Son patron n’exclut pas des fermetures d’usines face à la concurrence chinoise, mais à Sochaux, Stellantis peine à recruter pour produire ses nouveaux modèles électriques et part à la recherche de futurs employés dans les quartiers populaires.
L’usine historique de Peugeot, qui bénéficie du succès commercial de ses modèles électriques et hybrides 3008 et 5008, a prévu d’embaucher 450 intérimaires pour accélérer la production.
Si Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a déclaré dimanche qu’il ne fallait « rien exclure » en termes de fermetures d’usines, en pleine implantation des constructeurs chinois en Europe, Sochaux ne s’inquiète pas outre mesure pour l’avenir de son site, modernisé pour un montant de 200 millions d’euros.
Pour attirer les candidatures, le constructeur s’est installé sur un marché aux pieds des tours du quartier populaire de la Petite-Hollande, à une poignée de kilomètres de son usine.
Des tonnelles ont été installées pour accueillir les candidats, ainsi qu’une oriflamme et une Peugeot e-3008. « Je suis venue au marché, moi », sourit, surprise, Sonia Louchene. Entre l’étal du boucher et celui d’un primeur, cette femme de 40 ans ne pensait pas réfléchir à la prochaine étape de sa vie professionnelle. Elle se saisit néanmoins d’un prospectus.
« Aller vers les personnes les plus éloignées de l’emploi »
À partir du 4 novembre, Stellantis Sochaux met en place une équipe de nuit pour produire ses nouveaux modèles. À l’approche de la date fatidique, l’industriel a mené trois opérations de recrutement dans des quartiers populaires du pays de Montbéliard, qui vit au rythme de l’industrie automobile.
« C’est une première », confie Séverine Brisson, chargée de la gestion de l’emploi du site Stellantis. « On veut aller vers les personnes », justifie Brice Gaisser, responsable des entreprises à l’agence locale France Travail, installée dans ce secteur classé quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).
Le bassin de Montbéliard enregistrait 8,9% de taux de chômage à la fin du 2e trimestre, contre 7,3% à l’échelle nationale. Un taux qui double généralement dans les quartiers prioritaires. « Nous allons vers les personnes les plus éloignées de l’emploi et qui ne viennent pas nous rencontrer », explique Nathalie Gaillot, directrice de l’agence.
Mustapha, pochette cartonnée sous le bras, vient de remettre un CV aux conseillers emploi après avoir découvert l’initiative sur internet. « Je suis demandeur d’emploi depuis le 4 octobre et je me suis dit que j’allais tenter ma chance », confie-t-il, sans vouloir préciser son nom de famille.
Sonia Louchene, pour sa part, est encore en congé parental, mais elle veut reprendre le chemin du travail. Elle envisage sérieusement de troquer sa blouse blanche d’aide-soignante pour le bleu de travail. Elle a travaillé dans l’usine il y a une vingtaine d’années et en garde un bon souvenir.
Une semaine d’initiation
Une fois ciblés, les candidats sont dirigés vers les agences de travail temporaire, qui assurent les premiers tests. Ensuite, les recrues sont accueillies au centre de formation de Stellantis, pour une semaine d’initiation. « L’ensemble des exercices permet de définir le niveau de compétences », indique Elsa Pattarozzi, superviseuse training et assistance.
Vissage, connectique, conformité… « On va leur apprendre aussi la vitesse d’exécution, car on travaille à la minute », poursuit-elle. Pour ceux qui maîtrisent mal le français, les tâches ont été filmées et retranscrites avant d’être traduites.
En fonction des compétences, « on détermine le meilleur endroit », complète Séverine Brisson. Montage, ferrage, peinture, logistique… En novembre, l’usine comptera 6000 collaborateurs, dont un millier d’intérimaires. Avec cette nouvelle équipe, l’usine sera en capacité de produire quotidiennement plus de 1000 exemplaires, contre 800 actuellement.
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