Affaire Benalla : cinq mises en examen, des faits « inacceptables » pour Emmanuel Macron

23 juillet 2018 12:18 Mis à jour: 23 juillet 2018 12:18

Emmanuel Macron a condamné dimanche soir des faits « inacceptables » lors d’une réunion de crise à l’Élysée, après les mises en examen de cinq hommes dont son ex-collaborateur Alexandre Benalla, à l’origine d’une crise politique qui paralyse jusqu’à l’Assemblée.

Selon le chef de l’État, qui prendra la parole publiquement « quand il le jugera utile », « il n’y a pas eu et il n’y aura pas d’impunité », a rapporté son entourage proche, à l’issue d’une réunion qui rassemblait le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, le porte-parole du gouvernement et le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement.

Selon la même source, le président a demandé au secrétaire général de l’Élysée de « mener la réorganisation pour éviter qu’un tel dysfonctionnement se reproduise », alors que M. Benalla, filmé en train de frapper ou malmener des manifestants le 1er mai, a d’abord été mis à pied en mai avant d’être licencié vendredi.

Alexandre Benalla ainsi que l’employé de La République En Marche (LREM) Vincent Crase, filmé avec lui lors de la Fête du travail, ont été mis en examen notamment pour « violences en réunion ».

Alexandre Benalla en train de frapper ou malmener des manifestants le 1er mai. (NAGUIB-MICHEL SIDHOM/AFP/Getty Images)

Trois policiers, déjà suspendus pour avoir transmis des images de vidéo-surveillance à M. Benalla, ont également été mis en examen, notamment pour « violation du secret professionnel ».

Tous les cinq ont été placés sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet.

La femme et l’homme frappés le 1er mai ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs.

Alors que les révélations se succèdent dans ce dossier, notamment sur les avantages accordés à l’ex-collaborateur de 26 ans (d’un logement de fonction quai Branly à un badge pour accéder à l’hémicycle du Palais Bourbon), le chef de l’État, confronté à sa plus grave crise politique depuis le début du quinquennat, était jusqu’alors resté silencieux.

D’après le Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a parlé au téléphone à M. Benalla depuis les révélations du Monde mercredi soir.

Alors que le porte-parole de l’Élysée Bruno Roger-Petit avait affirmé jeudi qu’il avait été, après le 1er mai, « démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président », M. Benalla apparaît sur plusieurs clichés récents aux côtés de M. Macron ou du couple présidentiel, notamment le 13 juillet à Giverny dans l’Eure.

(CHARLY TRIBALLEAU/AFP/Getty Images)

Les ténors de l’opposition sont montés au front pour demander au président « des comptes », selon les mots de Laurent Wauquiez Les Républicains (LR).

Des explications sont attendues

Le ministre de l’Intérieur doit s’expliquer pour sa part lundi à 10H00 devant la commission des Lois de l’Assemblée, qui s’est dotée des prérogatives d’enquête.

Le ministre sera aussi mardi devant la commission d’enquête sénatoriale, qui pourrait aussi entendre mercredi le directeur de cabinet du président de la République Patrick Strzoda, selon des sources parlementaires.

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. (FRANCOIS GUILLOT/AFP/Getty Images)

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé dimanche matin devant l’Assemblée la suspension jusqu’à nouvel ordre de l’examen de la révision constitutionnelle voulue par Emmanuel Macron, pour le « reprendre ultérieurement dans des conditions plus sereines », comme le réclamait l’opposition.

Le président de l’Assemblée François de Rugy (LREM), quant à lui, a assuré qu’il ferait « tout pour que la réforme constitutionnelle aboutisse ».

L’examen de ce texte était bloqué depuis jeudi soir par une succession sans fin de « rappels au règlement » et suspensions de séance, autour de ce que le patron du groupe LR Christian Jacob appelle l’« affaire Macron-Benalla ».

Dans une atmosphère tendue, l’opposition avait de nouveau réclamé dans la matinée la venue du Premier ministre dans l’hémicycle, ou « au moins » du secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement.

Une scène inédite a marqué les esprits : salle des Quatre colonnes, samedi en fin de journée, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen et Christophe Castaner ont eu une vive altercation, la première déplorant notamment que ses « amis de LREM refusent » de le convoquer devant la commission d’enquête.

D. S. avec AFP

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