiers ou crayons de couleur qui se dressent devant l’entrée de la maternelle du Bois de l’Étang.
Des dons d’habitants de La Verrière et des environs. « Quand il a fallu faire un premier tri, j’ai retrouvé des jeux que j’avais perdus dans ma classe », raconte Véronique dos Santos, bouleversée par cet élan de solidarité. « Mine de rien, les larmes montent. » Avec d’autres enseignantes, la cheffe d’établissement décharge la voiture pleine à craquer de la mère d’une élève, Carla Correia. « Pendant tout l’été, on a fait une récolte au Auchan de Coignières », explique la jeune femme, « je viens redonner le sourire avec des jouets. »
Anticiper le doublement des effectifs
Pour anticiper le doublement des effectifs de la maternelle d’accueil, il a fallu se montrer inventif, en transformant le réfectoire en salle de classe ou en regroupant les deux classes de grande section. L’École régionale du premier degré (ERPD) de La Verrière, une banlieue pavillonnaire à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, s’apprête également à recevoir son contingent de nouveaux arrivants.
Ces 170 élèves viennent de l’école élémentaire (du CP au CM2) du Bois de l’Étang, entièrement calcinée lors des violences qui ont embrasé toute la France après la mort de Nahel M., 17 ans, tué le 27 juin à Nanterre par un policier lors d’un contrôle routier. Comme pour les élèves de la maternelle, les espaces ont dû être réaménagés. Les classes des deux écoles ne seront en revanche pas mélangées.
« Ça a été très traumatisant pour l’équipe »
Dans le vacarme des perceuses, Céline Carpentier-Maxant, la directrice de l’école élémentaire détruite, arpente les salles de son établissement d’accueil, vérifie la hauteur des tables, scrute les chaises. Tout doit être prêt le jour J. « Ça a été très traumatisant pour l’équipe parce qu’on s’est retrouvé sans rien (…) On voit bien d’ailleurs que c’est un peu vide », montre-t-elle d’un hochement de tête.
La directrice se veut néanmoins confiante et enthousiaste, imaginant déjà des projets communs entre les élèves de l’ERPD et de son école autour de l’olympisme, à moins d’un an des JO de Paris. Les enseignants aussi veulent aller de l’avant après une fin d’année scolaire éprouvante, où ils ont dû rassurer leurs jeunes élèves. « Beaucoup d’enfants, surtout les plus petits, ont eu peur qu’on soit dans l’école quand elle a brûlé, parce que pour eux, c’est là qu’on dort », relate Armelle Collin, professeure de CE1 et de CE2, qui confie avoir « hâte » de les retrouver.
« Un sentiment de stupéfaction et de tristesse. » C’est par ces mots que Pascal Duée, le directeur de l’ERPD, résume sa réaction aux dégradations qui ont visé les deux établissements de La Verrière. « On a tous des enfants à l’école. Je trouve dommage qu’on puisse brûler ce qui fait l’essence même d’un quartier », étaie-t-il dans son bureau, où une illustration représentant la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » couvre un mur.
Deux ou trois ans pour reconstruire
La municipalité a évalué à près 20 millions d’euros les dégâts causés par l’incendie des deux écoles. La reconstruction de l’élémentaire prendra deux à trois ans. Des navettes seront mises gratuitement à disposition par Île-de-France Mobilités (IDFM) afin que les élèves de l’école de Bois de l’Étang puissent se rendre à l’ERPD, éloigné d’une trentaine de minutes à pied. Et la demi-pension sera proposée, sans surcoût, aux élèves relogés. En plus de La Verrière, trois autres écoles gravement endommagées, à Mâcon, au Petit-Quevilly (Seine-Maritime) et à Strasbourg, ne rouvriront pas à la rentrée, selon le ministère de l’Éducation nationale.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.