Après 38 ans de prison pour des braquages et des attentats, André Olivier, cofondateur du groupe armé d’extrême gauche Action directe et leader de sa branche lyonnaise, a obtenu de la cour d’appel de Paris un aménagement de peine et est sous bracelet électronique depuis le 14 octobre.
« La chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris a, par jugement en date du 3 octobre 2024, admis André Olivier au régime de la détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE) pour une durée de huit mois, et ce à compter du 14 octobre 2024 », a indiqué lundi à l’AFP une source judiciaire, confirmant une information du Monde.
« Sous réserve de la bonne exécution de la mesure de DDSE, M. Olivier sera soumis au régime de la libération conditionnelle à compter du 14 juin 2025, et ce jusqu’au 14 juin 2035 », a précisé cette source.
André Olivier, 81 ans, doit respecter plusieurs obligations selon le Monde : interdiction de porter une arme, de rencontrer toute personne condamnée pour terrorisme, de publier ou de s’exprimer publiquement.
Il faisait partie des prisonniers les plus âgés de France et était jusqu’au 14 octobre écroué à la maison centrale de Saint-Maur (Indre), où il gérait la bibliothèque, selon le quotidien.
« La lutte armée contre l’État »
Professeur de français maoïste, André Olivier avait fondé avec Jean-Marc Rouillan, rencontré en prison, Action directe en 1979, un groupe d’obédience marxiste-léniniste qui prônait « la lutte armée contre l’État ».
L’organisation, qui comptera jusqu’à 100 ou 150 membres plus ou moins actifs, a revendiqué ou s’est vu attribuer près de 80 attentats. La première action revendiquée est le mitraillage de la façade du syndicat patronal CNPF à Paris, le 1er mai 1979.
Outre Jean-Marc Rouillan et André Olivier, les autres figures historiques de cette « organisation révolutionnaire combattante » sont Nathalie Ménigon, Georges Cipriani, Joëlle Aubron et Régis Schleicher.
Dans les premiers temps, les attentats ne font que des dégâts matériels. Le groupe vise particulièrement l’industrie de l’armement, les établissements financiers et les intérêts israéliens.
À l’issue de querelles internes, Action directe se divise en deux factions: la section parisienne, ou internationale, menée par Jean-Marc Rouillan, et la section lyonnaise, dirigée par André Olivier.
Un tournant, deux policiers abattus le 31 mai 1983
Le 31 mai 1983 marque un tournant : deux policiers qui se préparent à interpeller quatre militants sont abattus avenue Trudaine, à Paris. Un autre policier est tué en 1986 dans un attentat contre les locaux de la Brigade de répression du banditisme.
Puis Action directe annonce dans un communiqué adressé le 15 janvier 1985 à l’AFP vouloir s’attaquer désormais à des « cibles vivantes » symboles de « l’exploitation capitaliste », de « l’impérialisme américain », comme l’OTAN et « l’axe » France-Allemagne. Cette déclaration est signée conjointement avec les nouveaux dirigeants de la Fraction armée rouge (Raf) allemande, célèbre dans les années 1970 sous le nom de ses fondateurs, Andreas Baader et Ulrike Meinhof.
Les victimes d’Action directe seront entre autres en France l’ingénieur de l’armement René Audran, assassiné le 25 janvier 1985, et Georges Besse, PDG de Renault, tué le 17 novembre 1986.
L’organisation est démantelée avec l’arrestation le 21 février 1987 dans une ferme isolée du Loiret de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani. Ils ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, tout comme Régis Schleicher.
André Olivier, lui, a été arrêté en 1986 à Lyon. Il a été condamné à la perpétuité en 1989 par la cour d’assises spéciale du Rhône pour une trentaine de braquages et trois meurtres commis dans la région lyonnaise avec Max Frérot, l’artificier de la branche lyonnaise.
Les deux activistes ont ensuite été condamnés à 30 ans de réclusion criminelle en 1995 par la cour d’assises spéciale de Paris pour des attentats à l’explosif commis dans la capitale ou en région parisienne.
André Olivier est le dernier des historiques d’Action directe à sortir de prison. Joëlle Aubron, libérée en 2004, est décédée d’un cancer en 2006. Les autres figures ont été libérées entre 2008 et 2011. Jean-Marc Rouillan a, lui, retrouvé la liberté en 2012 après 24 ans en détention. Il a été condamné à huit mois de prison pour apologie du terrorisme en 2023.
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