Logement, bétail, cultures, biens: ils ont dû tout abandonner, ils ont tout perdu. A Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, des déplacés arméniens du conflit avec l’Azerbaïdjan vivent au jour le jour, dans le désarroi.
Entre 75.000 et 90.000 des quelques 150.000 habitants de la région avaient fui les combats de l’automne. Près de 20.000 sont retournés chez eux depuis l’accord de fin des hostilités signé le 9 novembre et consacrant la défaite arménienne.
Mais entre les territoires conquis par les Azerbaïdjanais lors des six semaines de combats et ceux qui leur sont restitués selon l’accord, de nombreux arméniens ont tout perdu.
A Stepanakert, plusieurs hôtels ont été mis provisoirement à la disposition des déplacés et chaque jour, ils sont des centaines à faire la queue pour obtenir de la nourriture distribuée par la Croix Rouge.
L’Arménie face à une urgence humanitaire +++ : guerre au #HautKarabakh/#Artsakh, blessés graves, amputés, 75.000 Arméniens de RHK déplacés vers l’Arménie, promiscuité ds les caves de #Stépanakert où s’entassent les civils, et ds les tranchées, #AlerteCOVID maximum. #SaveArtsakh https://t.co/ePzTYlI8q9
— Collectif VAN (@Collectif_VAN) October 26, 2020
« Partez, tout ceci est à nous »
Elmira Grigorian, 70 ans, vient de récupérer un petit sac en plastique rempli de pâtes, sucre, conserves, gâteaux… Elle habitait dans un village à la limite du district de Martouni et de celui d’Aghdam, rétrocédé à l’Azerbaïdjan le 20 novembre.
Ce jour-là les soldats de Bakou « sont immédiatement arrivés, ont pointé leurs fusils sur nous et ont dit: +Partez, tout ceci est à nous, aux Azerbaïdjanais+. Alors nous sommes partis en abandonnant tout », raconte la septuagénaire.
« Vendredi, on nous a dit de revenir avec des soldats (arméniens et de la paix russes) et de récupérer nos biens. Nous y sommes allés avec des soldats et nous avons attendu toute la journée, mais rien… Ils (les Azerbaïdjanais, ndlr) nous ont dit: +Partez, nous ne vous donnerons rien+ ».
Marine Sargassian, 55 ans, sa belle-fille Angelika Astribabaïan, 23 ans, son garçon de 3 ans et sa fillette de 6 mois occupent provisoirement une chambre sans fenêtre et avec trois lits dans un hôtel modeste. Ils habitaient Choucha, à huit kilomètres de Stepanakert, prise par les troupes de Bakou le 8 novembre, la veille du cessez-le-feu.
Pendant la guerre, ils s’étaient réfugiés au nord d’Erevan, la capitale de l’Arménie. « Nous sommes revenus mais nous ne trouvons pas de maison à louer ici. Les autorités nous ont offert cet hôtel », raconte la quinquagénaire, dont le fils sert dans la police militaire.
« Nous n’avons plus rien maintenant »
A Choucha, ils avaient un appartement de trois pièces et du bétail. « Nous n’avons plus rien maintenant ».
« C’est terrible d’être réfugiés surtout quand vous avez des enfants petits », dit Angelika. « Actuellement je dispose de 5.000 drams (moins de 10 euros) pour les prochains jours. Mais après je ne sais pas comment je ferai », ajoute-t-elle, le regard perdu.
« Je me suis battu pour défendre ma terre »
Eric Mangassarian, lui, est en colère. L’homme de 35 ans, le visage marqué, dort chez des amis ou parfois dans sa voiture. Il montre aux journalistes de l’AFP une vidéo sur son téléphone portable où on le voit avec d’autres hommes capturer deux soldats azerbaïdjanais.
« Regardez ce qu’on a fait. Je ne suis pas soldat mais je me suis battu pendant toute la guerre pour défendre ma terre, notre terre. Mais j’ai dû fuir, quitter ma maison, mon village, et maintenant je n’ai plus rien et on ne nous donne rien. On se sent abandonnés », dit-il les yeux rougis.
Merci @vpecresse. Oui, j’étais ds le Karabakh à l’été 92, pendant la guerre déclenchée par Bakou qui noyait sous un tapis de bombes Stepanakert &les déplacés de Shahomian/Martakert entassés ds les rues sans rien, abandonnés par la cte intern. Je n’oublierai jamais leur souffrance pic.twitter.com/qIGb9fJRi7
— Patrick Karam (@karampatrick) November 20, 2020
Nous devons nous-mêmes trouver du travail
Dans un petit marché couvert de la capitale, Nelson Arian, 47 ans, travaille sur un étal de viande. « Ne me demandez pas comment j’ai dû quitter mon village », désormais en territoire azerbaïdjanais, prévient-il tout de suite, l’air soudainement sombre.
Il a été embauché récemment ici. Il est logé avec sa fille et son fils dans un appartement dont le propriétaire est un habitant de son village, qui l’aide « car il a plus de moyens que moi ».
« L’Etat nous apporte son aide, mais nous devons nous-mêmes trouver du travail, ne pas dépendre que de l’Etat », explique-t-il. « Si vous avez des bras et des jambes solides, alors vous devez travailler », ajoute-t-il, dans une rare note d’optimisme.
Soutenez les médias indépendants et impartiaux, car il est désormais si difficile d’obtenir la vérité. C’est maintenant plus important que jamais. Partagez cet article pour aider davantage de personnes à connaître les faits. Merci
Nouvel Horizon – Traitement Covid-19 : les revirements
Le saviez-vous ?
Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.